Une nouvelle étape du dialogue culturel hispano-arabe à travers la télévision publique

1er forum hispano-arabe des services audiovisuels publics

La capitale espagnole a abrité le premier Forum hispano-arabe sur les médias audiovisuels publics. La manifestation a été organisée par la Société espagnole de radio télévision RTVE, en partenariat avec la Ligue arabe. Cette rencontre, qui s’est déroulée du 16 au 18 mai 2022, a été marquée par la présence du Secrétaire général de la Ligue arabe,  Ahmed Abou El Ghait, du Président de RTVE, José Manuel Perez Torneiro et de la Présidente de la Haute Autorité de l’Audiovisuel du Maroc, Latifa Akharbach, ainsi que de nombreux directeurs et représentants des télévisions publiques arabes et européennes, outre  des universitaires et des experts arabes et européens. Côté marocain,  Amin Aziman, directeur de la coopération internationale à la HACA,  Yassine Idrissi, directeur de l’information à la Société nationale du radio et de télévision, et Mohamed Abdelwahab Allali, professeur à l’Institut Supérieur de l’Information et de la Communication du Rabat, ont participé à l’événement.

Perez Toreno : Renforcer les industries audiovisuelles publiques

Dans son discours d’ouverture, Perez Tornero a souligné que  le moment est venu de renforcer les industries audiovisuelles et de chercher des solutions – et non à créer des conflits- en faveur de l’avenir de l’éducation et de la culture des jeunes, au-delà du fait du divertissement.

Le directeur de RTVE  a notamment déclaré que ce forum vise à renforcer les relations entre les entreprises audiovisuelles et les pays représentés dans ce forum, et à aspirer à une coopération à l’avenir.

Pour sa part, la vice-première ministre et ministre des Affaires économiques et de la Transformation numérique, Nadia Calvino, a indiqué que le Forum fait face à des enjeux auxquels il est confronté, et qu’il reste attaché aux aspirations perçues par les deux parties, espagnole et arabe.

Abou El Ghait: bénéficier des médias numériques

L’ouverture du Forum a été aussi  marquée par le discours de Abou ElGhait, Secrétaire général de la Ligue arabe, a mis l’accent sur le fait que la Ligue des États arabes considère l’Espagne comme un pont de communication entre le monde arabe et l’Europe et entre les deux rives de la Méditerranée, et, également, comme une partie influente pour parvenir à une plus grande ouverture au monde hispanophone à travers l’Espagne, avec qui nous avons des relations historiques anciennes s’étendant sur des milliers d’années, basées sur l’idée d’une civilisation humaine méditerranéenne.

Abou El Ghait a estimé que le véritable défi pour la l’humanité est de trouver des voies et moyens qui améliorent les possibilités de bénéficier des médias numériques, en tant qu’espace non contrôlé par des lois internationales ou des accords globaux et contraignants pour tous. Il a également insisté sur le fait que ce domaine sera un pont entre deux cultures qui ont longtemps été unies par des liens civilisationnels et une vision stratégique préconisant l’ouverture et adoptant l’approche de la tolérance et une vision humaine globale.

Akharbach : consolider la prise de conscience de l’intérêt public

Dans son intervention, la présidente de la HACA, Latifa Akharbach, a rappelé que « les vrais enjeux de la promotion de la qualité et de la diversité de la représentation médiatique des pays, des peuples et des sociétés dépassent le simple enjeu de renforcement du soft power et de l’influence de l’une ou l’autre des parties auprès de l’opinion publique ou des milieux d’affaires ». Le défi réel a-t-elle martelé, est de réussir à bâtir la confiance, à promouvoir la connaissance mutuelle et à renforcer la prise de conscience de l’intérêt général partagé pour assurer l’adhésion des opinions publiques et des différents acteurs. « Cette adhésion tributaire de l’action des médias est nécessaire pour garantir l’engagement et le soutien des citoyens aux efforts et dynamiques de construction d’espaces communs, de prospérité partagée, d’action concertée, de mobilisation continue et d’évaluation participative », a-t-elle noté en substance.

Allali : faire face aux fakes news

Pour sa part, le Dr. Mohamed Abdelwahab Allali a souligné que le forum est une occasion d’évoquer le rôle et l’influence des chaines des télévisions publiques dans le dialogue culturel arabe hispanique, dans leur mission qui consiste, aujourd’hui, à faire face aux défis actuels de la propagation de fakes news, des informations déformées, des stéréotypes, de la violence symbolique, de l’extrémisme et des manifestations d’ignorance mutuelle, et de la rareté du partage des connaissances communes entre les peuples des deux rives.

L’expert marocain des médias et de la communication a rappelé que ce forum constitue une nouvelle étape pour le dialogue culturel et civilisationel en soulignant que la réalité de l’échange d’informations culturelles et techniques des productions et des contenus des chaînes publiques arabes et espagnoles, malgré les efforts fournis, reste décevante du fait de sa rareté, et ce malgré le fait que les relations maroco-espagnoles s’étendent sur des milliers d’années, expliquant que la production télévisuelle en Espagne et dans le monde arabe n’a pas suffisamment investi l’histoire commune.

Al-Idrisi : Il faut investir le patrimoine culturel

Pour sa part, Yassine Idrissi, directeur de l’information à la SNRT, a présenté l’expérience de la société, soulignant son rôle d’institution phare dans le domaine audiovisuel marocain et son intérêt à coopérer avec les organismes homologues à tous les niveaux, notamment arabe et euro-méditerranéen.

Idrisi a commenté la spécificité de la coopération hispano-arabe et la valeur ajoutée qu’elle peut apporter dans le développement de l’industrie audiovisuelle, soulignant que le grand manque de communication entre les professionnels des deux rives remet en cause leur rôle dans le démantèlement des éléments de stéréotypes qui se sont enracinés dans certains cercles de l’opinion publique.  

S’agissant de  l’industrie de l’information, Idrisi a souligné qu’il est nécessaire de tirer parti des capacités de communication apportées par la révolution numérique et de suivre le rythme du développement technologique, car nous sommes confrontés au pari de réaliser l’équation entre les méthodes approuvées et les schémas imposés par l’intelligence artificielle dans l’industrie des contenus médias pour relever le défi du renouveau à l’ère numérique.

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