Vers une révision du procès ?

Affaire Omar Raddad

Karim Ben Amar

Condamné en 1994 à 18 ans de réclusion criminelle, sans possibilité de faire appel, Omar Raddad avait été condamné pour le meurtre de Ghislaine Marchal en 1991. Il a au total passé plus de sept ans en prison.

L’affaire avait fait les choux-gras de la presse, et avait même divisé la société française.  Omar Raddad, jardinier marocain condamné pour le meurtre de Ghislaine Marchal en 1991 à Mougins, va déposer ce jeudi 24 juin une nouvelle requête en révision de son procès sur la base de nouvelles analyses des traces d’ADN découvertes en 2015, a annoncé sa défense lundi.

En novembre 2015, quatre empreintes génétiques correspondant à quatre hommes non-identifiés, deux empreintes parfaitement exploitables et deux autres partiellement, avaient été trouvées sur deux portes et un chevron qui se trouvaient sur la scène du crime.

Pour rappel, sur ces deux portes, il était écrit « Omar m’a tuer » et « Omar m’a t », avec le sang de la victime. Ghislaine Marchal, la riche veuve d’un équipementier automobile, avait 65 ans quand elle a été retrouvée gisant dans son sang dans la cave de sa propriété. Ces faits remontent au 23 juin 1991.

La demande de révision s’appuie sur les analyses ultérieures d’un expert, rendues en 2019 et dévoilées lundi par le quotidien Le Monde. Ce rapport conclut à la présence d’une trentaine de traces d’un ADN complet masculin n’appartenant pas à Omar Raddad et trouvées dans l’une des inscriptions faites avec le sang de la victime qui désignaient le jardinier marocain comme le meurtrier.

L’avocate de l’ex-jardinier déposera sa requête jeudi au palais de justice de Paris en présence de l’académicien Jean Marie Rouart, auteur d’un livre sur cette affaire criminelle, l’une des plus célèbres en France, et de l’ancien député Georges Fenech, un des artisans de la réforme qui a assoupli en 2014 les conditions de révision d’une condamnation définitive, selon le communiqué.

« Grâce aux éléments nouveaux découverts depuis la dernière décision de rejet de la Cour de révision » en 2002, « la vérité sur l’innocence d’Omar Raddad sera reconnue, c’est notre intime conviction », poursuit le communiqué.

Ce n’est que grâce à la loi du 20 juin 2014, qui a assoupli les conditions de révision d’un procès criminel, que de nouvelles investigations ont pu avoir lieu. D’autres traces d’ADN ne correspondant pas à celles de Raddad avaient déjà été trouvées sur le lieu du crime, aboutissant à une première saisine de la Cour de révision qui avait refusé un nouveau procès en 2002.

Omar Raddad avait bénéficié d’une grâce partielle du président Jacques Chirac et d’une libération conditionnelle en 1998 mais cette grâce ne vaut pas annulation de la condamnation et ne l’innocente pas. Cette affaire était considérée par certains observateurs français comme «l’affaire Dreyfus» du XXème siècle.

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