Ces films marocains puisés dans la culture et l’histoire amazighes

Le cinéma marocain d’expression amazighe continue de tracer son chemin et s’ouvrir sur les autres cultures et sensibilités artistiques internationales. En effet de nombreux réalisateurs ont puisé leurs travaux  dans la culture amazighe ancestrale et millénaire. Il va sans dire également que la filmographie amazighe s’est enrichie ces dernières années par plusieurs films dans les différentes catégories y compris le long et le court métrage.  Par ailleurs  des jeunes réalisateurs  ont fait le choix de creuser et de s’inspirer dans le volet historique de cette culture et ses personnages emblématiques.

Dans son film, Addour (85 mn), du réalisateur Ahmed Baidou, sorti en 2017, revient sur l’histoire de militant, Zaid Ouhmad. L’histoire du film se déroule au Au sud-Est du Maroc. En fait ce documentaire de fiction puisant son histoire dans des faits historiques de la bataille de Bougafer, prolonge le public dans une atmosphère de batailles et de luttes sans merci contre les colons français qui venaient d’envahir les territoires des tribus des Ait Atta.

Le film est une fiction.  Ce qui est réel dans le film, ce sont les noms des protagonistes ainsi que les lieux. Ce n’est pas un film pur de la résistance ou historique. Le film revisite des faits historiques à partir d’autres angles avec un dialogue de cinéma et ce par le bais du cinéma», a-t-il confié dans une interview accordée à Al Bayane, un an après la sortie du film.  Dans le même entretien, le réalisateur  a souligné qu’«on a des films et une production qui connaît un essor. Mais pour parler d’un vrai cinéma amazigh, on n’en a pas et pour cause: un manque au niveau des producteurs. Il n’y a pas assez de réalisateurs amazighs, les gens n’investissant pas dans ce domaine».  En effet, on peut parler dans ce cadre, disait-il,  des initiatives personnelles.

En outre, parmi les beaux films aussi qui marquent le cinéma marocain, on trouve le long métrage de Mohamed Amin Benamraoui, Adios Carmen. Ce  film sorti en 2013 a raflé  plusieurs prix dans les différents festivals nationaux et internationaux. « Adios Carmen » est tourné en langue amazighe et sous-titré en espagnol dans le Nord du Maroc.

Ce travail cinématographique remonte le temps aux années 1975 dans la région du Rif. Cette période de l’histoire est curiale et sensible notamment avec l’organisation de la Marche Verte, qui permettra au Royaume de recouvrer ses provinces du Sud.

Le film relate l’histoire d’Amar, un enfant de 10 ans, vivant seul avec son oncle qui est à la fois  violent et buveur, depuis que sa mère, veuve, est quittée les frontières pour se remarier avec un autre homme en Belgique et recommencer une nouvelle vie. Au fil des événements, Amar entretien des liens amicaux très solides avec  Carmen qui était une réfugiée espagnole fuyant le franquisme. C’est grâce à elle qu’il découvre le 7 art.  Un  film à voir absolument!

Dans la région du Rif toujours,  le film ‘’Iperita’’  (115 mn), sorti en 2017, du réalisateur Mohamed Bouzaggou retrace l’histoire de José, un militaire retraité de l’aviation espagnole. Ce long métrage s’arrête sur une partie dure, très dure tracée dans les mémoires et les esprits : la guerre du Rif. Dans le film on découvre  à travers les yeux de José  qui ‘’avait assisté au bombardement et au largage de gaz moutarde sur les populations civiles lors de la guerre du Rif, ayant opposé entre 1921 et 1926 les tribus rifaines à l’armée espagnole’’, cette partie de l’histoire.

Des années plus tard, le personnage y revient pour découvrir les dégâts et les traces de cette guerre  sur la population. Il est à noter que  plusieurs noms du cinéma ont joué dans ce film, entre autres, Ibtissam Abbassi, Hassan Ajouaou, Nomedya, Rachid Amaghtoug, Mimoun Zanoun, Mohamed Soultana, Benaissan Elmestri, Farouk Aznabet. Un autre film historique amazigh a vu le jour en 2006 : Sidi Mohamed Ouali du réalisateur Brahim Chkiri.

Ce film évoque le parcours et l’histoire de Sidi Mohamed Ouali qui était l’un des grands Oulamas du Souss pendant la deuxième moitié du XVII siècle. Son charisme, son savoir et sa capacité de conviction ont fait de cet homme une figure dans la région qui le sauvera des mains salles d’un charlatan.

Pour l’universitaire Rachid Naim, «le cinéma marocain d’expression amazighe a longtemps souffert d’une pauvreté formelle et artistique. Les conditions et les moyens de production n’étaient pas à la hauteur. Le résultat se voyait à l’écran. Les cinéastes et vidéastes amazighs tendaient souvent vers un certain folklorisme qui forçait les traits dans l’habillement, le langage, le comportement ou encore dans l’amoncellement des accessoires tels que les tapis ou sandales à lanières grossières dont certains se plaisaient à décorer, allégrement, murs couloirs et sols.  Ce fait semble s’amoindrir et la qualité s’améliore».

Les mouvements associatifs et les militants amazighs y sont pour beaucoup, par le biais de leur quête de l’identité ethnique en vue de sa réhabilitation, ce qui a permis le changement des représentations, a-t-il dit. Selon lui, une vague de jeunes réalisateurs comme Mohamed Amine Benamraoui (Adios Carmen), Mohamed El Badaoui (Soleil Man), Ahmed Baidou (Aghrabou)… s’éloignent du folklorisme et présentent dans leur cinéma une figure de l’Amazigh ordinaire et complexe. «Il est évident que le chemin est encore long, mais ces quelques films ont réussi dans les festivals nationaux internationaux ces dernières années», a-t-il ajouté.

 D’autres films ont marqué le cinéma marocain d’expression amazighe comme «La mémoire» et «Aghrabou» d’Ahmed Baidou, «Anaruz» d’Abdellah El Abdaoui.

Mohamed Nait Youssef

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