Quelles conséquences sur la santé ?

Alcool frelaté

Ouardirhi Abdelaziz

Depuis le samedi 10 juillet 2021, les cas d’empoisonnement à l’alcool frelaté se multiplient  à Oujda. Le nombre des personnes qui ont trouvé la mort est pour l’instant  de 20, un chiffre qui risque de s’allonger au regard de l’état de santé préoccupant  de 5 autres victimes qui sont en réanimation. La police a arrêté le principal suspect de ces intoxications, un multirécidiviste connu des services de la sûreté nationale d’Oujda. Il est impliqué dans plusieurs affaires de vente des boissons alcoolisées.

C’est une véritable alerte à l’alcool frelaté à Oujda, une ville où on trouve de tout, et particulièrement des médicaments de contre bande aux origines inconnues, de l’alcool pharmaceutique, des boissons alcoolisées frelatées. Des produits qui sont écoulés dans le circuit non-conventionnel, qui sont très bien fournis en termes de quantités, mais qui  présentent de sérieux dangers pour la santé des citoyens.

L’alcool frelaté qui a été vendu à plusieurs personnes par un guerraba a provoqué le décès de 20 personnes, et 5 autres consommateurs de ce breuvage trafiqué sont hospitalisés en réanimation  au centre hospitalier Mohamed VI d’Oujda dans un état jugé préoccupant.

L’alcool frelaté est certes moins cher que les produits qui sont vendus de manière légale, des alcools contrôlés,  avec une traçabilité quant a leurs origines, les fabricants, la validité.

Ces alcools frelatés vendus dans le marché informel représentent un manque à gagner fiscal pour l’Etat. D’autant plus que le marché noir de ces produits prend une grande ampleur, et porte un sérieux coup à l’industrie de l’alcool, qui elle aussi perd des marchés face à ces boissons frelatés qui coutent moins chers.

Ce drame survenu a Oujda n’est que la partie visible de l’iceberg, les quantités d’alcool saisies par la police ne représentent que l’une des facettes d’un trafic énorme aux ramifications tentaculaires.

Des conséquences dramatiques

Le nombre des personnes ayant trouvé la mort après avoir consommé les alcools frelatés vendus par un guerreb à Oujda est de 20 victimes.

Le décès de ces personnes nous rappelle à tous que la consommation de ces produits est extrêmement dangereuse.

En effet, c’est  dramatique, c’est inacceptable. On se croirait dans un champ de guerre. Le décès de ces personnes suscite une grande inquiétude face à laquelle on ne peut rester indifférent.

Aujourd’hui,  que ce soit à Oujda, à Casablanca, à Nador, à Fnideq, ou à Tanger, Beni Mellal, cette problématique se pose…Nous savons ,et vous savez que les boissons périmées : des bières, des whisky, vodka, vins sont souvent écoulées dans certains épiceries où certaines superettes qui ont des licences de vente d’alcool.

Quand le client se met à consommer ces boissons, il est parfois surpris du gout, ou de la couleur, de l’odeur. Il se méfie et préfère vider le tout dans le l’évier et évite de s’approvisionner chez le même fournisseur.

On ce qui concerne l’alcool frelaté, c’est une spécialité des gueraba, qui agissent dans l’ombre pour concocter ce breuvage mortel. la clientèle est souvent composée de jeunes et moins jeunes qui souvent sont des SDF, des délinquants, des mendiants qui vivent dans le dénuement, la pauvreté et même la misère.

Pour fuir et échapper un tant soie peu à cette triste et amère réalité et au vu des maigres moyens, ils n’hésitent pas à boire de l’alcool frelaté, à s’approvisionner chez des individus sans foi, ni loi qui profitent de la faiblesse de ces citoyens laissés pour compte.

Faute de moyens, les plus pauvres d’entre eux vont jusqu’à se tourner vers des produits d’entretien ou l’antigel pour voitures, décapants, diluants de peinture et vernis, qui sont consommés par ces jeunes oisifs. Ce qui est la cause directe d’empoisonnements collectifs, à l’origine des faits divers malheureusement dramatiques, à l’image du cas récent à Oujda.

Une réalité à ne pas occulter

Il faut regarder les choses bien en face, ne pas utiliser la langue de bois. Car dans cette histoire où il y a morts d’homme, nous ne pouvons fermer les yeux.

La consommation d’alcool de contrebande est monnaie courante. Beaucoup de citoyens aux moyens limités n’hésitent pas à acheter de l’alcool dans le circuit informel ( Mahya et autres ..) pour 10 ou 20 DH.

Le phénomène est connu, les guerraba sont aussi connus. La consommation de l’alcool frelaté ou pas est devenue un véritable enjeu de santé publique au Maroc.

Pour la petite histoire, il faut savoir que l’alcool coule à flot. Les Marocains ont consommé près de 310 millions de litres de bières entre 2016 et 2018, soit une moyenne de 103 millions de litres par an. Et ce n’est pas tout. 38 millions de bouteilles de vin et 14 millions d’autres types d’alcool ont été consommés durant la même période.

Les effets de l’alcool frelaté

L’alcool est un produit psychoactif. Il modifie la conscience et les perceptions, et de ce fait le ressenti et les comportements. Les effets immédiats dépendent surtout de l’alcoolémie qui est la teneur sanguine en alcool. Même si la personne ne s’en rend pas compte, les effets de l’alcool commencent à apparaître dès le premier verre.

Après absorption, la distribution de l’éthanol se fait en quelques minutes, 7 à 8 minutes vers les organes très vascularisés, comme le cerveau, les poumons et le foie. L’intoxication débute généralement par une ivresse, céphalée, vertiges, asthénie et somnolence.
On observe souvent des douleurs abdominales avec des vomissements. Les troubles visuels sont précoces : pupilles en mydriase aréactive, cécité définitive par atteinte du nerf optique.
Acidose métabolique avec dyspnée. L’état de choc, le coma et les troubles respiratoires conduisent à la mort[a1] .

Qu’en est-il des autres maladies ?

L’alcool est impliqué dans une cinquantaine de pathologies. Il n’a guère d’organes qui ne soient pas touchés par la consommation excessive de l’alcool : le cerveau et le système nerveux en premier. L’OMS a identifié la consommation d’alcool comme l’un des 10 premiers facteurs de risque dans le fardeau mondial de la maladie.

Il faut rappeler ici que l’alcool est un cancérigène avéré.

La consommation régulière de ce produit élève la pression artérielle et augmente le risque d’hypertension. 

La cirrhose du foie qui est à l’origine d’une destruction progressive des cellules hépatiques remplacées par un tissu fibreux. La cirrhose est significativement augmentée à partir d’une consommation de 36 à 48g d’alcool par jour. Des effets sur le cerveau caractérisé par une altération massive et irréversible de la mémoire….

Que faire pour lutter efficacement contre la fabrication, la commercialisation et la consommation des alcools de contre bande, de ceux qui sont périmés, et de l’alcool frelaté ? Là est la question.

La réponse tout le monde la connait. Il ne faut pas être devin pour savoir que plusieurs parties, acteurs et intérêts sont en jeu et que pour partir à la pèche au gros,  ce n’est pas le menu fretin qui est la priorité … 

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