«L’investissement a accompagné le développement de la région»

Entretien avec le directeur régional du HCP, Mohammed Cheikh Maa El Ainayne

Dossier réalisé par NES à Dakhla, Karim Ben Amar

La région de Dakhla Oued-Eddahab connait un véritable essor. Tous les secteurs connaissent un développement constant, et les chiffres le démontrent. Pour avoir plus d’information sur cette région qui a le vent en poupe, l’équipe d’Al Bayane s’est entretenue au siège régional du HCP avec le directeur régional, Cheikh Mohammed Maa Al Ainayne. Le titulaire d’un doctorat en économie portant sur la thématique de la théorie de la justice sociale et les effets redistributifs nous livre les moindres détails sur l’essor de la région et les raisons de ce développement constant.

Al Bayane : Comment un territoire aussi éloigné de la capitale du Royaume, connait un si grand essor et développement ?

Cette région du pays a été délaissée tout au long de la colonisation espagnole. Aujourd’hui, tous les indicateurs indiquent que nous sommes au-dessous de la moyenne nationale. En 20 ans cette région a connu un grand bond en termes de développement à l’instar de Casablanca, Rabat et Laâyoune.  En 20 ans, nous avons rattrapé le retard, car ce territoire a été délaissé durant plus de 60 ans par l’Espagne, pays colonisateur. Ce qui a marqué l’intronisation de Sa Majesté le roi Mohammed VI, c’est le choix de placer Dakhla parmi ses premières visites, cela est un indicateur de la bienveillance de Sa Majesté portée à ses provinces du Sud. Le souverain à même tenu un conseil des ministres à Dakhla, avec comme leitmotiv, la démocratisation du royaume et aussi encourager l’investissement. Juste après ce conseil des ministres, il y a eu le lancement de la construction du port de Dakhla, le développement de l’agriculture et e zone industriel. Grâce à cela, industriels et investisseurs  ont décidé d’investir dans cette région pourtant lointaine. Entre 2002 à 2012, l’effort a été doublement consenti, puisque la région a connu une véritable métamorphose au niveau de l’économie. Cette métamorphose s’est réalisé dans le secteur de la pêche, mais aussi dans le domaine de l’agriculture et aussi dans le tourisme, puisque les surfeurs du monde entier ont jeté leur dévolu sur la destination « Dakhla ». Une fois cette métamorphose opérée, elle a donné une indication claire de ce que pourrait devenir cette région dans un avenir proche pour le Royaume, à savoir pas une région lointaine, mais une porte pour un horizon aussi prometteur que ce que nous avons  connu dans l’ère de feu  le Sultan Sidi Mohamed Ben Abdullah (Mohammed III 1757-1790). Et voilà qu’en 2012 survient le nouveau modèle de développement. Il y a eu une véritable  une concertation sur l’implication des jeunes, des femmes, des personnes vulnérables, et cela, par leur intégration économique. Ce modèle a donc  marqué l’histoire du Maroc, même la façon avec laquelle on a mené ces concertations. En 2015 ce nouveau modèle de développement a été opérationnel. Ce modèle de développement a été un véritable élan qui s’est concrétisé en 2023 par la visite de Sa Majesté aux Émirats Arabes Unies. Cette stratégie à la particularité de ne pas être propre au Maroc, mais à tout le globe. Son but est en effet l’ouverture sur l’Atlantique, l’ouverture sur les pays africains. C’est un secret pour personne, le futur du développement, le futur de la croissance économique, c’est l’Afrique.

Quid de la valeur ajouté de l’investissement dans la région de Dakhla-Oued Eddahab ?

L’investissement a véritablement accompagné le développement de la région. Cela a contribué à l’attractivité de la région en terme démographique, à l’accessibilité aux services, à l’émergence des centres de formation, etc. En d’autre terme, nous avons eu droit à une réhabilitation du capital humain. L’émergence d’un entrepreneuriat local et aussi l’attractivité de l’entrepreneuriat national a contribué au développement de la région. Il faut rendre hommage à des gens qui ont investi, qui ont créé de la valeur et qui ont balisé le terrain à ce que la région ait un taux de croissance important par rapport à la moyenne national, soit trois fois la moyenne en terme de PIB par habitant et entre 2,5 et 3% du taux de croissance du taux de croissance national. Dans la région de Dakhla Oued-Eddahab, nous avons un taux de croissance à deux chiffres. À titre d’exemple, entre 2014 et 2017, nous étions à 16%, puis 7% pour remonter à 11% et arriver à 9%. Dans l’économie c’est une véritable prouesse. Durant la Covid-19, les deux régions qui ont marqué un taux positif au niveau du globe sont Dakhla et Laâyoune. Qui a bénéficié de l’éolienne pour maintenir son taux. Quant à Dakhla, si elle a pu maintenir son taux c’est grâce à la résilience de la région bien que les grands projets structurants sont encore en cours, je fais allusion au port Dakhla Atlantique, la zone logistique etc, sans parler des frontières qui étaient fermées. Cela témoigne de la performance et de la résilience de la région. Nous marqué un taux de chômage de 6,4% à la veille de la Covid-19 et en 2023 nous avons atteint le même chiffre. Tout cela pour vous dire que même en cas de crise, nous récupérons rapidement et il y a une relance de l’économie. C’est une région qui s’adapte très facilement. Nous avons balisé le terrain pour qu’une région soit résiliente, attractive en terme de démographie et d’investissement. La croissance démographique de la région arrive 3 ,7%  quant à la ville de Dakhla, elle atteint  6% alors que le plus proche pourvoyeur d’emploi est Agadir (1000KM). Les gens s’y installent, travaillent et fondent des familles. Le taux de chômage (6,7%) équivaut à la moitié de la moyenne nationale en 2023.

Qu’en-est-il de la vision du Haut-Commissariat au Plan par rapport aux défis et aux perspectives de la région dans les années à venir ?

Le plus souvent, on ne se rend pas compte de la globalité du développement. Il y a cinq composantes essentielles: l’épanouissement de tous les êtres, la cohésion sociale, la préservation des ressources, un développement économique, une production et consommation responsable et la lutte contre les changements climatiques et la préservation de la biodiversité.

Au HCP nous sommes dans une logique cohésion. Il s’agit d’une rosace qui se doit d’être cohérente et permanente. Aujourd’hui nous plaçons la préservation  de la baie et des milieux aquatiques et la pérennisation de la croissance comme de véritables défis. Ainsi nous pouvons veiller à la préservation de nos ressources. C’est pour cette raison  que l’aquaculture est très présente. Cela a pour objectif de pérenniser les ressources halieutiques. Nous avons beaucoup investi dans l’élevage des huitres, des palourdes ainsi que les écloseries et cela est plus rentable qu’un chalutier. D’une part on gagne du temps (1 mois par rapport à la moyenne mondial), car nous bénéficions de l’ensoleillement et l’amplitude thermal. Notons aussi qu’il y a une étendue de 600 ou 700 km de littoral, avec deux baies (Oued Eddahab et Cintra) qui peuvent accueillir un nombre très important d’écloserie avec des conditions sanitaires optimales, c’est une véritable valorisation de nos ressources. Nous parlons-là uniquement de capture et pas d’industrialisation. Par la suite il y a aura toute catégorie d’industrialisation à savoir l’énergie. Lorsqu’une région est doté de parcs éoliens et une production d’hydrogène vert, il peut y avoir des fonderies, des cimenteries, et toutes sortes d’industries consommant de l’énergie (batteries). Ce type d’industrie est évoqué dans le modèle de développement national  et dans le modèle de développement des provinces du Sud. Autrement dit, n’importe quelle industrie ne peut s’implanter dans cette région d’autant plus qu’elle sera bientôt ouverte au monde, notamment grâce au port Dakhla Atlantique et la zone industrielle de 1 000 hectares. Il y a aussi La zone logistique de Guergarat, et l’ouverture de Dakhla Gateways Africa. Pour qu’un projet soit accepté, il doit être rentable et obéir au Cahier de charge.

Top