Notre-Dame de l’Atlas
Mohamed Nait Youssef
Nous sommes à Midelt. Ici, les paysages grandioses et les visages empreints d’authenticité coupent le souffle. Les montagnes majestueuses séduisent le regard des voyageurs et des visiteurs. À 1 500 mètres d’altitude, la traversée de cette région semi-désertique avant d’atteindre la ville offre un spectacle naturel saisissant, où le temps semble suspendu entre splendeur et poésie.
Surnommée la perle du Moyen Atlas, Midelt est réputée pour sa pomiculture, mais elle abrite également un joyau architectural chargé de spiritualité et de fraternité : le monastère Notre-Dame de l’Atlas. Ce lieu exceptionnel est un symbole de vivre-ensemble, de communion, d’altérité et d’ouverture, où se côtoient tradition et recueillement.
Un monastère ancré dans son environnement
Dans cette ville sereine, hospitalière et accueillante, le monastère Notre-Dame de l’Atlas se dresse sur une petite colline dominant l’oued, encadré par deux ksars voisins. Situé à quelques minutes à pied de la ville moderne, ce long bâtiment ocre arbore une architecture singulière, inspirée des kasbahs de la région.
Construit presque entièrement de plain-pied, cet ancien couvent des Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie est entouré d’un mur de clôture et possède une imposante entrée ouvrant sur une vaste cour. Celle-ci dessert directement les différentes pièces du monastère, disposées sur un seul niveau. L’édifice comprend une partie monastique attenante à l’église et une aile en forme de T, dédiée à l’hôtellerie.
Depuis sa cession aux moines cisterciens en 2000, le monastère s’est enrichi de plusieurs constructions annexes :
- Deux chapelles consacrées au Père de Foucauld et au Père Peyriguère
- Un oratoire dédié aux sept martyrs de Tibhirine
- Un bâtiment pour l’hôtellerie et des salles d’accueil
- Un réfectoire et une dizaine de chambres pour les visiteurs
Le monastère s’ouvre également sur un vaste jardin en terrasses, planté d’arbres et bordant l’oued. Au pied du jardin, sous l’ombre bienveillante des cyprès, repose le cimetière des Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie.
Aux origines de la Kasbah
L’histoire de ce lieu remonte à 1926, avec la fondation de la Kasbah Myriam par les Sœurs Franciscaines. Plus qu’un simple couvent, cette kasbah jouait un rôle social et éducatif majeur. Les religieuses y menaient des actions médicales et sociales auprès des populations locales, tout en développant un programme d’artisanat et de broderie destiné aux femmes, leur permettant d’acquérir un savoir-faire en tapisserie et en couture.
À la suite du décès de sa fondatrice, la Kasbah Myriam a laissé place au monastère Notre-Dame de l’Atlas, perpétuant ainsi une tradition d’entraide et de partage.
Une histoire singulière…
Perché sur sa colline, Notre-Dame de l’Atlas est bien plus qu’un monastère. Ce lieu chaleureux et empreint de sérénité est un espace de dialogue et de rencontre, où l’esprit de fraternité dépasse les frontières religieuses.
Le Père Jean-Pierre Flachaire résumait ainsi cette vocation universelle :
« Si cette présence gratuite d’amitié reste à donner partout, elle est peut-être en ce moment plus particulièrement à donner dans les pays musulmans ; car il y a trop de méconnaissance de part et d’autre. Il est grand temps de nous « rencontrer » pour nous apprécier et pour nous stimuler dans notre service de Dieu. Au sein de notre Église, qui se veut avec les autres Églises du Maghreb une « Église de la Rencontre », notre communauté de l’Atlas a le rôle très spécifique d’être priante au milieu d’autres priants. »
Aujourd’hui, Notre-Dame de l’Atlas est la dernière communauté cistercienne du Maghreb. Depuis 2000, une petite communauté de moines trappistes y perpétue la tradition spirituelle de Tibhirine, en Algérie. Fondée à Fès en 1988, cette communauté a accueilli deux survivants du massacre de Tibhirine de 1996 : Frère Amédée (décédé en 2008) et Frère Jean-Pierre Schumacher (décédé en novembre 2021).
Pour honorer leur mémoire et celle des moines assassinés, un musée unique retrace aujourd’hui l’histoire des moines chrétiens au Maroc, permettant aux visiteurs de découvrir un pan méconnu du patrimoine spirituel du pays.
Ainsi, au cœur du Moyen Atlas, Notre-Dame de l’Atlas demeure un haut lieu de recueillement et de fraternité, où la foi, le dialogue et la mémoire se conjuguent en parfaite harmonie.
Légende 3 : Le 30 septembre dernier, le Père Jean-Pierre FLACHAIRE, prieur du monastère Notre-Dame de l’Atlas à Midelt, a célébré, en action de grâce, son jubilé d’or, marquant 50 ans de vie monastique.