Un roman sur la vie, l’amour et la déchirure…

“Carrousel d’automne” de Lucile Bernard 

Mohamed Nait Youssef

La romancière, poétesse et nouvelliste, Lucile Bernard vient de signer un roman délicieux intitulé “Carrousel d’automne”, paru aux éditions L’harmattan. C’est l’histoire de Jeanne et Jules. C’est l’histoire d’un amour fou, passionnel, poétique, idéaliste, douloureux, inachevé. L’histoire fut… sur une note triste, nostalgique, déchirante.

«Alors l’homme a fermé la porte aux saisons, aux rêves, à tout ce qui fut nous. C’est ainsi qu’a commencé l’histoire, l’histoire d’un amour fou. Impossible. », “Carrousel d’automne”, p.9.

‘’Seuls les commencements sont beaux.’’, disait Martin Heidegger. Et les histoires commencent et finissent parfois ainsi : imprévisibles, inattendues, inaccomplies. Et, puis le hasard joue le jeu. Un après-midi. Le couple s’était rencontré au coin d’une rue. Une rencontre complexe,  rêveuse, fugitive. Et puis, un amour est né. Or, la vie est-elle toujours faite de petits bonheurs ? Absolument pas. Jeanne quitte soudainement Jules. Hélas, une belle page est tournée.

“Carrousel d’automne” est un roman sur l’amour, la solitude, la perte, les douleurs et les joies vivaces. C’est un roman sur la vie, tout simplement.
« On avait toujours faim, faim de poésie, de nature,  de ciel, de mer, d’odeurs, de parfums, de tout ce qui pouvait nous faire vivre, oublier cette vie bancale à tous les deux, la noirceur des jours. » P.16.

Jeanne et Jules fuient l’enfermement et la solitude. L’amour poétise leur vie. L’amour anime leur quotidien morose et sans goût. En somme ! C’est une échappatoire à la cruauté et à l’absurdité du monde.

« On avait fini par apprendre à se connaître, on avait réuni nos deux solitudes. On avait commencé à s’aimer, quinze ans à peine. C’était un acte de résistance à la morosité, à la fadeur et à l’ennui, à l’inutilité. C’était un acte de foi en la vie, une vie flamboyante à la hauteur de nos rêves. Si seulement on avait su! », p 19.
La mer est omniprésente dans  l’œuvre romanesque. C’est une issue pour Jeanne, un lieu où elle s’évade, s’échappe. « Elle voulait toujours voir la mer, Jeanne, tout le temps. Elle disait qu’elle ne pouvait pas vivre sans elle. »,  “Carrousel d’automne”, p.20.

Or, seule l’écriture immortalise les souvenirs, sauvegarde la mémoire de l’oubli. Jules cherche Jeanne  dans les mots. C’était, en effet, son seul moyen pour panser les déchirures, pour survivre. L’écriture est désormais sa raison de vivre.
« Je ne faisais que ça : écrire, écrire encore au-delà de tout, pour arriver jusqu’à toi que j’avais perdue. », p.24.

Le hasard a bien fait les choses. Jules s’est retrouvé perdu dans le marché littéraire qu’il quitte après une brillante carrière, mais factice.  Il se consacre corps et âme à sa propre écriture, la plus profonde, humaine et révélatrice. Et puis, la quête recommence pour prouver que l’amour et les histoires existent.
Jeanne, sombrée dans l’alcool et la drogue, est devenue  » une inconnue, une exilée sur la terre, voilà ce que je suis devenue. », p.116.
Infatigable. Malgré les aléas de la vie, Jules continue sa quête dans l’espérance de retrouver son unique amour. Après une longue attente, la rencontre fut dans un hôpital psychiatrique. Jules rencontre d’abord sa fille Rose qu’elle emmène à Jeanne. L’émotion était immense. Les retrouvailles.

«- Je vous ai attendu longtemps, vous savez ?

-Je sais, Jeanne. Moi aussi… », p.167.

“Carrousel d’automne” de Lucile Bernard est un roman sur la vie, l’enfermement, l’amour et la déchirure. Une histoire singulière à découvrir… et un roman à lire cet été. 

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