Vingt-cinq ans de règne
Par Abdeslam Seddiki
L’examen de la politique étrangère du Maroc, comme de n’importe quel autre pays est intimement lié au contexte historique et aux expériences acquises à travers l’histoire. Le Maroc est une Nation qui a un enracinement profond dans l’histoire et qui remonte à plus de 12 siècles. Au fil de cette longue période, il s’est rarement renfermé sur lui. « Un vieil empire chargé d’histoire et de culture » (Lyautey) qui a noué des relations diplomatiques avec différents pays sous la conduite du Sultan. Il n’est pas dans notre intention de rappeler toute cette histoire diplomatique qui est connue et étudiée par ailleurs. Mais en faisant ce « coup d’œil », c’est pour montrer que la philosophie générale qui est à la base des fondements de la politique étrangère du pays s’est forgée progressivement à travers cette longue période historique.
C’est en puisant dans ce « patrimoine diplomatique » que Maroc a su défendre au mieux ses intérêts, gérer les vicissitudes conjoncturelles et jouer un rôle constructif dans les conflits régionaux et internationaux. Outre ce déterminisme historique, on soulignera deux autres déterminismes non moins importants : le déterminisme géographique qui réside dans la position géographique du Royaume comme trait d’union entre le Nord et le Sud, entre l’Orient et l’Occident. Ce qui fait du Maroc un acteur privilégié et incontournable dans tout ce qui intéresse non seulement le bassin méditerranéen et le monde arabo-musulman, mais le monde dans sa globalité. Le dernier déterminisme est le rôle stratégique et prééminent qu’occupe le Roi dans la hiérarchie institutionnelle et l’architecture constitutionnelle, en matière de politique étrangère, perpétuant ainsi une pratique courante de Ses Ancêtres. Il va sans dire cependant que la politique suivie par Le Roi Mohamed VI, tout en s’inspirant de celle de son Auguste Père Hassan II et de Son Grand Père Mohamed V ne saurait être réduite à une « reproduction à l’identique ». Le contexte et les enjeux ne sont pas les mêmes. C’est une évidence. Et c’est à cette nouvelle phase du Maroc qui s’ouvre avec l’Intronisation du Roi en 1999, que sera consacrée la présente contribution.
Ainsi, le Roi joue un rôle prééminent en matière de politique étrangère. Ce qui donne une certaine cohérence à la politique suivie par le Royaume et sa continuité quelle que soit la nature du gouvernement en place. On rappellera, à titre d’illustration, le Message Royal adressé aux participants au colloque organisé à Rabat à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de la diplomatie marocaine le 28 avril 2000, soit à peine 9 mois après Son accession au trône. Ce discours traduit la nouvelle philosophie du Jeune Roi en matière diplomatique pour être en phase avec les exigences du moment et défendre au mieux les intérêts du pays. Il pose les fondements de ce que devra être une diplomatie anticipative et prospective. Tout en rendant hommage à l’œuvre accomplie par Son Père Feu Hassan II, « fin connaisseur de l’art de la diplomatie, parfaitement au fait de ses secrets, maîtrisant ses règles et ses contours », Le Roi a exposé sa philosophie en ces termes : « La diplomatie qui se résume, dans sa conception classique, à l’organe du ministère des Affaires étrangères et aux missions diplomatiques, fait aujourd’hui face à de grands défis en raison du développement fulgurant des médias et des moyens de communication et de transport, de l’extension continue de la coopération internationale, de l’ouverture des sociétés les unes sur les autres dans le cadre d’une mondialisation globale, de l’interdépendance des questions internes et externes, de l’inscription de nombreux sujets techniques et complexes à l’agenda de la politique extérieure comme l’économie, le commerce, la finance, la monnaie, l’emploi, l’immigration, la sécurité, l’environnement, les droits de l’Homme et la culture, l’intervention de nouveaux acteurs dans l’action diplomatique tels que les assemblées parlementaires, les collectivités locales, les organisations non gouvernementales, les entreprises et même des personnes tels de grands créateurs, des intellectuels, des artistes, des champions sportifs, sans compter la place éminente qu’occupent les nouvelles organisations internationales à vocations économique, financière et commerciale au rôle législatif distingué et l’importance sans cesse croissante de la diplomatie préventive.»(Extraits du Discours royal). C’est cette nouvelle philosophie incarnée par le Roi qui est toujours à l’œuvre.
Le Roi Veille à ce que les relations entre les partenaires du Maroc soient marquées du sceau de la clarté notamment quand il s’agir de la question du Sahara. « S’agissant de certains pays comptant parmi nos partenaires, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l’affaire du Sahara sont ambiguës, Nous attendons qu’ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d’une manière qui ne prête à aucune équivoque », a affirmé le Souverain dans Son discours à la nation à l’occasion du 69ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple le 20 aout 2022. Désormais, « le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international. C’est aussi clairement et simplement l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats qu’il établit ».
Par conséquent, la doctrine marocaine en matière de politique étrangère s’appuie sur des approches globales qui sont d’ordre géopolitique, géoéconomique et géoculturel. Trois principes directeurs encadrent l’action diplomatique marocaine, à savoir le voisinage, la solidarité et le partenariat.
• Cette chronique est une synthèse d’un long article à paraitre prochainement dans une publication collective.
Une diplomatie multidimensionnelle.
Pour conduire sa politique étrangère, le Maroc s’appuie sur une diplomatie multiforme : parlementaire, économique, culturelle, spirituelle, climatique et citoyenne… Cette diplomatie parallèle vient en complément de la diplomatie classique à travers l’action du Ministère des Affaires Etrangères et du réseau des Ambassades et Consulats présents à travers le monde. On ne le dira jamais assez, c’est le Souverain qui donne ses Hautes orientations dans ce domaine, conformément à la lettre et l’esprit de la Constitution.
La Constitution de 2011 a conféré de larges prérogatives à l’institution législative qui joue, désormais, un rôle important dans la vie politique, mais aussi en matière de diplomatie que ce soit avec les parlements des pays étrangers ou avec les organisations parlementaires dont le Maroc est membre : l’Union parlementaire internationale, l’Union parlementaire africaine, l’union parlementaire arabe. En outre les groupes d’amitié parlementaires qui couvrent pratiquement tous les pays, et qui demandent à être mieux structurés, jouent à leur tour un rôle non négligeable. Nous en avons été témoin.
La forte impulsion donnée par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI à l’action diplomatique dans le domaine économique devrait favoriser la transition vers une diplomatie, au service du développement économique du Royaume et de la préservation de ses intérêts stratégiques prioritaires. Dans ce cadre, il est nécessaire d’adopter une approche rénovée, privilégiant la coordination et la mutualisation des moyens des différents acteurs composant le système de promotion économique du Maroc à l’étranger.
La diplomatie culturelle constitue, aujourd’hui, un des attributs de la puissance des Etats et un pilier central de projection de leurs capacités d’influence, à l’échelle internationale. +++++- De par son histoire, en tant que terre de brassage des civilisations, sa diversité culturelle et ses choix de société, le Maroc dispose de plusieurs atouts pour faire de sa diplomatie culturelle un axe central de sa puissance attractive (soft power).
La diplomatie spirituelle du Royaume tire sa substance des spécificités du modèle marocain de l’Islam. Celui-ci est basé sur le rite sunnite malékite et la doctrine achaârite qui promeuvent les vertus de la modération, du juste-milieu et du respect des opinions et des croyances.
L’Institution de la Commanderie des Croyants, qui s’est forgée à travers douze siècles d’histoire, a établi des attaches spirituelles qui unissent séculairement non seulement les Marocains, mais aussi les populations africaines, en particulier celles relevant du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest.
Le rôle de la diplomatie spirituelle du Royaume s’est davantage renforcé dans un contexte international, marqué actuellement par la prolifération des courants extrémistes violents. Outre son rôle reconnu de plateforme de dialogue et d’échange cultuel entre le monde musulman et l’occident, le Maroc s’érige, aujourd’hui, comme référence internationale, en matière de lutte contre le radicalisme religieux. Le Royaume a procédé, récemment, à la mise en place de l’Institut Mohammed VI de formation des Imams prédicateurs et des prédicatrices qui forme, aussi, des imams de Tunisie, du Mali, de Guinée, de Côte d’Ivoire et de France, mais aussi à la création de la Fondation Mohammed VI des Oulémas d’Afrique.
Dans l’arène des relations internationales, la diplomatie sportive émerge comme une stratégie habile permettant aux pays de marquer des points sur l’échiquier géopolitique. À l’instar d’une compétition sportive, les États utilisent le pouvoir du sport pour renforcer leur influence et remporter des victoires symboliques. La diplomatie sportive repose sur le concept du soft power, c’est-à-dire la capacité d’un pays à attirer et à influencer les autres par le biais de sa culture, de ses valeurs et de ses réalisations. En alignant astucieusement le jeu du soft power avec les opportunités offertes par le sport, les pays peuvent obtenir des avantages géopolitiques significatifs.
Le Maroc a pleinement reconnu le rôle du sport en tant qu’outil pour favoriser le dialogue interculturel et la coopération régionale. En utilisant des événements sportifs internationaux, des programmes de formation et des échanges culturels, le pays crée des opportunités d’interaction et de compréhension mutuelle entre les nations. Ces initiatives contribuent à renforcer les liens entre les peuples, à promouvoir la paix et à ouvrir la voie à une coopération régionale plus solide et durable.
Chaque citoyen est un « ambassadeur » de son pays.
La diplomatie citoyenne n’est pas en reste. Partis politiques, toutes sensibilités confondues, organisations syndicales et professionnelles, organisations de la société civile, milieux académiques parlent d’une seule voix partout où ils se retrouvent et laissent de côté leurs divergences qui se règlent en interne. Le Marocain a cette particularité : il reste marocain contre vents et marées. Les MDM nous donnent l’exemple. Chaque Marocain résidant à l’étranger est un ambassadeur de son pays.
« La spécificité des MDM, en tant que connecteurs du Maroc au reste du monde, constitue une grande chance à saisir. Par leur rôle de « pont » entre le marché national et les marchés internationaux, les MDM pourront aider à lever des capitaux, développer de nouveaux partenariats ou accéder à des compétences ou expertises absentes au Maroc, ou encore promouvoir des produits et services marocains. Les communautés marocaines établies à l’étranger pourront aussi impulser l’effort de rayonnement international du Royaume en s’appuyant aussi bien sur les structures existantes que sur les espaces mobilisables au sein des pays d’accueil pour la diffusion, à l’étranger, de la culture marocaine. » précise le rapport de la Commission spéciale sur le Nouveau Modèle de développement considérant, par ailleurs, les MDM comme l’un des leviers du développement du pays.
S’appuyant sur les fondements de la politique étrangère tels qu’ils sont définis par la constitution du Royaume et mis à jour régulièrement par les Instructions royales, l’action diplomatique se déploie en permanence en vue de réaliser les objectifs qui lui sont assignées. Les principes qui guident son action sont clairs et bien définis : défendre ses intérêts nationaux suprêmes, être actif sur la scène mondiale et régionale pour promouvoir le « label Maroc », œuvrer en permanence pour la paix, le rapprochement entre les peuples et l’instauration d’un nouvel ordre mondial plus juste et équitable tout en favorisant les relations Sud-Sud.
La question palestinienne omniprésente
Il va de soi que l’environnement arabo-musulman est le plus proche du Maroc et auquel il appartient historiquement et culturellement. C’est son cercle d’appartenance collective au sein duquel il souhaite jouer un rôle de médiateur dans les conflits et de porte-parole à l’international.
La question palestinienne est omniprésente non seulement dans l’action diplomatique du Maroc mais aussi dans la conscience collective du peuple marocain. Considérée une question nationale, le Maroc s’est engagé par tous les moyens aux côtés du peuple palestinien. Sans faire l’historique de ces relations, il faut simplement rappeler quelques faits récents : la création par Le Roi Hassan II en 1975 du Comité AL Qods qui rassemble les soutiens à la cause palestinienne à travers le monde arabe, ainsi que de l’agence Bayt Al Mal al Qods en 1979. A travers la présidence de ce Comité par Le Roi Mohammed VI, le Maroc est devenu l’interlocuteur privilégié des grandes puissances impliquées dans le dossier palestinien, notamment les Etats-Unis. Tout récemment, suite à la guerre menée par l’ennemi sioniste contre le peuple palestinien, le Maroc, sous l’impulsion du Roi, a pris différentes initiatives : présentation d’un plan de paix, envois d’aide aux populations de Gaza…
Les relations avec les pays du CCG (Conseil de Coopération du Golfe) sont tellement excellentes que ce groupement a proposé au Maroc en 2011 une adhésion pure et simple. Si les conditions ne sont pas encore réunies pour une telle adhésion, le Maroc jouit d’un statut particulier, celui du « partenariat stratégique global et renouvelé » liant les deux parties, et dont les fondements ont été jetés par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et ses frères les dirigeants des pays membres du CCG, depuis le Sommet Maroc-Pays du Golfe, tenu à Riyad le 20 avril 2016
Le Maroc est resté attaché à la Ligue Arabe et à l’OCI en tant qu’organes de concertation et de débat, de résolution des conflits, de prises de décisions collectives et de faire front face aux multiples défis que traversent le Monde. Il plaide toujours au sein de ces organisations, dont il a été l’un des fondateurs, pour la légalité et la primauté de la culture de dialogue constructif sur la confrontation stérile. Notre pays reste également attaché à l’idéal maghrébin et à l’Union du Maghreb Arabe à cinq tel qu’elle a été constituée par le traité fondateur de Marrakech le 17 février 1989. Le Maroc ne brisera jamais cet espoir qui a toujours animé les peuples de la région et les cinq dirigeants fondateurs de l’UMA.
L’Afrique aux Africains, un mot d’ordre de SM
Par ailleurs, la politique africaine du Maroc s’est construite sur la base d’un discours diplomatique décomplexé et volontariste, appelant à la fois à rompre avec le tiers-mondisme, à déconstruire le discours pessimiste, à la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats et enfin à la modélisation de la coopération intra-africaine à partir de l’appropriation souveraine des richesses africaines. Il est clair que le Maroc est décidé à montrer que son destin est fortement lié à celui de l’Afrique, en acquérant les normes et les enjeux du continent, mais il n’est pas enfermé pour autant dans une logique déterministe, et tient à disposer d’une certaine capacité à déterminer lui-même son rôle. Par ailleurs, l’expansion des grandes entreprises marocaines sur une bonne partie du continent s’accélère et dans plusieurs secteurs des services (banques, assurances, enseignement, télécommunication) et dans les mines et la production des engrais.
La diplomatie marocaine s’intéresse de près, pour des raisons historiques et culturelles évidentes, au développement de nos relations avec les pays européens avec la volonté de débarrasser ces relations de leur empreinte coloniale et néocoloniale. Ces relations sont plus denses avec les pays euro-méditerranéens comme l’Espagne, la France (deux anciennes puissances coloniales), l’Italie et dans une moindre mesure le Portugal. Les liens avec cet ensemble sont multiples : économiques, financiers, culturels, humains. Ainsi, le premier accord commercial a été signé avec la CEE en 1969. Cet accord s’est transformé en Accord de libre- échange en 1996 (rentré en vigueur en 2000) et la CEE est devenue Union Européenne.
Cependant, si ces relations ont résisté aux vicissitudes de la conjoncture, elles ont traversé à des moments différents des périodes de « froid », voire d’hostilité. Mais elles finissent toujours par revenir à la normale en dépassant positivement les différends sans jamais sacrifier nos intérêts stratégiques et nationaux. Tel a été le cas avec l’Espagne, l’Allemagne et tout récemment avec la France.
Un non alignement actif.
Le Maroc n’a jamais cédé, contrairement à beaucoup de pays en voie de développement, à l’alignement de sa politique étrangère sur tel ou tel bloc. Son penchant en faveur du modèle occidental est tempéré par ses relations stratégiques qu’il a établies avec les autres puissances non occidentales comme la Chine, l’Union Soviétique et par la suite la Russie, l’Inde. C’est un « jeu » subtile dont la diplomatie marocaine maitrise parfaitement les règles. Le Maroc récolte les fruits de cette politique notamment au niveau de la défense de son intégrité territoriale. Ainsi, aucun pays membre permanent du Conseil de Sécurité ne soutient les thèses des séparatistes et de leur protecteur.
Si nous avons insisté sur les relations du Maroc avec les grandes puissances, cela ne veut pas dire que ces relations sont faibles ou existantes avec le reste du monde. Au contraire, le Maroc est présent dans tous les pays et tous les continents Sa voix se fait entendre dans toutes les rencontres et forums.
Le Maroc a fait de la coopération sud-sud, un choix stratégique. A ce titre, SM le Roi, n’a eu de cesse de plaider pour l’instauration d’un monde plus équilibré prenant en considération les intérêts des pays du Sud. « Nous réaffirmons la nécessité d’instaurer un partenariat ambitieux reliant le monde arabe, l’Afrique et les pays d’Amérique du Sud, dans le cadre du dialogue et de la coopération Sud-Sud. » (Extrait du Message Royal à l’occasion du 5ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Maroc et le Pérou du 23 juin 2014)
Dans le même ordre d’idées, SM le Roi annonçait en 2009 : « … Nous attachons une égale importance à la nécessite de consolider nos relations avec les pays d’Amérique du Sud, en nous employant à explorer de plus larges perspectives pour la coopération culturelle et économique et le développement des échanges commerciaux, tant bilatéraux que multilatéraux… Poursuivre la réflexion sur la valeur stratégique de ce partenariat et ses prolongements dans l’espace atlantique, en Afrique de l’Ouest, en Amérique du Sud et en Europe. » (Extrait du Message Royal à l’occasion du colloque sur la coopération arabo-afro-ibéro-latino-américaine : les gouvernements et la société civile du 1er août 2009).
On pourrait légitimement se demander comment un pays comme le Maroc, d’un poids économique modeste, puisse réaliser autant d’acquis au niveau de sa politique étrangère et jouer un rôle aussi influent sur la scène régionale et internationale ? On reformulera la question d’une façon simple et schématique : comment expliquer ce fossé entre le poids économique et démographique du Maroc modeste (à peine 0,014% du PIB mondial et 0,012% de la population mondiale en 2022) et son « poids diplomatique » apprécié qualitativement par l’influence qu’il joue et sa réputation au niveau international ? Les données exposées brièvement dans cet article et qui n’ont pas la prétention de l’exhaustivité, apportent des éléments de réponse à cette question :
Le Maroc est un vieil Etat séculaire qui n’est pas né dans le cadre de conférences internationales. Il entretenait des rapports constants avec le reste du monde et notamment avec l’Europe où on décelait des moments de confiance alternant avec des moments conflictuels. L’autre a trait à la personnalité de l’artisan de la politique extérieure du Maroc, à savoir le Souverain. Acteur de l’histoire récente mais combien décisive, le Roi Mohamed VI, dans la continuité de la politique de son père Hassan II a façonné la politique nationale. Il y a effectivement le « style Mohamed VI ».
« Une haute falaise domine Tanger, vers l’Ouest : le Cap Spartel planté comme un soc dans les vagues. Au loin, dans une demi-brume scintillante, la pyramide de Gibraltar. Ici, l’Océan. Là-bas, la Méditerranée. Derrière nous, l’Afrique. A portée de la main, l’Europe. Il faut n’avoir guère d’imagination pour ne pas rêver un peu sur ce promontoire battu par tous les vents de l’histoire et de la légende et pour se retenir d’y chercher les thèmes d’inspiration d’une diplomatie »
Cette citation, d’un grand Historien (Lacouture) rend compte non seulement de la complexité des réseaux de relations que le Maroc pourrait être appelé à développer mais surtout de la variété des choix et de la diversité des politiques que le pays pourrait engager.
Ainsi, le Maroc n’a jamais mis « ses œufs dans un seul panier ». Par une subtilité remarquable, il a su maintenir un jeu d’équilibre entre les puissances classiques et les grands émergents.
Enfin, le Maroc a mis en avant le « soft-power » comme élément de puissance recourant rarement au « hard-power ». Joseph Nye définit la puissance comme la « capacité d’agir et, dans des situations sociales données, d’avoir un effet sur autrui permettant d’atteindre l’objectif fixé ».
• Cette chronique est une synthèse d’un long article à paraitre prochainement dans une publication collective.