Entre incertitude des ménages et espoirs de reprise

Flambée des prix et retour des pluies au Maroc

Hafsa Mokadem

Le Maroc traverse une période marquée par une flambée des prix qui pèse lourdement sur les ménages, aggravée par une sécheresse historique. Cependant, le retour des pluies réveille l’espoir d’une amélioration, malgré des défis persistants.

Une inflation persistante qui fragilise les ménages

L’augmentation des prix au Maroc s’explique par une conjonction de facteurs : sécheresse prolongée, vagues de froid et spéculation et surtout inaction du pire gouvernement de tout les temps. En janvier 2025, l’indice des prix à la consommation a enregistré une hausse de 2,0 % par rapport à l’année précédente. Les produits alimentaires ont connu une augmentation de 3,3 %, tandis que les produits non alimentaires ont progressé de 1,1 %. Le logement a grimpé de 3,6 %, accentuant la pression sur les ménages, tandis que les coûts du transport ont reculé de 2,7 %. Cette inflation frappe particulièrement les familles à revenu modeste, qui consacrent une part croissante de leur budget à l’alimentation, au logement et au transport. La classe moyenne, déjà fragilisée par la pandémie, voit son pouvoir d’achat s’éroder davantage.

Une grogne sociale grandissante

La flambée des prix exacerbe les inégalités sociales. Les travailleurs du secteur informel, les jeunes et les femmes, souvent précarisés sur le marché du travail, sont les plus touchés. Des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes, traduisant une frustration croissante face à l’inefficacité perçue des mesures gouvernementales. La question du coût de la vie devient ainsi un enjeu politique majeur.

Denrées alimentaires, viandes rouges et carburants sous tension

À l’approche du Ramadan, période de forte consommation, les prix des légumes s’envolent : haricots à 35 dirhams/kg, poivrons à 15 dirhams/kg, tomates à 10 dirhams/kg et pommes de terre à 8 dirhams/kg. Les autorités se veulent rassurantes, affirmant que les stocks de produits de base, comme les céréales, les huiles et les produits laitiers, restent suffisants. Néanmoins, la hausse des prix provoque un malaise persistant chez les consommateurs.

À Casablanca, les prix des viandes rouges restent élevés. La viande bovine oscille entre 110 et 120 dirhams/kg, la viande ovine entre 140 et 150 dirhams/kg, et la viande hachée avoisine les 120 dirhams/kg. En parallèle, le secteur des carburants cristallise les tensions. En 2008, avec un baril à 150 dollars, le litre de carburant ne dépassait pas 8 dirhams grâce au système de compensation. Aujourd’hui, malgré un baril à 75-85 dollars, le gasoil atteint 14,50 dirhams et l’essence 15,80 dirhams. Les syndicats dénoncent ce paradoxe et appellent à une réforme structurelle.

Retour des pluies : un espoir mesuré

Après sept années de sécheresse, le Maroc enregistre enfin un retour significatif des précipitations grâce à la dépression météorologique « JANA », qui a traversé l’Europe de l’Ouest avant d’atteindre le pays. Ces pluies, bien que salvatrices pour les cultures de printemps et les arbres fruitiers, ne suffiront pas à sauver les céréales d’automne déjà durement affectées. Les réserves d’eau restent insuffisantes pour combler le déficit hydrique accumulé.

Un marché de la viande en pleine mutation

Les données de Casablanca Prestations montrent une baisse notable des prix de la viande ovine, passant de 117 dirhams/kg à 60 dirhams/kg en prix minimum, et de 125 dirhams/kg à 90 dirhams/kg en prix maximum. La viande bovine connaît une baisse plus modérée, avec un prix minimum passant de 75 dirhams/kg à 67 dirhams/kg.

Encadré :

Évolution des prix des légumes et des fruits

Le Maroc fait face à une double crise : une flambée des prix qui asphyxie les ménages et une sécheresse historique qui pèse sur l’agriculture. Le retour des pluies offre une lueur d’espoir, mais ne suffira pas à lui seul à stabiliser la situation. Pour surmonter cette épreuve, le pays devra conjuguer réformes structurelles, soutien aux populations les plus vulnérables et modernisation de son modèle économique. La solidarité nationale et une gestion rigoureuse seront essentielles pour tracer la voie d’une reprise durable.

Les prix des légumes affichent une forte variabilité :

  • Tomates : 3,5 à 8 dirhams/kg
  • Courges : 2,5 à 7 dirhams/kg
  • Carottes : 1,5 à 3,3 dirhams/kg
  • Pommes de terre : 1,8 à 3,3 dirhams/kg
  • Oignons : 3,5 à 6,5 dirhams/kg

Côté fruits :

  • Fraises : 9 à 18 dirhams/kg
  • Bananes locales : 8 à 11,5 dirhams/kg
  • Oranges : 2,5 à 4,5 dirhams/kg
  • Pommes locales : 6 à 11 dirhams/kg
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