Une filière en pleine croissance, en quête de structuration…
Dossier spécial réalisé par Mohamed Nait Youssef
Incontestablement, le gaming est aujourd’hui l’un des piliers clés des industries culturelles et créatives. Au Maroc, cette filière génératrice de revenus, dont les retombées sont bénéfiques sur l’économie, connaît une véritable effervescence ces dernières années. Visiblement, les chiffres de ce secteur en plein essor annonce un avenir prometteur pour l’ensemble de l’écosystème. Certes, qu’au fil des années, des studios se multiplient, des emplois se créent et des événements de grande envergure s’organisent sur la terre marocaine, mais les enjeux sont de taille pour structurer ce marché émergeant, rentable et actif.
Il faut dire aussi que le gaming n’est pas uniquement une forme de divertissement, mais un passeur d’idées et de valeurs.
Le secteur du jeu vidéo est transversal, voire spécifique, où se mêlent l’artistique, le sportif, l’économique, le juridique, entre autres…
La volonté et les ingrédients sont là pour mettre les jalons de cette industrie en pleine croissance. Ce dossier est une tentative de projeter les lumières sur cette filière assez vaste en faisant parler certains acteurs du domaine.
Des recettes estimées à 3 milliards de dirhams d’ici 2027
Au Maroc, l’industrie du gaming est en pleine croissance. En effet, les retombées de ce secteur prometteur occupant le 1er rang des Industries Culturelles et Créatives sont bénéfiques pour l’économie nationale. La preuve ? Aujourd’hui, notre représente un petit marché mais il détient des atouts pouvant favoriser l’essor de l’industrie du gaming qui devrait continuer à se développer dans les années à venir, avec une augmentation du nombre d’utilisateurs et des revenus générés, nous affirme Nissrine SOUISSI, Directrice chargée de l’Industrie du Gaming au Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication (MJCC) et Commissaire de la Morocco Gaming Expo. Selon une enquête réalisée par Statistica, a-t-elle expliqué, le marché de l’industrie du gaming au Maroc devrait générer un chiffre d’affaires d’environ 2,28 milliards de dirhams d’ici la fin de 2024 et environ 3 milliards de dirhams d’ici 2027, soit un taux de croissance annuel prévisionnel de 9,39 % pour la période 2024-2027.
Il va sans dire que les recettes du jeu vidéo, un marché plus important aujourd’hui que ceux du cinéma et la musique combinés, sont liées au nombre de Gamers qui se multiplie au fil des années.
«Le marché marocain devrait aussi compter 8,4millions d’utilisateurs de jeux vidéo d’ici 2027.», a révélé Directrice chargée de l’Industrie du Gaming au Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication (MJCC) et Commissaire de la Morocco Gaming Expo. Concernant le nombre de startups et studios marocains œuvrant dans le secteur de l’industrie du gaming ainsi que le nombre de développeurs marocains de jeux vidéo, le MJCC est en train de constituer une base de données pour structurer les acteurs de l’écosystème de l’industrie du gaming au Maroc.
Par ailleurs, cette effervescence de la filière du gaming est visiblement révélée lors de la première édition de la Morocco Gaming Expo qui a été organisée par le Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
En termes de chiffres, cet événement marquant a enregistré 41.845 visiteurs, 50 speakers internationaux dans l’espace Conférences représentant 17 nationalités, 70 intervenants dans l’espace Pitch, 70exposants marocains, 30investisseurs étrangers, 5conventions signées et 140réunions professionnelles entre locaux et internationaux. «Au-delà de nos attentes et les chiffres sont très significatifs», a précisé Nissrine SOUISSI, Commissaire de la Morocco GamingExpo.
L’effervescence des studios marocains…
Triaxis Studio, une entreprise marocaine leader dans le domaine de l’animation 2D et 3D, est en train de développer le jeu ‘’Super Assas’’ qui s’est basé sur le film «The Guardian», produit par le studio.
«Nous nous sommes inspirés de l’univers de «Super Mario» qui est un jeu populaire, mais avec une touche marocaine, tout en intégrant les monuments historiques des villes de Marrakech, Chefchaouen, Rabat, entre autres.», révèle Aziz Bakour, réalisateur et fondateur de Triaxis Studio.
Spécialisé en animation 2D et 3D, ce nouveau jeu en développement est le commencement du studio dans le domaine du gaming. «On a intégré d’autres personnes qui vont s’occuper de la partie codage du jeu. Et ce n’est pas tout ! On a développé un autre jeu 3D avec une excellente qualité, une précision au niveau de la texture et de l’éclairage. C’est un jeu visant la promotion du patrimoine culturel marocain (monuments patrimoniaux) par le biais d’un personnage aventureux.», nous explique le fondateur de Triaxis Studio.
Pour la petite histoire, Ubisoft Casablanca a intégré des jeunes programmeurs et artistes marocains qui ont contribué à la création des jeux vidéo mondialement connus tels que «Prince of Persia» ou encore «Rayman Fiesta Run», qui a eu un franc succès populaire à travers le monde. «Certes, les marocains ont leur touche et leur présence. Or, ce sont les opportunités qui manquent.», a souligné Aziz Bakour, ajoutons que «nous n’en sommes qu’au début et il faudrait une communication avec les studios qui existent au Maroc parce qu’il y a des difficultés aux niveaux des ressources humaines et de la formation des jeunes en matière des jeux électroniques.»
Médias et événements pour valoriser les talents…
Yassir Bachour, directeur général de MapLab et fondateur de lgaming.ma, estime que le secteur du gaming est un secteur qui n’est pas nouveau, mais qui a une image. «C’est une véritable industrie génératrice de revenus. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’on a pensé à créer un média pour valoriser et faire connaître ce secteur au Maroc.», a-t-il expliqué. L’aventure est entamée ainsi : Yassir et son équipe ont commencé par un média web, puis ils ont fait des partenariats avec des éditeurs internationaux au niveau de la région. «On s’est lancé dans le journalisme et la création de contenu. On avait un web tv, on a produit des émissions en streaming de 2019 jusqu’en 2022. Notre but était bel et bien la valorisation des talents qui existent au Maroc par le biais des interviews, des reportages.», a-t-il précisé.
En parallèle, l’agence Maplab, spécialisée dans le gaming, organise des événements, entre autres, LGAMING AWARDS, mais aussi des tournois avec les éditeurs de jeux vidéo.
«LGAMING AWARDS est le seul événement qui réunit la communauté du gaming au Maroc. Nous essayons également de se lancer dans le domaine du développement des jeux ; les studios et les jeunes créateurs de jeux au Maroc. C’est le seul qui fédère le tout en un seul événement organisé en partenariat avec le ministère de la Jeunesse de la culture et de la communication et la fédération.», a-t-il fait savoir.
Certes que le Gaming est une manne génératrice de ressources financières, mais elle est confrontée à plusieurs défis, propriété intellectuelle et commerciale, entre autres.
«Qui dit jeu, dit propriété intellectuelle et commerciale. Un jeu a une marque et des droits. Au Maroc, au niveau du gaming, on n’a pas encore une industrie, chose qui nous laisse parfois ignorer les choses qui régularisent ce secteur surtout en rapport avec les éditeurs.», a affirmé Yassir Bachour.
Des noms sur les podiums…
Aujourd’hui, le Maroc est devenu un numéro important dans l’eSport. En effet, des joueurs et joueuses ont brillé de mille feux lors des compétitions continentales et internationales. Il y a de quoi être fier ! En effet, après la belle performance en Coupe du Monde FIFAe, où le Maroc a achevé son beau parcours dans le top 5-8 mondial avec Adam Habbereih, Marouane Chahou et Aymane Mokallik, le talentueux joueur Youssef Charif a marqué l’histoire en terminant top3-4 de la coupe du monde EA FC World Cup. Les exploits des joueurs marocains ne sont pas arrêtés là. Ilyas, représentant de l’équipe nationale du Maroc, a décroché le titre de champion de la Ligue Arabe d’eSport à Riyadh dans le jeu Tekken 8. Une grande victoire ayant permis au Maroc non seulement de rayonner, mais aussi et surtout de consolider sa place dans l’eSport.
Par ailleurs, Ibtissam Farhane, joueuse de l’équipe nationale, a offert au Maroc la première médaille d’or en remportant le titre de la Coupe du Championnat Méditerranéen, dont la première édition a eu lieu en Libye. Les succès se poursuivaient pour les équipes nationales marocaines, notamment celles de PUBG Mobile et Mobile Legends se sont qualifiées pour la Coupe du Monde à Riyad. Ces résultats positifs et l’implication de la Fédération Royale Marocaine de Jeux Électroniques (FRMJE) marquent un nouveau tournant dans l’e-sport marocain. À vrai dire, une nouvelle page s’ouvre sur un avenir prometteur pour le secteur.
Légendes :
Légende : Morocco Gaming Expo.
Légende : Pavilion Rabat Gaming City – MGE.
Légende : Triaxis Studio.
Légende : ‘’Super Assas’’, jeu développé par Triaxis Studio.
Légende : Jeu 3D développé par Triaxis Studio.
Légende : Yassir Bachour et Takaya Imamura.
Ph ; Akil Macao