Fracture sociale et fracture de la majorité gouvernementale

par Mustapha Labraimi

Dans un contexte où les inégalités sociales s’intensifient suite à la cherté de la vie et à tout ce qui continue « à faire défaut en matièresociale », l’incapacité du gouvernement est devenue patente.

Ses thuriféraires,en manque d’arguments, abusent du patriotisme pour affronter le mécontentement populaire qui s’amplifie. Ainsi ; est patriote celui qui reconnait que « l’année est belle » et que tout est au mieux au royaume grâce à l’action du gouvernement, et queloin de cette allégeance, toute expression critique relève de la déloyauté envers la patrie.

Déjà que la cohésion sociale est mise à rude épreuve par l’échec gouvernemental à juguler la hausse des prix, ce genre de comportement risque d’élargir la fracture sociale. Il montre aussi « le plafond bas » que se donnent ces laudateurs pour la consolidation du processus démocratique, particulièrement pour la liberté d’expression.

Doit-on parer de patriotisme l’impertinence évidente de l’action gouvernementale quand elle s’est exercée à réguler le prix de la viande ?

De la bouche d’un ministre responsable d’un parti membre de la majorité gouvernementale, on saura que des milliards ont été distribués pour enrichir une oligarchie ; sans que,pour autant, le prix de la viande ne connaisse un recul conséquent. Il ajoutera que la faute revient aux « opportunistes économiques » et à la cupidité de « ces intermédiaires (qui) seraient à la source des hausses de prix des produits alimentaires, notamment les produits frais comme les fruits, les légumes, les poissons ». Et le gouvernement dans tout cela ? Il s’occupe des affaires, celles qui rapportent gros !

Langage de vérité et sursaut de sincérité de la part d’un patriote mécontent de la politique gouvernementale dont il est l’un des exécutants (!), ou coup bas d’un concurrent qui lorgnerai sur les prochaines échéances électorales ?

L’impression qui se dégage est que la course pour « le gouvernement du Mondial » est bel et bien entamée. La fracture de la majorité gouvernementale est de jour en jour plus sensible malgré les réunions pour dépasser les décrochements des uns et des autres et « assurer la réussite de l’expérience gouvernementale ».

D’ores et déjà la question est posée : quel est le parti de la troïka gouvernementale qui va assumer la défense du bilan des deux gouvernements ? Cela au moment où la confiance a été égarée sur la voie de l’exécutif, que l’authenticité s’est fourvoyée dans des scandales loin de la modernité et que la balance a du mal à tenir ses engagements. Chaque parti de la majorité gouvernementale pratiquera la politique de « la patate chaude » en renvoyant sur l’un de ses collègues les motifs de la déception.

A défaut de garantir le pouvoir d’achat de la population et lui assurer une capacité financière apte à répondre à ses besoins, les partis de la majorité gouvernementale ont exercé la charité publique à l’occasion du mois du Ramadan. Cette « politique du couffin » s’arrêtera là sans prendre en compte la réalité des besoins de la population ciblée. Plus une corruption à des fins électorales qu’une aide à des fins caritatives, elle montre la signification de « l’Etat social » chez les candidats ante-élections au « gouvernement du Mondial ».

Dans cette course, sourde mais âpre, dans laquelle se trouvent déjà engagés les trois partis constituant le gouvernement, l’oubli des « autres » est patent ; alors que le « gouvernement du Mondial » doit mobiliser l’ensemble du peuple marocain pour réussir non seulement le bon déroulement de la compétition sportive ; mais, et surtout, un développement collectif de la Nation par la consolidation du processus démocratique dans tous ses aspects ; sans fracture sociale.

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