Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi
La question foncière est un sujet très important en Afrique du Sud car, sous le régime d’apartheid, la plupart des terres y étaient détenues par la minorité blanche qui, en disposant du pouvoir, avait mis en place une politique d’expropriation de la population noire qui lui avait permis de s’emparer de toutes les terres.
Mais, comme après la « chute » du régime d’apartheid, il fallait « remettre les choses en place », et que tous les présidents « noirs » s’y était attelés, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a promulgué, la semaine dernière, une loi accordant au gouvernement, dans certains cas et quand l’intérêt général l’exige, le droit de procéder à des expropriations sans compensation.
Et, comme il fallait s’y attendre, le président Donald Trump qui, depuis le 20 Janvier dernier, a le doigt sur la gâchette et se tient prêt à tirer sur tout ce qui le « dérange », n’a pas raté l’occasion de critiquer cette mesure qui, non seulement, confisque, à ses yeux, les terres d’une certaine catégorie de personnes mais les traite « très mal ».
Raison pour laquelle, le nouveau président américain a menacé de couper, à l’Afrique du Sud, « tout financement futur » jusqu’à l’achèvement de l’enquête qui sera lancée à cet effet.
Mais, après avoir précisé que cette loi ne permet, en aucun cas, aux autorités, de procéder, de manière arbitraire, à des expropriations dès lors qu’elles restent subordonnées à l’obtention de l’accord des propriétaires, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a rejeté, ce lundi, les accusations de son homologue américain au motif que « la loi sur l’expropriation récemment adoptée n’est pas un instrument de confiscation (mais qu’) il s’agit d’une procédure légale qui garantit l’accès à la terre de manière juste et équitable, conformément à la Constitution ».
S’étant dit, par ailleurs, « impatient » de s’entretenir, avec la nouvelle administration américaine, de la « politique de réforme agraire » mise en place par l’Afrique du Sud, après la fin du régime d’apartheid qui a « gouverné » le pays de 1948 à 1991, le président Cyril Ramaphosa espère qu’à la suite de cet échange, Washington et Prétoria auront une « meilleure compréhension commune ».
Dans une interview diffusée par la chaîne « Newzroom Afrika », en déplorant l’impact de la « désinformation et des distorsions délibérées colportées par les partis de droite [sud-africains]. », Vincent Magwenya, le porte-parole de la présidence de la république sud-africaine, a estimé qu’ « une conversation très simple dissipera ces malentendus ».
Si les détracteurs de cette loi craignent une réédition de ce qu’avait connu le Zimbabwé, voisin, quand après la fin du régime d’apartheid, et l’accession au pouvoir de Robert Mugabé, au début des années 2000, la quasi-totalité des grands propriétaires blancs avaient été expulsés manu militari de leurs terres qui avaient été remises à des fermiers noirs « sans aucune formation », il n’en sera rien, au pays de Nelson Mandela, car cette procédure avait montré ses limites en provoquant un effondrement brutal de la production et en plongeant l’économie zimbabwéenne dans une profonde crise mais attendons pour voir…