Environnement: la bataille perdue en 2017?

Officialisation du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris, multiplication des catastrophes naturelles, une COP 23 modeste voire décevante, selon l’avis de certains ; une absence de leadership en matière environnementale, un «One Planet Summit» avec des engagements sans effet immédiat, un fonds vert en mal de contributions et loin du compte, écart catastrophique entre les promesses et l’objectif de 2°C, dépassement précoce de la terre… la bataille pour l’environnement au niveau international aurait échappé au monde, chercheurs, négociateurs et Etats en 2017, au-delà des «bonnes volontés». Retour sur les moments phares de cette année.

Accord de Paris : les USA font leurs adieux!

2017 : l’année des catastrophes naturelles par excellence, surtout aux Etats-Unis, notamment avec l’ouragan Harvey,  la tempête Irma, la tempête Maria, des incendies et des sécheresses en Espagne et au Portugal. Toutefois, cela n’aura pas empêché les USA d’officialiser leur retrait de l’accord de Paris annoncé en janvier 2017. Même si ce retrait ne sera effectif qu’en 2019, ce recul en matière environnementale a provoqué des bouleversements sur la scène internationale, sachant que les USA étaient jusqu’alors leader sur la question au niveau mondial. Un retrait qui, d’après la CCNUCC, devrait ramener la part des émissions mondiales de GES couvertes par les Parties ayant ratifié l’accord de Paris de 83,59% (au 1er juin 2017) à 65,7%, les Etats-Unis représentant 17,89%, deuxième pays émetteur après la Chine.

Par ailleurs,  cette défection aura également laissé un gros trou dans le fonds vert, puisque les USA à eux seuls avaient une contribution de 2 milliards de dollars. Toutefois, l’initiative « We are still in » portée par l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg et soutenue par 1.200 acteurs dont 9 Etats, 125 villes, 183 universités et 902 entreprises et investisseurs comme Apple, Google et Microsoft en riposte à la décision du président Trump de se retirer de l’Accord a prouvé  que ce retrait n’était qu’une entreprise individuelle. D’ailleurs, la coalition était présente à la COP23 à Bonn et au «One Planet Summit» à Paris pour apporter son soutien aux différentes initiatives prises au niveau international.

Cop 23, une occasion manquée?

Après l’Afrique en 2016, l’honneur a été fait aux pays insulaires en 2017 d’abriter la COP.  Placée sous la présidence Fidjienne et organisée à Bonn du 6 au 17 novembre 2017, elle avait pour objectif d’avancer suffisamment sur la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Malgré l’urgence de l’action, les résultats n’auront pas été à la hauteur des attentes, de l’avis des experts. D’aucuns l’auront d’ailleurs qualifiée de COP d’attentisme ou de COP manquée. En cause, plusieurs frustrations entre pays du nord et pays du sud auront marqué les débats durant les 10 jours, notamment la question du financement des projets d’adaptation, les pays du sud exigeant des engagements concrets sur la manière dont les financements leur seront versés.

Il faut savoir que dans le cadre de la solidarité nord-sud sur la question environnementale,  les pays industrialisés (Nord) s’étaient engagés à verser à partir de 2020, 100 milliards de dollars aux pays du sud, dans le cadre du financement des projets d’adaptation aux changements climatiques. Toutefois, jusqu’à l’heure actuelle, les contributions à ce fonds sont encore loin du compte et continuent de privilégier plutôt les projets d’atténuation que les projets d’adaptation des pays du sud. Aujourd’hui, le financement des projets d’adaptation butent encore à l’absence de métriques pour évaluer leurs retombées économiques sur le court et long-terme.

Le «One Planet Summit» : une session de rattrapage de la COP23?

Un mois après la COP23, à l’initiative d’Emmanuel Macron, président français, l’Hexagone a abrité le «One Planet Summit» le 12 décembre 2017. Un rassemblement jugé pour certains comme une session de rattrapage de la COP23, notamment pour combler les lacunes en matière de financement des projets d’adaptation.  Le mini-sommet qui a rassemblé des chefs d’Etat du monde, des chefs d’entreprises, associations, chercheurs a débattu de la question de financement. Ainsi, quelques initiatives ont été prises, même si on leur reproche dans l’ensemble d’être des actions certes significatives, mais sans effet immédiat en faveur du climat. Parmi les mesures phares de ce rendez-vous qui a bouclé l’année 2017, la décision légendaire de la Banque mondiale d’arrêter de financer les projets d’hydrocarbures en 2019.

Au total, 12 engagements ont été pris à l’issue de cette rencontre, entre autres la création d’un fonds public-privé pour les Etats insulaires, la préservation des ressources, l’engagement des jeunes, les villes au cœur de l’action climatique, la neutralité carbone d’ici 2050, une économie décarbonée, les transports verts, la hausse du prix du carbone pour pousser les investisseurs à développer des business models compatibles avec l’objectif de 2°C, le reporting climat, l’engagement des banques de développement, une coalition des fonds souverains pour flécher le financement vers des actions climatiques, le contrôle et la surveillance des 100 entreprises les plus émettrices de carbone dans le monde par les investisseurs institutionnels. De nouveaux engagements certes, mais qui ne garantissent pas que grand-chose sera fait. Plusieurs observateurs ont décrié le fait que le mini-sommet n’a tourné qu’autour des paroles et non des actions concrètes à même de changer la donne.

L’année 2017 s’est achevée sur un bilan peu reluisant. L’année 2018 devra être celle des opportunités, une année pour construire. Elle sera marquée par la COP 24 qu’abritera la Pologne. Elle sera également marquée par le dialogue de facilitation pour mettre en évidence les occasions éventuelles pour les pays d’augmenter leurs NDCs (Nationally determined contributions), s’engager à nouveau à faire de nouvelles promesses pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ou 2°C. Avec une année 2017 peu productive, l’on se demande si les objectifs escomptés pour 2018 seront véritablement atteints.

Danielle Engolo

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