Réformes en instance

par Mustapha Labraimi

Si le cycle solaire de la Terre s’est accompli, il y a quelques jours, le froid hivernal et l’insuffisance des précipitations enregistrées jusqu’à lors n’augurent pas de la fin du cycle de la sécheresse qui caractérise le royaume.

Si l’espoir de bénéficier de la miséricorde du ciel persiste toujours, d’ores et déjà on peut affirmer que le secteur agricole ne pourra pas être au niveau des attentes. La ruralité en sera la première à en souffrir. Sa population appauvrie ira chercher ailleurs. Il devient impératif de revoir les politiques publiques qui déterminent l’agriculture dans le royaume en tenant compte des changements climatiques, du cycle de la sécheresse et des besoins de la population.

La périphérie des agglomérations urbaines verra s’implanter celles et ceux qui s’exileront vers la ville, croyant que la vie y est plus clémente qu’en restant dans son douar. L’oisiveté tue à petit feu et les lumières attirent. Dans ces zones où l’urbanité se limite à la nature de l’habitat, ruches en béton, la vie noctambule a des règles différentes de celles du jour. Les efforts prodigués dans la mise à niveau des agglomérations urbaines, dans le cadre de la politique de la ville engagée, devra être suivie de près pour éviter les dérives que certaines communes ont connues.   

C’est aussi dans ces zones, plus qu’ailleurs, où les réseaux sociaux façonnent le comportement social.

Cela amène le sujet de la moudawanna et de tout ce qui est fait pour que sa réforme ne soit pas une avancée notable. Que de mensonges et que de débilités ont été produits pour que la famille dans le royaume reste dominée par la négation de la femme en tant que personne humaine devant bénéficier de ses droits. L’usage de la peur attisé par les réactionnaires fait que certains se projettent dans les conséquences du divorce alors qu’ils ne sont pas mariés.  

Le déficit en savoir (éducation, culture, processus législatif …etc.) permet aux obscurantistes de tout bord d’abuser de l’acculturation et de l’aliénation de la population pour la garder sous la main, à toutes fins qui leurs seraient utiles. Discours où la polémique et l’amalgame sont plus importants que tout autre chose. Apocalyptiques, ils n’ont rien à proposer pour répondre aux besoins de la société et aux aspirations légitimes des femmes d’être traitées dans l’égalité du genre. Conservateurs passéistes, ils n’ont aucune considération pour la réalité des souffrances d’une conjointe battue et/ou divorcée sans ressources, des enfants dont on ne veut même pas reconnaître la filiation scientifiquement révélée ou abandonnés à leur triste sort, et autres malheurs vécus dans notre société.

S’il est certain que cette bêtise misogyne ne sera pas prise en considération dans la rédaction du projet de loi concernant la moudawanna, il est important de prendre en considération l’existence dans notre peuple de ces forces qui peuvent contrarier le changement ou l’amoindrir. Le rôle de l’école, celui des médias et du débat public, l’encadrement politique sont essentiels pour l’évolution saine de notre société vers le meilleur pour la personne humaine et non pour son asservissement.

De la moudawanna, qui persiste dans les réseaux sociaux, on est passé à la nomination d’une femme, artiste et directrice d’un établissement d’enseignement supérieur à un poste dans une commission d’évaluation de l’enseignement supérieur. Toujours la même haine distillée pour empêcher la Femme de jouir de ses droits. Pour ne pas se faire taxer de phallocentrisme, on lui reproche une position qui relève du politique ! La femme est ciblée car, disait l’autre, elle est l’avenir de l’Homme. De cet avenir, ils ont peur car il ne peut être que justice, égalité des droits et développement humain.

Et puis, ces milliards qui apparaissent suite à une amnistie fiscale qui semble faite pour encourager plus le recouvrement. Comme le recensement général de la population, on commence à la pratiquer pour équilibrer la circulation monétaire périodiquement sans qu’elle soit suivie de mesures appropriées pour éradiquer la fraude et l’évasion fiscale. La rentrée d’argent dans les caisses de l’Etat (grand succès pour la DGI !) fait oublier l’essentiel : moderniser l’économie, lutter contre la dépravation, la fraude et structurer l’informel qui persiste… L’Etat se comporte comme ses déshérités ; « donnez-leurs au ventre et ils oublient celui qui les a créés ». Le royaume a besoin de réformes pour relever les défis de l’émergence, de la démocratie et du développement durable.  

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