Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi
Les syriens ont battu le pavé, dans diverses villes du pays, ce samedi 15 mars 2025, au titre de la commémoration du 14ème anniversaire du soulèvement qui avait débuté, pacifiquement, le 15 mars 2011, pour réclamer « de la dignité, de la liberté et un avenir meilleur » mais qui avait été tellement réprimé par le régime de Bachar al-Assad, qu’il avait fini par donner le coup d’envoi de cette guerre civile qui a duré près de 14 ans et fait plus d’un demi-million de morts.
Avec pour mot d’ordre « la Syrie est victorieuse ! », plusieurs manifestations eurent lieu, non seulement à Damas, sur la place des Omeyyades, où, sous l’ancien régime, seuls les partisans d’al-Assad avaient le droit de se réunir mais, également, à Homs et Hama, au centre du pays, et à Idleb, cette ancienne place forte des rebelles au nord du pays où, malgré le jeûne du ramadan et une chaleur accablante, les manifestants étaient là en brandissant, bien haut, l’étendard du HTC mais aussi le nouveau drapeau syrien à trois étoiles, symbolisant la révolution, qui a été adopté par les nouvelles autorités syriennes et en brandissant des pancartes indiquant que « La révolution a triomphé ».
Mais, il convient de signaler, également, que pour la commémoration de cet anniversaire qui est le premier depuis la chute de l’ancien président Bachar al-Assad, et tout en bloquant les accès à la célèbre Place des Omeyyades de la capitale, les agents des « nouvelles » forces de l’ordre offraient des fleurs aux manifestants pendant que des chants révolutionnaires et islamiques fusaient des innombrables haut-parleurs et que les hélicoptères, militaires qui survolaient le rassemblement, larguaient des tracts disant : « Il n’y a pas de place pour la haine parmi nous ! ».
Or, après la signature, jeudi dernier, par le président par intérim, Ahmed al-Charaa, d’une déclaration constitutionnelle portant à cinq années la « période de transition », il a été reproché, à ce dernier, de ne chercher qu’à concentrer les pouvoirs sans protéger les minorités alors même que les massacres qui eurent lieu, quelques jours auparavant, à l’ouest du pays, auraient fait, selon l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme, au moins 1.500 morts dans les rangs de la minorité alaouite dont est issu l’ancien président al-Assad.
Mais, avec ces violences qui se sont multipliées depuis début-mars et qui se concentrent sur le littoral syrien, bastion de la minorité alaouite, une branche de l’islam chiite, dont est issu l’ancien leader Syrien, le moins que l’on puisse dire c’est que la Syrie se retrouve sur la corde raide et ce, d’autant plus que la présence de multiples factions armées aux allégeances diverses rend difficile le contrôle de la totalité d’un territoire multiconfessionnel et multiethnique ayant, désormais, à sa tête un ancien combattant d’Al-Qaïda.
Aussi, tout en appelant à « la fin immédiate de toute violence et à la protection des civils », et en se félicitant du fait que « la résilience des Syriens et leur quête de justice, de dignité et de paix se poursuit », l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a affirmé que les Syriens « méritent, à présent, une transition qui soit digne ».
Mais si ce n’est qu’après avoir promis de mettre en place un gouvernement d’union nationale incluant les femmes, les Druzes, les Chrétiens et les Alaouites, que le président par intérim a pu obtenir cette confiance de la communauté internationale qu’il pourrait perdre s’il ne parvient pas à mettre un terme à ces conflits ethniques au moment où l’Iran, la Turquie et Israël sont prêts à les attiser au risque de déclencher une nouvelle guerre civile, attendons pour voir…