C’est une édition riche en symboles qui commence ce samedi à Khouribga. La vingtième édition du festival du cinéma africain de Khouribga, qui s’ouvre ce samedi 9 septembre, s’achèvera le 16 septembre. La plus ancienne manifestation cinématographique fête en effet cette année son 40e anniversaire.
Ce qui est désormais connu sous le sigle du FCAk est né en effet en mars 1977 dans le sillage de la grande dynamique que connaissait l’activité des ciné-clubs. Dynamique impulsée par le président et fondateur de la fédération des ciné-clubs, Nour Eddine Saïl. Grâce à son réseau international, il a su donner au jeune festival (des rencontres à l’époque) ce qui va constituer leur ADN historique, à savoir cinéphilie et africanité. Maintenant que le Maroc a régularisé sa situation institutionnelle à l’égard de l’U.
A et a donné un coup d’accélérateur à sa dimension africaine, le choix des cinéphiles lors des années 1977 s’avère aujourd’hui non seulement d’une grande portée symbolique mais aussi bien pertinent que judicieux. Le cinéma a ainsi permis au Maroc de ne pas rompre avec ses racines et le crédit de Khouribga est d’avoir su maintenir contre vents et marées ce pont puisant dans l’imaginaire les racines d’un attachement mutuel.
Mais 2017 coïncide aussi avec des dates symboliques, notamment le dixième anniversaire de la disparition du maître du cinéma africain, Sembene Ousmane (décédé en juin 2007), notre grand aîné. Celui à qui le festival rend un hommage en donnant son nom à son grand prix. Sembene Ousmane reste en effet une figure incontournable de la cinématographie africaine tant il avait marqué sa jeune histoire par son engagement, sa vision et son sens de la fraternité africaine. Il rejoint dans ce panthéon un autre grand du cinéma africain Paulin Soumanou Vieyra disparu il y a trente ans. «Soumanou» pour les intimes fait partie du groupe des pionniers (Afrique- sur- Seine, l’acte fondateur remonte aux années 1950), mais est aussi la figure tutélaire de la critique africaine, lui assurant à la fois un ancrage culturel spécifique et une ouverture sur l’universel.
Et ce n’est pas un hasard si les organisateurs ont choisi une grande personnalité du monde des lettres et des arts pour présider le jury de cette édition, à savoir le poète et écrivain marocain Abdellatif Laabi, fin lettré, intellectuel à la parole libre mais aussi grand cinéphile engagé auprès des cinémas qui croisent le chemin des sept « crucifiés de l’espoir».
Ali Benali