«Demain»… ou quand les jeunes recherchent désespérément des lendemains meilleurs!

Théâtre

Mustapha Elouizi

Le théâtre est à la portée de tous et de toutes. C’est l’exemple que treize jeunes marocains ont donné, ce lundi soir 26 juin courant à la salle Bahnini à Rabat, lorsqu’ils ont joué la pièce intitulée : «Demain». Sous la direction artistique de la perfectionniste metteuse en scène Asmae Houri, des jeunes sans aucune expérience ni formation en théâtre, se sont appliqués à jouer, à interpréter et à libérer leurs énergies créatrices et leurs corps de tous les jougs d’un quotidien monotone meurtrier. Le résultat, dans quelques mois, est tout simplement épatant. La leçon elle est magistrale : Tout le monde peut faire du théâtre, voire tout le monde doit faire du théâtre. L’objectif étant d’élever le goût public et de semer la joie et l’espoir dans l’avenir. L’aventure chapeautée par le Centre Maher est bel et bien réussie.

Habillés en noirs, en signe de refus, de crispation et de protestation contre un vécu non prometteur, les jeunes commençaient par crier l’aujourd’hui, par pleurait les horizons douteux et par errer dans des espaces sans espoirs. Leurs mouvements, en individuel comme en collectif, leurs verbes et leurs traits de visages exprimaient un regret, une souffrance et un manque de confiance aux lendemains sans issues.

À l’aide d’une lumière symbiotique dirigée par Reda Abdellaoui, l’on pouvait bien voir que leurs postures comme leurs gestes ressentaient le poids du doute, la pesanteur de l’hésitation, et le fardeau de la peur, voire de l’angoisse dont souffrent les jeunes marocains.

Aux rythmes d’une composition musicale conçue excellement par l’artiste Rachid Bromi, les jeunes qui se sont reconvertis passionnément en comédiens, bougeaient en harmonie et en symbiose, au point que le public puisse y voir des chorégraphies où les corps déchaînés et les yeux rivés sur toute lueur d’espoir. Le luth comme le violon, instruments ayant marqué de manière imposante l’ambiance générale de la pièce, ont provoqué le sens et la signification. Des partitions lentes, inertes et craintives, aggravaient un psychique engourdis de sentiments de désespoir, de méfiance et d’errance. Le public ne peut que se rappeler, du moins le temps d’une pièce, l’univers d’une jeunesse en continuelle réflexion sur son avenir.

Et comme le théâtre sert aussi de médium majeur pour transmettre des messages positifs, dont l’espoir et l’envie voire l’attachement aux lendemains meilleurs, le sourire des comédiens, leurs mouvements assez vifs, leurs voix joviales et harmoniques et harmonieuses et les formes de solidarité créés sur la planche ont rejoint les rythmes musicaux ambiants et allègres de Rachid Bromi et Oussama Bourouaine pour donner lieu à une scène d’espoir et de croyance en des lendemains meilleurs et prometteurs.

Une dénonciation des politiques publiques dans le secteur de la jeunesse, un signal fort aux décideurs de prendre en compte les doléances d’une jeunesse énergétique certes, mais sans une réelle confiance en son avenir. Leur message est clair : Demain ne doit pas être une simple copie conforme d’un aujourd’hui déjà flou et imprévisible.

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