Le discours de Dakar : Un plaidoyer historique

Le discours adressé par le souverain à la nation à l’occasion du 41e anniversaire de la glorieuse marche verte est un discours historique à plus d’un titre. Non seulement parce qu’il est prononcé à partir d’un lieu original, la capitale sénégalaise Dakar, s’inscrivant ainsi par ce choix dans la continuité du dynamisme insufflé par le souverain à la politique africaine de notre pays, illustré entre autres par sa récente   visite  dans des pays de l’Afrique de l’est, mais historique aussi  par l’analyse développée autour de deux points qui retiennent l’attention de l’opinion publique à savoir : le retour du Maroc chez lui au sein de l’Union Africaine et les consultations en cours pour former le prochain gouvernement.

Sur les deux points, l’analyse royale a été pertinente, opportune, livrant sur les deux tableaux, plus qu’une feuille de route, un référentiel avec des objectifs nourris d’une éthique. Une éthique de l’africanité sommes-nous tentés de dire.

En effet, concernant le premier point, l’option africaine défendue par le souverain ne se réduit pas à une question classique «des affaires étrangères», c’est un choix stratégique. Le champ lexical convoqué, le ton utilisé dénotent éloquemment de la détermination marocaine sur cette voie et dans cette perspective le souverain a été très clair quand il a précisé que le retour du Royaume au sein de l’UA n’est pas une décision de circonstance obéissant à une quelconque «tactique» mais un choix mûrement réfléchi, décidé en toute souveraineté, sans en référer à qui que soit. C’est un retour chez soi, légitime et bénéficiant de larges soutiens. Une méthodologie globale et cohérente à l’égard de notre continent qui commence à porter ses fruits et qui connaîtra d’autres développements d’ici le prochain sommet de l’UA.

L’autre point important abordé par le discours royal concerne l’actualité politique et institutionnelle de notre pays. Il s’agit des consultations en cours pour la formation du nouveau gouvernement. D’emblée, le souverain trace le cap en affirmant que le pays a besoin d’un gouvernement «sérieux et responsable». Un gouvernement porté par le souci de servir l’intérêt général et répondre aux attentes des citoyens. Dans ce sens, il a souligné que former un gouvernement ne se réduit pas à une simple opération arithmétique et que la distribution des portefeuilles n’est pas le «partage d’un butin».

Et au souverain de rappeler sa conception et sa définition de ce qu’est un gouvernement, à savoir une entité forgée autour d’un programme avec des priorités clairement énoncées et avec des compétences pour différents secteurs. «Un gouvernement apte à aplanir les difficultés héritées des années passées, concernant le respect des engagements du Maroc vis-à-vis de ses partenaires», a insisté S.M le Roi Mohammed VI qui dit avec force sa détermination à veiller à suivre une telle méthodologie dans la constitution du nouveau gouvernement.

Aucun manquement ne sera toléré. La classe politique est ainsi avertie. La balle est dans son camp pour parvenir à réussir cet exercice complémentaire de la construction de l’édifice démocratique conforté par la légitimité démocratique et populaire issue des urnes.

Les deux points abordés par le souverain, l’Afrique et la démocratie, expriment une philosophie de l’action politique qui lie d’une manière dialectique et créatrice les niveaux internes (la démocratie) et internationaux (le positionnement africain) dans la perspective de consolider l’unité nationale et l’intégrité territoriale.

Le discours célébrant l’anniversaire de la marche verte est ainsi perçu comme un message fort adressé au monde comme quoi le Maroc est un acteur régional qui compte assumer pleinement son rôle dont le retour au sein de l’UA n’est qu’un prolongement naturel et légitime. C’est aussi un message clair aux forces politiques du pays pour activer le processus de parachèvement institutionnel entamé le 7 octobre avec un gouvernement homogène et efficace.

C’est ainsi que le discours de Dakar réussit cette éloquente synthèse avec un hommage rendu à l’Afrique et un rappel des priorités de la politique nationale.

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