Les sixties, une mémoire cinématographique vivante !

« Avant le déclin du jour » de Ali Essafi 

Intervenant à propos de son dernier long métrage « Avant le déclin du jour »,  Ali Essafi a répondu à plusieurs questions du public et a livré aux cinéphiles des « Jeudis Cinéma et Droits humains » un moment d’échange précieux animé par Fadoua Maroub, présidente de l’ARMCDH.

Commentant son film, « Ali Essafi nous plonge dans les années 70 au Maroc dans le but d’exhumer l’intense créativité d’une génération de pionniers qui ont cherché à inventer de nouvelles formes d’expression. »   Il a, dans ce cadre, précisé que cette période a connu la meilleure production artistique et culturelle interagissant avec l’écho des protestations des ouvriers et des étudiants. Cette création qui a connu la censure et la marginalisation.

Ce film, qu’il considère comme un album qui a pris une bonne dizaine d’années au moins pour le constituer, tente de sauvegarder et protéger une mémoire visuelle de notre histoire contemporaine pour qu’elle soit accessible aux générations futures.

L’objectif était, pour Ali Essafi, de récupérer cette mémoire cinématographique pour pouvoir se positionner dans le cheminement historique de la création marocaine.

Ceci, à travers un collage subjectif, qui chemine en liberté à travers des fragments éclatés d’archives visuels, d’images, d’audios, de photos, d’affiches et de textes sauvés de la destruction. Ali Essafi rajoute ainsi sa pierre à l’édifice dans la construction de cette mémoire cinématographique marocaine en révélant ce bouillonnement culturel et artistique de cette avant-garde foisonnante collective et individuelle et ce désir d’expérimentation.

A travers ce film Ali Essafi valorise avec brio cette époque oubliée de notre histoire contemporaine et donne envie d’aller à la découverte de ces archives audiovisuelles.

Par ailleurs, Ali Essafi a bien insisté qu’il a voulu rendre hommage à toute cette génération de pionniers qui ont cru que la création était porteuse d’ouverture et d’avenir et qui ont réussi à créer et à produire malgré l’interdiction, la marginalisation et la censure qui pesaient sur la liberté de création et la liberté d’expression. 

Rebondissant sur la question de l’impact de la censure sur les jeunes générations, Ali Essafi trouve que la censure est si profondément ancrée dans la société qu’elle en est venue à signifier autocensure, plus subtile mais plus sordide. Pour lui la censure, officielle, sociale ou auto-infligée, menace la création artistique et cinématographique et peut pousser la jeune génération de cinéastes à abandonner leurs projets et leurs rêves.

Plus loin, critiquant les différentes complications administratives dans le domaine du cinéma, Ali Essafi considère que les jeunes ne possèdent pas forcément les moyens de se constituer sous forme de société avec un capital entièrement libéré pour pouvoir créer. Il poursuit qu’il est inconcevable aujourd’hui de passer par des administrations pour demander une autorisation pour pouvoir tourner des images dans des lieux publics au moment où tout le monde peut filmer avec son téléphone et d’autres moyens encore plus sophistiqués. Une difficulté à laquelle s’ajoute l’absence de réponse ou des délais trop longs de réactions des administrations concernées. Ali Essafi dénonce également la restriction de l’accès aux archives pourtant rendues publiques, une situation contrainte pour les chercheurs et les créateurs. Il a dans ce cadre précisé que ces difficultés mettent à mal toute recherche historique et toute création et poussent tout simplement à abandonner.

L’Association des Rencontres Méditerranéenne Cinéma Droits de l’Homme – ARMCDH  a organisé dans le cadre des Jeudis Cinéma Droits Humains du mois d’Avril 2021, la  projection virtuelle du long métrage documentaire ‘’Avant le déclin du jour’’ du réalisateur marocain Ali Essafi qui était présent en live pour débattre autour de son film, le vendredi 30 avril 2021 à 17h00 sur la page facebook de l’ARMCDH www.facebook.com/armcdh .

Nous rappelons que cette projection-débat virtuelle est organisée dans le cadre du projet ‘ le cinéma plateforme pour la promotion des droits de l’Homme et de la citoyenneté’ cofinancé par l’Union européenne et l’Ambassade des Pays bas au Maroc.

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