La direction des études et des prévisions financières vient de publier une étude sur le secteur de l’aquaculture au Maroc. Le constat fait état de nombreuses difficultés qui entravent le développement de ce secteur qui représenté à peine 0,1% de la production mondiale des produits halieutiques et menacent même sa survie. Parmi les conclusions de l’étude l’on retient que le développement d’une aquaculture durable exige une approche écosystémique visant à optimiser la production en assurant la pérennité des services mobilisés pour la production aquacole.
L’aquaculture est devenue l’un des secteurs majeurs de la production alimentaire mondiale pour répondre à la demande en produits halieutiques de plus en plus accrue et permet, aujourd’hui, d’assurer près de la moitié de la production du poisson consommé dans le monde. En effet, dans un contexte mondial marqué par l’amenuisement de la ressource halieutique, la croissance de la production halieutique mondiale a été assurée essentiellement par le développement spectaculaire de l’aquaculture. Cet essor de la production aquacole est entièrement attribuable aux pays d’Asie qui ont contribué ensemble pour près de 91% à cette production durant les dix dernières années avec en tête la Chine (64%). Sur les autres continents, les pays comme la Norvège, le Chili et l’Egypte sont également parmi les premiers producteurs aquacoles dans le monde. La production aquacole au Maroc, quant à elle, ne représente pas plus 0,1% du total de la production halieutique nationale avec un volume de production annuelle moyenne ne dépassant pas 400 tonnes. Ce secteur s’est heurté à de grandes difficultés, aussi bien à l’échelle nationale qu’au niveau de ses débouchés externes, entravant sérieusement son développement et sa survie. Actuellement, l’aquaculture marocaine est axée principalement sur les huîtres plates et la palourde européenne dont l’élevage est pratiqué dans la baie de Dakhla et la lagune de Oualidia ainsi que sur le bar européen et la daurade royale produits par deux entreprises aquacoles exerçant encore leurs activités le long de la côte méditerranéenne (à M’diq). La nouvelle stratégie de développement du secteur des pêches maritimes au Maroc repose sur un axe majeur de la durabilité dont l’objectif est d’assurer une ressource exploitée durablement pour les générations futures. Cet objectif ne pourrait être atteint sans un véritable développement de l’aquaculture permettant de faire de ce secteur un moteur majeur de croissance. Selon cette nouvelle stratégie, l’aquaculture marocaine constitue un relais de croissance fort avec deux activités aquacoles phares en l’occurrence : la pisciculture et la conchyliculture, portant à moyen terme sur six principaux produits dont les huitres, les moules, palourde, la dorade, le bar et le maigre. A noter que, le Maroc dispose d’atouts significatifs (potentialités naturelles, infrastructures …) favorables au développement de l’aquaculture. Partant des objectifs de cette stratégie, l’examen des opportunités de commercialisation à l’échelle mondial des produits ciblés par la stratégie aquacole marocaine à travers l’analyse de leur dynamique par continent et des flux de leur échange, menée dans le cadre de cette étude, a permis de faire ressortir les constats suivants : La consommation du bar et de la dorade royale est en forte croissance depuis la fin des années 90, principalement en Europe, suite à la forte hausse des importations en provenance de la Grèce et de la Turquie.
Pour saisir les opportunités offertes et garantir les conditions de réussite de la nouvelle stratégie aquacole mise en oeuvre par notre pays, certains enjeux suscitent immanquablement diverses préoccupations d’ordre économique, environnemental et social et appellent à une coordination entre les différents intervenants dans le secteur. A cet effet, la stratégie gagnerait à tenir compte les principales suggestions suivantes : Promotion de la conservation et de la planification des côtes et des terres continentales pour une exploitation rationnelle des ressources. Aussi, la préparation de plans d’aménagement intégré de zones côtières surtout dans les pôles de développement de l’aquaculture, s’impose avec acuité pour mieux apprécier les potentiels et assurer une exploitation durable.
La création d’un contexte favorable à la promotion de l’aquaculture nécessite le renforcement et l’amélioration des infrastructures publiques dont, notamment, les accès routiers aux zones identifiées comme ayant un fort potentiel pour l’aquaculture. Renforcement des moyens de financement. Le soutien financier direct aux opérateurs du secteur privé en tant qu’exploitants aquacoles et en tant que fournisseurs d’aliments pour l’aquaculture est vital pour le processus de lancement de projets d’aquaculture. Ce soutien devrait inclure la mise en place d’un programme de micro-financement pour les plus petits opérateurs et des financements à des taux d’intérêt raisonnables ; L’encouragement des investissements étrangers et des partenariats entre les investisseurs étrangers et les entrepreneurs locaux est de nature à renforcer le financement de l’activité aquacole et le transfert de l’expertise technique et de gestion.
La diversification des débouchés devrait être basée sur des stratégies d’inspection des marchés, en se concentrant sur l’étude de leur potentiel et leur promotion.
Le modèle de développement de l’aquaculture marocaine devrait être adapté à ses propres ressources et ses conditions spécifiques. Les ressources hydriques, les coûts de production et les structures de prix, les marchés, n’étant pas les mêmes que dans d’autres pays concurrents (la Chine, le Viet Nam, la Norvège, le Chili, la Grèce, la Turquie et l’Egypte), le Maroc devrait, dès lors, concevoir son propre positionnement en tenant compte de ses potentialités et de son ambition à moyen et long termes.
(MAP)