Et ce devant le représentant de l’autorité de tutelle. Que s’est-il passé ?
Le ton a été donné dès la première intervention dans le cadre des «points d’ordre». Un élu de Moulay Rchid qui était jusque-là élément fidèle de la «machine à voter» de Sajid a arrosé le maire par des questions on ne peut plus embarrassantes. En filigrane, il l’accusait ouvertement de tisser des manœuvres pour mettre la main sur des biens immobiliers de la ville ou les céder dans des conditions douteuses. C’est le cas d’un lot de terrain à Sidi Bernoussi d’une superficie de pas moins de 70 hectares expropriés il y a plus de 30 ans au profit de la commune et que le maire cherche à restituer à ses propriétaires. C’est le cas également de la transformation d’une partie d’une maison de bienfaisance à Mers Sultan en kissariat avec la construction de 70 locaux commerciaux dans la zone de Grigwane sans consultation et sans l’aval du Conseil de la ville. Dans cette zone, la valeur d’un local commercial dépasse les deux millions de dirhams !
Les élus se sont aussi interrogé sur la décision du maire d’exonérer l’entreprise espagnole «Parkingnon», gérant les parkings à Anfa, de payer 3500 places en violation flagrante du cahier des charges. De même, les élus de la ville ont interpellé le président Sajid sur la démarche qu’il aurait entreprise pour recaser des bidonvillois installés sur son Lotissement «Bouchra» en les incluant dans le projet des employés de la Commune !
La passation des marchés a été également fortement soulevée pour non affichage des critères de cession sur Internet et aussi pour avoir privé des élus et des citoyens d’assister à l’ouverture des plis alors que les séances sont publiques.
Le point concernant la cession des parcelles de terrain, «restes des routes», à des particuliers a suscité aussi l’ire de l’ensemble des élus. Ces derniers ont cité dans ce cadre un lot de terrain d’une superficie de 800 m2 en Californie que Sajid a déjà cédé informellement à l’un de ses voisins qui l’exploite comme jardin de sa villa. Un autre lot de terrain à Maârif d’une superficie de pas moins de 300 m2 était aussi sur la liste des parcelles, «restes des routes», que le maire comptait «vendre». Ces lots de terrain devraient normalement servir pour la création d’espaces verts, surtout que les habitants de Casablanca sont condamnés à se contenter d’une parcelle de verdure dérisoire, à peine 1m2 pour chaque habitant, beaucoup moins que la norme requise, 10 m2.
Dans sa réponse, le maire, visiblement perturbé, s’est contenté d’aller dans des généralités en étalant les projets structurants lancés par l’Etat dans la ville. Ce qui a provoqué la colère de l’ensemble des élus qui ont transformé la salle par leurs cris en un boucan d’enfer. N’ayant pas parvenu à gérer la séance, le maire s’est trouvé dans l’obligation de filer à l’anglaise, laissant la lourde tâche à son premier adjoint Ahmed Brija. Juste après, les groupes des élus du RNI et ceux du MP se sont retirés en signe de protestation contre cette manière de gérer les séances de la session. A signaler que tous les points ayant trait au foncier ont été reportés. Les autres ont été approuvés par une vingtaine de membres présents dans la salle à l’exception de cinq élus du parti de l’Istiqlal qui ont voté contre. La séance fut levée vers 21 heures 30 minutes sur fond de protestation et d’échanges d’insultes entre les élus proches de Sajid et les autres.