Conseil de Sécurité : La question birmane à l’ordre du jour

Attendons pour voir …

Bien que deux mois se soient écoulés depuis le renversement du gouvernement d’Aung San Suu Kyi par l’armée birmane, la répression qu’exerce cette dernière sur la population n’a pas faibli mais, au contraire, redoublé d’intensité. Ainsi, si ce mardi 8 personnes ont été froidement abattues par les forces de l’ordre, l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), a évoqué la mort de plus de 520 civils, depuis le 1er Février dernier alors que des centaines d’autres seraient détenus au secret ou portés disparus.

Mais, en s’accentuant, la répression a déclenché la colère de la vingtaine de mouvements de rebelles à la junte militaire birmane que compte le pays et notamment celle des plus importants d’entre eux – à savoir, l’Union nationale karen (KNU) et l’Armée pour l’indépendance kachin(KIA) – qui ont lancé plusieurs attaques contre les forces de sécurité. Ainsi, à en croire  un média local, ce mercredi des roquettes ont été lancées en direction d’un commissariat de police à Bago, au nord-est de Rangoun et blessé cinq policiers. Mais bien que cette attaque n’ait pas été revendiquée, il y a lieu de rappeler que la KNU s’était emparée le week-end dernier d’une base militaire ; ce qui avait déclenché des frappes aériennes de l’armée comme il n’y en a jamais eu dans cette région depuis 20 ans et qui ont fait de nombreux blessés et contraint quelques 3.000 personnes à fuir vers la Thaïlande voisine. Or,  seules 550 d’entre elles ont pu franchir la frontière alors que les autres ont été refoulées et même empêchées d’entrer en contact avec les organisations humanitaires.

En réponse aux raids aériens effectués de la junte, la KNU a officiellement déclaré qu’elle n’a pas d’autre choix que celui de « faire face aux graves menaces posées » par l’armée birmane et de soutenir « fermement le mouvement populaire contre le coup d’Etat »

Lui emboitant le pas, trois autres factions rebelles, dont la puissante « Armée d’Arakan » (AA) ont menacé l’armée de représailles si elle ne met pas un terme à sa campagne de terreur et aux violences qu’elle inflige aux civils et Washington a ordonné de nouvelles sanctions contre la junte militaire au pouvoir et demandé à ses diplomates de quitter le pays.

Mais, suite à la demande faite par Londres, les quinze membres du Conseil de Sécurité des Nations-Unis ont tenu, ce mercredi, une réunion à huis-clos destinée, selon Tom Andrews, le rapporteur spécial de l’ONU sur la Birmanie, à « couper les moyens financiers de la junte (…)  et à renvoyer les responsables des atrocités devant la Cour Pénale Internationale ». Y parviendront-ils ? Difficile quand les Nations-Unies sont divisées sur ce dossier car si, d’un côté, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé une nouvelle salve de sanctions contre la junte militaire birmane, il ne faut pas oublier que, de l’autre côté, se tiennent la Chine et la Russie qui refusent toujours de condamner officiellement le coup d’Etat ayant évincé Aung San Suu Kyi et son gouvernement et que Moscou souhaiterait même renforcer sa coopération militaire avec le nouveau régime.

C’est ainsi qu’à l’issue d’une réunion qui aura duré un peu plus de deux heures, le projet de texte obtenu par l’AFP n’évoque aucune sanction mais exprime sa « profonde inquiétude », condamne le coup d’Etat, demande une « libération immédiate » des personnes illégalement détenues et réclame, enfin, la levée de l’état d’urgence proclamé pour une année. Est-ce suffisant pour ramener la paix en Birmanie ? Difficile d’y croire mais attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI  

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