Israël : Chasse aux sorcières

La commission a également approuvé en principe un second projet de loi visant à priver de leur nationalité des Arabes israéliens reconnus coupables d’espionnage ou d’autres activités au profit d’une «organisation terroriste», selon une source gouvernementale. «La commission ministérielle des lois a approuvé un projet de loi visant à retirer les avantages dont bénéficient des membres du Hamas détenus par Israël», ont annoncé trois députés israéliens qui ont eu l’initiative de cette proposition de loi.

«L’objectif est de donner au gouvernement les moyens de faire pression sur les groupes terroristes pour les amener à accepter un accord d’échange de prisonniers», ont-ils affirmé, accusant les mouvements palestiniens de garder Gilad Shalit «dans des conditions inadmissibles et inhumaines». Dans un communiqué publié à Gaza, le Hamas a averti qu’il ne céderait pas à la «pression» d’Israël.

«Si l’ennemi est persuadé que ces mesures injustes feront pression sur les factions (palestiniennes, qui détiennent Gilad Shalit: ndlr) pour qu’elles changent leur position sur l’échange (de prisonniers), il se trompe», affirme le ministre du Hamas pour les prisonniers, Mohammed al-Ghoul, dans ce texte. «Ce genre de politique ne peut conduire qu’à la déception et l’échec», ajoute le communiqué. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, exige la libération d’un millier de Palestiniens détenus par Israël, dont des responsables de sa branche militaire accusés d’implication dans des attentats meurtriers, en échange du sergent israélien.

Israël et le Hamas se rejettent la responsabilité de l’échec des dernières négociations sur un échange, menées par le biais de l’Egypte et d’un médiateur relevant du service de renseignements allemand. En Israël, l’association israélienne de défense des droits de l’Homme, B’tselem, a dénoncé le projet de loi du gouvernement Netanyahu. «Même si le Hamas viole le droit international en détenant comme il le fait le soldat Shalit, Israël en tant qu’Etat démocratique ne peut suivre son exemple», a déclaré à l’AFP la représentante de B’Tselem Sarit Michaeli. Avant d’entrer en vigueur, une telle proposition de loi doit encore être adoptée en trois lectures successives par le Parlement, un processus accompagné en règle générale de modifications substantielles. Capturé à la lisière d’Israël et de la bande de Gaza en juin 2006 lors d’une opération revendiquée par la branche armée du Hamas et deux autres groupes armés palestiniens, le soldat Shalit qui a également la nationalité française n’a reçu aucune visite ni du Comité international de la Croix-Rouge, ni de sa famille, ni d’avocats.

Selon les propositions des trois parlementaires, les détenus palestiniens ne seraient désormais autorisés à être visités que par leurs avocats et non leur familles et une fois par trimestre par les représentants du CICR. Des restrictions devraient en outre affecter leurs conditions de vie. Ils ne seraient ainsi plus habilités à poursuivre en prison des études universitaires, et ne pourraient pas non plus regarder la télévision câblée ou recevoir des journaux et des livres.

Plus de 7.000 Palestiniens, dont 270 âgés de moins de 18 ans, sont détenus par Israël, selon le Bureau central palestinien des statistiques.

D’un autre coté, Le procès d’une jeune Israélienne accusée d’«espionnage aggravé» pour avoir divulgué aux médias des informations militaires classées secrètes, s’est ouvert lundi à huis clos devant le tribunal de district de Tel-Aviv. Anat Kam, 23 ans, risque une peine de prison à perpétuité pour «divulgation de documents secrets avec l’intention de porter atteinte à la sécurité de l’Etat» durant son service militaire obligatoire entre 2005 et 2007.

La première audience a été consacrée, comme c’est la règle, à la lecture de l’acte d’accusation. Le procès doit reprendre en juillet. En attendant, la jeune femme assignée à résidence depuis cinq mois, ne pourra pas sortir de son domicile.

Kam est accusée d’avoir profité de ses fonctions de secrétaire du général Yaïr Naveh, alors chef de la région militaire centrale -qui couvre la Cisjordanie occupée- pour s’emparer de quelque 2.000 documents classés «Top secret». Elle reconnaît avoir agi pour des motifs idéologiques. «Il était important pour moi de porter à la connaissance du public les méthodes de l’armée. Au regard de l’Histoire, ceux qui ont mis en garde contre des crimes de guerre ont été pardonnés», a-t-elle confié aux enquêteurs, selon la presse.

Son avocat, Avigdor Feldman, a souligné que sa cliente «avait libre accès à l’ordinateur personnel du général Naveh, et y avait découvert des consignes contraires à un arrêt de la Cour suprême» et qui heurtaient sa conscience. Selon l’acte d’accusation, Anat Kam a transmis la plupart de ces documents à un journaliste du quotidien Haaretz (gauche), Uri Blau, qui les aurait finalement restitués à l’armée. Le journaliste, qui séjourne en Grande-Bretagne, a choisi de ne pas regagner Israël avant d’avoir des garanties qu’il ne serait pas poursuivi, selon son avocat. Grâce à ces documents, le journaliste avait publié une série d’articles relatifs à des détails opérationnels et des méthodes controversées de l’armée. L’un d’eux indiquait que les soldats avaient reçu pour directive de mener des assassinats ciblés contre des activistes palestiniens du Jihad islamique alors qu’il aurait été possible de les arrêter, en contradiction avec un arrêt de la Cour suprême.

 

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