Le Maroc, 1er platforme de contrefaçon des montres suisses

La contrefaçon des marques au Maroc fait parler d’elle au niveau international. Au total, ce sont 180 000 montres suisses contrefaites qui ont été saisies au Maroc par la fédération horlogère Suisse (FHS). Le Royaume devance ainsi les Emirats-arabes-unis qui se classent en 2e position avec une saisie de 176 000 montres suisses contrefaites.

C’est dans une interview accordée en décembre à la radio suisse RFJ que Jean Daniel Pasche, président de la FHS a fait cette révélation. Sur les 400000 pièces contrefaites que la fédération a saisies dans l’extrême orient en 2015, le Maroc se taille près de la moitié. En Turquie et en Grèce, la tendance à la contrefaçon serait relativement moindre d’après les chiffres révélés par le président de la FHS. Ce sont 90 000 pièces qui ont ainsi été arrêtées. Entre autres mesures déployées pour combattre la contrefaçon, la FHS aurait débusqué les fausses annonces de vente de montres sur les réseaux sociaux et les sites d’e-commerce. Au total, 560 000 montres suisses contrefaites auraient été ainsi retirées de la vente.

La contrefaçon est aujourd’hui prépondérante dans les pays émergents. Elle semble d’ailleurs difficile à éradiquer. La FHS a indiqué dans ce sens que le renforcement de l’outil juridique ne suffirait pas pour éradiquer la contrefaçon. Il serait nécessaire d’accentuer l’action sur le terrain. Si l’on s’en tient à la réputation de la FHS dans la lutte contre la contrefaçon, ce qui lui a valu un prix de l’association internationale des marques en mai 2015, les chiffres avancés par la fédération sur la contrefaçon au Maroc seraient crédibles. Qui plus est, la propension à la contrefaçon des marques au niveau national est un secret de polichinelle. Le fléau aurait un impact significatif sur le tissu économique national.

Dans son dernier rapport de 2013, le comité national pour la propriété industrielle et anti contrefaçon (CONPIAC) tirait la sonnette d’alarme contre l’impact de la contrefaçon sur l’économie marocaine. Le phénomène coûterait 1,3% du produit intérieur brut (PIB), soit l’équivalent de 12 milliards de dhs. Ce sont 30000 emplois qui seraient ainsi perdus. Autre chiffre non pas moins important, la contrefaçon au Maroc générerait une perte fiscale de près d’un milliard de dhs. De 2008 à 2011, ce sont près de 600 affaires liées à la contrefaçon qui auraient été jugées dans les tribunaux de commerce de Tanger, Oujda, Agadir et Casablanca. Aujourd’hui, le phénomène de la contrefaçon au Maroc taraude non seulement les marques internationales mais aussi les consommateurs, les organisations de propriété industrielle. Comment la dissiper ? Les solutions foisonnent, entre reconversion des systèmes productifs locaux, la modernisation des circuits de distribution informelle, le développement de la normalisation sur le marché intérieur, mais ne parviennent pas jusque-là à mettre fin au phénomène de la contrefaçon au niveau national.

Danielle Engolo

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