Entretien avec Mohamed Majout, entraîneur spécialisé en boxe à Paris
Par : Mohamed Abou Ghali
Mohamed Majout Hnazzaz est l’un des cadres marocains qui travaillent depuis des années dans la formation et l’encadrement des jeunes en boxe. Son club jouit d’une excellente réputation et il entretient des partenariats avec des institutions françaises, tant du secteur privé que des conseils élus de la capitale française…
Malgré les nombreuses années passées en France, il est resté attaché au Maroc, sa terre ancestrale, comme en témoignent les nombreuses activités caritatives, solidaires et humanitaires que son club organise tout au long de l’année…
Nous avons réalisé avec lui cette interview à Paris.
Pouvez-vous nous dire qui est Mohamed Hanzzaz ?
« Mohamed Hanzzaz est né en 1967 dans la région de Brediya, près de Meknès. J’y ai grandi avant de partir, jeune, en France. À l’époque, nos choix étaient limités, le football ou la boxe ».
« Je n’aimais pas le football et je me suis tourné vers la boxe. J’ai commencé à pratiquer, à m’entraîner et à participer à des compétitions jusqu’à ma retraite à l’âge de 33 ans. Un obstacle majeur a freiné ma carrière : le refus de mon père de me permettre d’obtenir la nationalité française. Malgré mes bonnes performances, je n’ai pas pu participer aux grandes compétitions sous le nom de la France, car il fallait que je remporte le championnat de France pour concourir aux championnats d’Europe et du monde. »
« Cet obstacle a eu un impact sur ma carrière de boxeur, mais, grâce à Dieu, j’ai trouvé mon bonheur dans la boxe en tant qu’entraîneur, éducateur et formateur. J’encadre des pratiquants de tous âges et de différentes nationalités, y compris des Marocains. »
Vous avez fondé, ensuite, votre propre club de boxe ?
« J’ai fondé un club avec un ami, Saïd Bouzid, qui se trouve à Essaouira, où nous avons ouvert le club “Essaouira Mogador”. Nous avons également fondé un autre club ici à Paris en 1995, inauguré officiellement qu’en 2003.
Après un certain temps, mon ami Bouzid est retourné au Maroc, tandis que je suis resté ici. J’ai d’abord été basé à Ballino avant de m’installer à Saint-Denis, où j’ai décidé de rester jusqu’à aujourd’hui.
Depuis combien de temps ce club existe-t-il ?
« Cela fait 15 ans que nous sommes à Saint-Denis, et, grâce à Dieu, nous jouissons d’une excellente réputation et de la confiance de tous. »
Le club a-t-il produit des champions ?
« Bien sûr. Le club a formé des champions de France et des Marocains. Nos meilleurs talents ont évolué grâce à notre encadrement, en veillant à concilier les aspects sportifs, éducatifs et académiques… »
Y a-t-il des Marocains parmi eux ?
* Oui, il y a des membres de la communauté marocaine et maghrébine en général. Je voudrais mentionner le nom de Faroun, un champion africain originaire d’Essaouira, qui s’entraîne dans notre club. Il a récemment participé au Championnat d’Afrique qui s’est tenu en avril dernier au Maroc. Il vient s’entraîner ici et lors de notre grande manifestation annuelle de boxe en avril prochain, Faroun aura une nouvelle chance de concourir pour le titre…
Quelle est votre relation avec la boxe marocaine, en particulier avec les responsables de la fédération et les boxeurs, hommes et femmes ?
« Lorsque Khalid Rahilou a fondé le groupe professionnel, j’étais avec lui au début. Mais j’ai quitté par la suite pour des raisons personnelles. A l’avenir, nous participerons à des combats de boxe professionnelle et nous y travaillons sérieusement. Tous mes amis sont au Maroc. J’essaie d’aider tout le monde quand j’en ai la possibilité. »
« À propos de mes amitiés au Maroc, je tiens à remercier M. Mohamed Mahjoubi, président de l’Association des anciens boxeurs marocains. Nous travaillons en partenariat avec lui. C’est une personne aimable, toujours à l’écoute des autres, avec un grand cœur… »
Que pensez-vous des résultats des boxeurs marocains aux derniers Jeux olympiques, où ils ont été éliminés dès les premiers tours ?
« Parfois, c’est dû à la malchance, parfois à un manque de préparation, et quelques fois à des erreurs d’arbitrage. Le niveau des boxeurs peut aussi être en cause, car ils ne sont pas capables de livrer les performances attendues. Cela est aussi lié au rôle de la direction technique. »
« En général, je ne peux pas aborder tous les aspects du sujet, car je ne suis pas au courant de tous les détails, que ce soit en termes de préparation ou de conditions d’entraînement… »
Votre association ne se limite pas au sport. Elle s’engage également dans des activités caritatives, notamment au Maroc…
« Bien sûr, avec mon ami Saïd Bouzid nous avons fondé une association appelée A.M.S., qui signifie “Association Atlas Majout pour la Solidarité”, et “Amz” en amazigh signifie “prendre”. Je mène ces activités depuis des années, depuis 1998. En 2005, nous avons commencé à agir officiellement à travers une association légale. Notre première activité a été l’organisation d’un championnat du monde de boxe française, où nous avons organisé une grande manifestation sur la place publique à Essaouira. Nous avons également réalisé de nombreuses actions caritatives et solidaires… »
« A juste titre, nous avons creusé 67 puits. Chaque rentrée scolaire, depuis 2005, nous distribuons des fournitures scolaires aux élèves dans toutes les régions du Maroc, pas seulement dans la campagne de Meknès dont je suis originaire. »
« Nous aidons également pour l’Aïd al-Adha, fournissons des aides pendant le mois de Ramadan ainsi que des médicaments. En général, nous nous efforçons de contribuer autant que nous le pouvons aux actions caritatives et humanitaires… »
Vous êtes venu en France très jeune et vous y avez passé la majeure partie de votre vie, mais vous avez maintenu des liens avec le Maroc. Quel en est le secret ?
« Le Maroc reste mon pays d’origine. Personne ne peut oublier sa mère, où qu’il aille, même s’il vit, mange et élève des enfants dans un autre pays. Nous sommes une génération étroitement liée à notre pays d’origine. Personnellement, j’ai demandé à mes v de m’enterrer sur les terres de ma campagne au Maroc, pour rester à jamais connecté à mon pays et à mes racines… »