Les négociations de paix inter-yéménites qui ont débuté ce jeudi, sous l’égide de l’ONU, se poursuivent dans le centre de conférences du château de Johannesberg, à une soixantaine de kilomètres de la capitale suédoise.
A l’étude figurent la situation économique désastreuse dans laquelle est plongée le pays, la mise en œuvre de l’accord sur l’échange des prisonniers, le contrôle de la ville portuaire de Hodeida qui est le point d’entrée de l’aide humanitaire et, enfin, la réouverture de l’aéroport international de la capitale Sanaa fermé depuis son occupation par les rebelles houtis lors du déclenchement du conflit en 2014 et son bombardement par l’aviation de la coalition menée par l’Arabie Saoudite.
Mais même si, ce samedi, le ton entre les deux camps semblait être encore tendu ceux-ci s’accusant mutuellement de «manque de sérieux», des responsables onusiens se sont quand même félicités de «l’esprit positif» qui a prévalu lors des discussions tout en soulignant qu’«il faut faire la part des choses entre les déclarations publiques et le discours en coulisses». Et si, dans un communiqué, le médiateur onusien, Martin Griffiths, a souligné la bonne volonté des protagonistes, il a quand même appelé ces derniers à «la retenue» car la situation reste encore «très fragile» sur le terrain.
Khaled Al-Yémani, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement en exil à Aden a fait part, ce samedi, de l’entière disposition de la délégation qui l’accompagne, à «ouvrir l’aéroport de Sanaa car cela aidera beaucoup les Yéménites». Il ajoutera, également, qu’«il y a des milliers de Yéménites qui veulent voyager et retourner dans leur pays sans avoir à supporter de longs trajets dans d’autres aéroports. Nous proposons que l’aéroport d’Aden soit le principal aéroport souverain de la République et que les autres aéroports du pays soient réservés aux vols intérieurs».
Mais même si cette proposition a été rejetée par les houtis au motif que des villes comme Aden, contrôlées par le gouvernement, ne doivent pas être des points de transit, Abdelmalik Al Hijri, le chef de la délégation des rebelles, a reconnu qu’«il y a eu un dialogue utile concernant l’ouverture de l’aéroport de Sanaa».
L’ONU propose, par ailleurs, que la coalition militaire progouvernementale placée sous commandement saoudien arrête ses tirs sur la ville portuaire de Hodeida en contrepartie de son évacuation par les rebelles houtis pour que celle-ci puisse être mise sous la double-tutelle des deux belligérants et sous la supervision des Nations-Unies.
Cette solution de démilitarisation de Hodeida convient aux Houtis qui, d’après Mohammed Abdoussalam, le chef de leur délégation, voudraient faire de cette ville « un centre économique pour tous les yéménites.
Dans un rapport publié ce samedi par l’ONU, 20 millions de yéménites sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire selon la FAO, le PAM et l’UNICEF. Aussi, s’avère-t-il urgent de se pencher, avec toute la bienveillance requise, sur l’ouverture de corridors humanitaires.
Cette fois-ci, la paix serait-elle au bout du chemin ? Osons l’espérer et attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi