Le moment était une occasion pour un échange plus ample concernant la réalité de l’enseignement supérieur et les moyens et méthodes qu’il faut mettre en place pour que l’université ait la place qu’elle mérite dans le tissu économique marocain.
Dans le cadre des préparatifs du 8è congrès national, le parti du progrès et du socialisme (PPS) a organisé samedi 22 mai, à la faculté des sciences et techniques à Mohammedia, le forum national de l’enseignement et de la recherche scientifique. Cette rencontre a été placée sous le signe «Programme d’urgence et enjeux de la nouvelle université». D’éminents chercheurs, cadres et militants du parti ont pris part à cet événement de taille pour diagnostiquer la situation désastreuse dans laquelle se trouvent nos établissements de l’enseignement supérieur. Lors de son intervention, le secrétaire général du PPS, Ismail Alaoui, a souligné les défaillances de ce secteur qui a enregistré, notamment ces dernières années, une certaine stagnation, voire une régression a-t-il indiqué. Ismail Alaoui a également tiré la sonnette d’alarme sur un phénomène grave, celui de la baisse du nombre des étudiants inscrits dans les universités surtout après l’année 2006. Le nombre des étudiants inscrits dans les universités «classiques» ne dépasse pas les 300.000. Un chiffre qui reste en deçà des attentes, si on se compare avec un pays voisin qui est la Tunisie.
En fait, le système d’enseignement supérieur est caractérisé par un double aspect, si ce n’est par une disparité, a-t-il martelé. Plusieurs instituts et écoles supérieurs sont affiliés au ministère de l’éducation nationale, d’autres à d’autres secteurs ministériels, sans compter les universités privées. Est-ce que cela ne va pas produire des effets négatifs, reproduisant un enseignement supérieur avec des vitesses différentes ? s’interroge Ismail Alaoui. Autre élément d’importance avancé par le secrétaire général du parti, celui du hiatus existant entre des établissements où font défaut les outils nécessaires pour l’accomplissement de leurs missions, et d’autres dotés de moyens énormes, mais inefficaces en matière de production scientifique. Dans cet ordre d’idées, il est urgent de s’atteler à mettre en place un enseignement supérieur de qualité. L’équation est simple selon le secrétaire général du PPS. On ne peut point parler d’un enseignement supérieur de haute qualité sans recherche scientifique. Evidemment, cette dernière requiert également des professeurs compétents et expérimentés.
Pour sa part, le secrétaire général du ministère de l’Education nationale, Abdelhafid Eddabagh, a mis l’accent sur les contraintes entravant le développement de l’enseignement au Maroc. Notamment la déperdition scolaire, l’inadaptation des diplômes avec le marché de l’emploi entre autres. Ainsi, et dans le dessein de promouvoir le système d’enseignement, l’Etat a consacré une enveloppe budgétaire s’élevant à 12,6 milliards de DH pour la période 2009-2010.
De son côté, Rahma Bourkia, présidente de la faculté Hassan II de Mohammedia, a focalisé son intervention sur le défi que doit relever l’université publique. Pour elle, le premier enjeu consiste d’abord à former des compétences nécessaires. Cette formation doit en outre s’étendre à l’aspect de la citoyenneté, et à la concrétisation des valeurs démocratiques. La sociologue a évoqué la vraie mission de l’université, celle de la production du savoir, et la contribution aux questions stratégiques qui préoccupent la société (Pluralisme politique, culturel…) d’autre part, elle a souligné les défis auxquels est confronté l’université. «Nous vivons actuellement dans un monde sans frontière, notre objectif est de former des étudiants capables d’affronter le marché international» Et d’ajouter que cela recommande d’abord de doter les jeunes des clés de la réussite à savoir la maîtrise des langues vivantes et les techniques des sciences numériques. Cela ne peut se réaliser que par la signature des partenariats avec les universités étrangères, a-t-elle indiqué. Qui plus est, l’amélioration de notre système d’enseignement supérieur exige de définir les problématiques et objectifs, de diagnostiquer les défaillances, d’opter pour la transparence dans la méthodologie de travail, et d’élaborer des plans pour chaque université, a ajouté la présidente de la faculté Hassan II. Cependant, le plus important pour elle est d’atteindre des résultats chiffrés et mesurables.