Quels facteurs pour réussir l’opérationnalisation?

Zlecaf

L’accélération de l’opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), lancée en janvier 2021, s’impose aujourd’hui avec acuité, eu égard au contexte poly-crises actuel

Mise en place avec pour dessein d’exploiter le potentiel fort et diversifié des économies de l’Afrique, la Zlecaf parie, en effet, sur un élargissement du commerce intra-africain et une élimination de la fragmentation économique au sein du continent.

Promouvoir l’intégration économique en Afrique conformément à l’Agenda 2063, créer une Union douanière continentale, libéraliser le commerce intra-africain et favoriser un développement socio-économique durable, intégré et inclusif- pour n’en citer que quelques-uns, sont les principaux objectifs de ce projet ambitieux.

Le choix de tracer, de manière collective, une nouvelle voie vers un Continent plus développé, plus innovant, plus égalitaire et plus durable, constitue ainsi le bouclier de protection contre les chocs contemporains que l’Afrique continue de subir de plein fouet.

Quels sont, alors, les facteurs structurels qui déterminent le succès du programme d’intégration de la Zlecaf, et comment assurer sa convergence avec la dynamique que connaît chaque pays membre ?

De l’avis de l’économiste et Senior Fellow au Policy Center for the New South (PCNS), Larabi Jaïdi, « toute la difficulté est de trouver des voies et politiques communes permettant d’impulser une dynamique vertueuse à ce projet ambitieux qui réunit plus d’une cinquantaine de pays, et d’accroître les échanges entre les pays africains, qui ne dépassent pas 15% aujourd’hui et qui peuvent atteindre les 40% dans un délai de 20 ans ».

Dans une interview accordée à la MAP, Mr. Jaidi a mis en exergue l’impératif de réunir un certain nombre de conditions pour faire réussir ce projet continental d’envergure.

Ainsi, selon l’expert, et après la ratification de l’accord par les pays concernés, action préalable à l’entrée en vigueur de la ZLECAf, s’impose la première condition qui consiste en la levée des barrières douanières.

Ce démantèlement, précise M. Jaidi, nécessite, à lui seul, un accord qui prend en compte la catégorie de chaque produit. « Il y a des produits qui peuvent bénéficier d’une suppression totale des droits de douane, tandis que d’autres nécessitent un passage progressif par période », soutient-t-il, soulignant la nécessité de considérer les caractéristiques et le degré de granularité de chaque produit dans l’établissement d’une nomenclature unique, permettant d’éviter tout conflit d’interprétation.

Quoique complexe, l’achèvement de ce processus n’est pas suffisant, tient à souligner M. Jaidi, mettant en relief l’importance de l’élimination des barrières non tarifaires en tant qu’étape suivante, incontournable pour la création d’échanges additionnels, de l’emploi et surtout du bien-être.

Destinées à décourager indirectement le commerce extérieur, les barrières non tarifaires contiennent notamment des barrières d’ordre technique (transport, communication, etc.), des barrières liées à la réglementation et celles relatives aux règles d’origine, explique l’expert, précisant qu’il est fondamental de résoudre toutes les questions liées à cette catégorie de barrières, pour accélérer la création d’une véritable dynamique vertueuse de libéralisation des échanges intra-africains, dans le cadre du projet de la Zlecaf.

Par ailleurs, M. Jaidi, qui revient sur les acquis des Communautés économiques régionales (CER) en tant que levier incontournable de ce projet, relève que la Zlecaf est déjà soutenue par quelques avancées réalisées à l’échelle de chacune de ces communautés, ayant enclenché un processus de libéralisation de leurs échanges depuis des années, mais à différents degrés.

Ces CER, à l’instar de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), enregistrent des avancées très différentes les unes par rapport aux autres en ce qui concerne le démantèlement tarifaire.

« Certaines ont déjà assuré leur démantèlement interne et sont même allées plus vers la levée de quelques barrières non tarifaires et l’instauration d’un Tarif extérieur commun (TEC). C’est ce qu’on désigne par une union douanière », explique-t-il.

Le passage de la Zone de libre-échange à une union douanière signifie que les pays ne se limitent pas à la libéralisation des échanges entre eux, mais se définisse en tant que pays partageant la même politique du commerce extérieur vis-à-vis du reste du monde, exprimée sous forme d’un TEC.

La Zlecaf doit donc s’appuyer sur les acquis des CER pour réussir l’élargissement et la libéralisation des échanges pour aboutir à un projet beaucoup plus global, souligne M. Jaidi, affirmant que le défi majeur aujourd’hui est de « niveler l’évolution de ces communautés ».

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