Un responsable UE salue «l’engagement fort» de la société civile marocaine

Abolition de la peine de mort

Le chef adjoint de la Délégation de l’Union européenne (UE) au Maroc, Alessio Cappellani a salué, jeudi à Rabat, « l’engagement fort » de la société civile marocaine dans les efforts et initiatives pour abolir la peine de mort, qui constitue « une violation des droits humains, notamment le droit à la vie ».

Au cours d’une rencontre avec la presse organisée par la Coalition marocaine pour l’abolition de la peine de mort et le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) à l’occasion de la Journée mondiale dédiée à ce sujet, M. Cappellani s’est dit « fier » de soutenir les initiatives de la société civile, qui est fortement impliquée dans cette bataille et qui milite pour répandre une culture abolitionniste chez les jeunes.

« La peine de mort n’est pas la solution », a-t-il dit, mettant l’accent sur l’importance de mobiliser le secteur de la culture vu son rôle important dans le débat sociétal et ce, pour consolider les valeurs de la vie et des droits de l’Homme.

Pour sa part, la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) Amina Bouayach, a estimé que le processus de plaidoyer sur la peine de mort a besoin d’une mise à jour et d’une généralisation des réponses à de nombreuses hypothèses et questions qui reposent « sur un malentendu que la peine de mort est le seul moyen de dissuasion contre les crimes grave ».

« Demandons ensemble si la législation qui prévoit la peine de mort ne prévoit pas une violation grave des droits humains ? Et la peine de mort a-t-elle réduit les crimes graves ? La réponse est non », a-t-elle défendu.

Pour Mme Bouayach, le choix par la Coalition mondiale contre la peine de mort du thème « Les femmes condamnées à mort, une réalité invisible » est principalement dû au fait que les données sont rares, lorsqu’il s’agit de femmes condamnées à mort, exécutées, acquittées ou graciées.

Les femmes souffrent toujours de discrimination fondée sur le sexe même dans les condamnations et les conditions de détention, notant que selon les données disponibles en 2020, 16 femmes ont été exécutées dans le monde et sept pays comptent au moins une femme condamnée à mort, a-t-elle argué.

Selon les données du Conseil, poursuit-elle, deux femmes sont condamnées à mort, avec lesquelles le Conseil communique lors de leurs visites, ainsi qu’une femme qui a bénéficié de la grâce royale au cours de l’année écoulée.

Nouzha Skalli, coordinatrice du réseau des parlementaires contre la peine de mort, a estimé, quant à elle, que le faible nombre de femmes condamnées à mort ne doit pas empêcher, d’accorer une importance particulière à leurs conditions de détention et d’élargir le mouvement sociétal en faveur de l’abolition de la peine de mort au mouvement féminin qui milite pour les droits des femmes.

Dans le même contexte, Abdellatif Reffoua, président de l’Observatoire marocain des prisons (OMP), a indiqué que si le nombre de femmes condamnées à mort au Maroc ne dépasse pas deux, selon la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), il est très important de tirer la sonnette d’alarme sur les cas de discrimination dont les femmes sont victimes et leurs conséquences sur la peine prononcée, soulignant que les discussions sur la question de l’abolition de la peine de mort nécessitent politiquement et socialement « de trouver un équilibre entre la protection du droit à la vie et le maintien de l’ordre public ».

Le reste des interventions de cette conférence de presse a estimé que pour que la question de l’abolition de la peine de mort devienne une question d’institutions éducatives aux côtés du travail des journalistes, avocats et autres.

« L’éducation doit être ouvert aux problèmes communautaires, y compris la question de l’abolition de la peine de mort » précise-t-on, appelant à ériger une stratégie qui rassemble les deux côtés de l’équation de plaidoirie pour le droit à la vie et s’opposer à la peine de mort d’une part et d’autre par une action médiatique critique.

Cette rencontre a été l’occasion de continuer à plaider en faveur de l’abolition de la peine de mort et d’appeler le gouvernement à voter la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies appelant à un moratoire sur l’application de la peine de mort, en vue de l’adhésion au Deuxième Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Dans le cadre de la célébration de cette journée (10 octobre de chaque année), le siège du CNDH accueille une exposition couronnant la quatrième édition du concours international d’affiches « Dessine l’abolition », organisé au profit des jeunes par le Réseau international d’éducation pour l’abolition de la peine de mort et de l’Association (Ensemble contre la peine de mort).

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