Coco Polizzi, le baobab des art s’éteint

Agadir

Saoudi El Amalki

La capitale du Souss s’est réveillée hier sur le coup d’une affliction douloureuse qui a ébranlé toute la communauté de la ville. Un immense créateur, amoureux du beau et d’Agadir, qui a longtemps marqué la scène culturelle soussi de ses empreintes indélébiles, vient de rendre l’âme à l’âge de 80 ans. Coco Polizzi, car c’est de lui qu’il s’agit, a tiré sa révérence, laissant derrière lui un patrimoine des plus saisissants. En art architectural, mais aussi en vertus humaines, ses marques ont fait de lui un baobab enraciné dans un terroir si adulé et flagornée à souhait.

Le défunt, venu de la péninsule italienne, chérissait cette terre bénite où il passait une bonne partie de sa vie et vouait une affection sans limite. Pendant toute cette période, il gravait son nom dans la mémoire de la ville qu’il idolâtrait aux tréfonds, par la fondation de sa Médina, devenu un réel site patrimonial. Il y mettait son cœur et son savoir en termes de création et de raffinement.  Depuis le début des travaux en 1992, ce joyau hors pair en matière de recherche et de finesse, se hissait en espace sublime au point de devenir un lieu incontournable pour les visiteurs et les résidents.

Il y introduisait toutes les formes de sculpture en ébène, en pierraille, en métal, en céramique, en verre… Un chef d’œuvre de toute beauté qui impressionnait et émerveillait tout ce monde, d’autant qu’il permettait à tous les artisans de se produire au sein de ce village d’art et d’inspiration. Son art si original et typique s’attachait fortement à l’art architectural local, monté sur une superficie de 21 000 m2, alors qu’il n’en bâtissait que 40% de ce bijou prodigieux.

En compagnie de sa famille, il poursuivit la construction de sa Médina exemplaire sans relâche. Il finit par enfanter une merveille liée à son nom et à celui de la ville qui lui tenait à cœur. L’homme fut exceptionnel par la valeur du travail, la force de l’âme, la persévérance dans l’existence, le relationnel avec autrui empreint de respect et d’estime. C’était un peu complexe de fécondité et de prouesse qu’il sécrétait sans répit pour la postériorité, pour celles et ceux qui ont envie de se surpasser pour éterniser leur statut.

Lui, il a pu pérenniser son legs à sa ville ! C’est pourquoi Agadir le pleure  aujourd’hui à chaudes larmes, surtout dans le camp des artistes et créateurs, toutes disciplines réunies, et reconnaît en lui, cette ténacité de se transcender de se sublimer dans ce qu’il faisait pour le plaisir de l’œil et la sérénité de l’âme. Coco Poluzzi n’est donc plus de ce monde mais, son héritage immatériel subsiste pour les générations futures. Il aura aussi incrusté son nom dans les annales de la créativité, mais surtout dans le registre de l’humanité. On n’aura plus besoin de mettre son nom sur l’épitaphe d’une galerie d’art plastique, en hommage  posthume à sa mémoire, sa Médina splendide suffirait largement pour ce faire. Qu’il repose en paix !

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