FMEJ lance un appel pour l’avenir

Entreprises de presse 

Le bureau exécutif de la Fédération Marocaine des Éditeurs de Journaux (FMEJ) a tenu sa réunion périodique ordinaire le vendredi 31 janvier 2025 à Casablanca qu’il a consacrée à l’examen des derniers développements du secteur, des préoccupations des entreprises de presse et des programmes d’action de la Fédération.

Après un débat approfondi sur l’ensemble des points à l’ordre du jour et la prise des décisions nécessaires concernant les questions organisationnelles, la FMEJ souligne ce qui suit :

Le soutien public :

1.Le caractère unilatéral des décisions prises par le ministère de tutelle et le gouvernement, sans aucune consultation réelle et sérieuse avec les organisations professionnelles concernées, qu’il s’agisse du décret gouvernemental de décembre 2023, de l’arrêté ministériel conjoint qui y est lié ou des mesures récemment publiées dans le Bulletin Officiel.

2. L’exclusion de la FMEJ de toute consultation à ce sujet, bien qu’elle ait été le premier signataire du contrat-programme avec le gouvernement, qu’elle ait gagné les élections du Conseil National de la Presse en remportant tous les sièges des éditeurs, qu’elle ait été partenaire des autorités publiques dans tous les programmes de réforme et de mise à niveau pendant plus de vingt ans, et signataire de la première convention collective du secteur.

3.Le décret gouvernemental, qui a établi le critère du nombre de cartes professionnelles pour accéder au soutien public, revêt une certaine « exagération » pour la presse électronique, régionale et les hebdomadaires imprimés. Il impose également des conditions contraignantes et étranges pour le soutien aux imprimeries de journaux. Ce qui a conduit à l’exclusion de la plupart de ces imprimeries du droit d’accès à ce soutien, en plus de la limitation de la représentation des éditeurs au sein de la commission de soutien et de l’imposition d’un avis unique dans ses décisions.

4.Concernant l’arrêté ministériel conjoint, il a instauré de nouveaux critères supplémentaires, notamment l’obligation d’un chiffre d’affaires tout en précisant son montant, transformant ainsi le soutien public en un soutien au capital des entreprises de presse. Cela porte atteinte à l’image démocratique et aux droits humains de notre pays, ouvre, en plus, la voie à l’exclusion de la plupart des petites et moyennes entreprises de presse et de la presse régionale, et, partant, met fin au pluralisme et à la diversité du paysage médiatique national. De plus, cela ne prend pas en compte la crise des entreprises de presse à la suite des années de la pandémie, des dysfonctionnements du marché publicitaire et des annonces et de la fragilité de l’environnement économique général.

5.L’absence de réalisme dans les décisions du gouvernement relatives au soutien public se manifeste dans le fait qu’elles conduiront, en pratique, à faire taire et à éliminer des voix médiatiques nationales essentielles, surtout dans les trois régions du Sahara et dans le reste des régions du Royaume. Ce qui fait que nous sommes en face d’un grand aveuglement politique ciblant des outils de plaidoyer nationaux qui défendent les intérêts de notre pays et affrontent ses adversaires sur le terrain.

6.Les récentes annonces du ministère concernant son intention d’annoncer prochainement un soutien régional dont bénéficieront les entreprises de presse régionales, n’a pas été suivi jusqu’à présent d’une action concrète. Cela confirme implicitement la reconnaissance par le ministère de l’erreur de son évaluation initiale lorsqu’il a annoncé de manière unilatérale l’arrêté ministériel conjoint. Il s’agit également d’un comportement qui suscite des craintes d’une exploitation électoraliste dans les régions et au niveau central, et menace d’engendrer une discrimination et un manque d’équité envers les entreprises de presse.

Le sort de l’organisme d’autorégulation :

7.La FMEJ réitère sa position de principe selon laquelle ce dont nous disposons aujourd’hui est une commission désignée par le gouvernement, en violation flagrante de la Constitution et du principe d’autorégulation.

8.La Fédération attire l’attention sur le fait que le mandat de la Commission provisoire elle-même approche de son terme, et qu’il n’y a, pourtant, aucun signe de préparation d’élections qui répondent au sens et à l’esprit de l’article 28 de la Constitution, et qu’aucun dialogue n’a été ouvert à ce sujet.

Des questions fondamentales nécessitant la réflexion :

9.Considérant que les questions de la profession ne se limitent pas au soutien public, au sort de l’autorégulation ou à la confection des cartes professionnelles, l’essentiel aujourd’hui est de se pencher sur des questions fondamentales qui concernent la profession et les professionnels, dont notamment :

9-1/ Le perfectionnement des législations et des lois, la consécration de la liberté de la presse et l’injection d’un souffle démocratique et de droits humains dans la profession et son environnement.

9-2/ L’examen de la réalité des formations initiale et continue et la recherche des approches appropriées pour relever ce défi.

9-3/ La coopération pour améliorer la qualité du contenu, ancrer l’éthique de la profession et lutter collectivement contre la diffamation, la calomnie, le chantage, les rumeurs et les fausses nouvelles.

9-4/ L’organisation du secteur de la publicité et des annonces et l’amélioration des revenus des entreprises de presse dans la transparence, l’égalité et l’équité.

9-5/ La recherche d’une solution radicale et pratique au problème de la distribution des journaux, à la situation de la société de distribution exclusive dans notre pays et à sa relation avec les éditeurs de journaux.

9-6/ l’encouragement de toutes les parties prenantes au dialogue et à la concertation entre elles pour examiner et signer une convention collective conformément aux lois en vigueur dans le pays, et ce, de manière à contribuer à l’amélioration des conditions sociales des ressources humaines, tout en tenant compte de la réalité économique des entreprises et de la nécessité d’assurer leur stabilité et leur pérennité.

Les relations professionnelles :

10.La Fédération note que le secteur n’a jamais connu un tel état de division et de dissension que celui qui caractérise sa réalité actuelle et les relations entre ses organisations professionnelles ; Ce qui entrave considérablement l’évolution de la profession et son environnement.

11.La Fédération renouvelle son appel à tous les éditeurs de journaux et de la presse électronique à l’unité organisationnelle ou, du moins, dans une première étape, à la coordination de leurs positions et à la formulation d’une vision commune de la situation actuelle et des perspectives d’avenir.

12.Elle adresse le même appel aux organisations syndicales des journalistes pour qu’elles dépassent les discussions stériles, les calculs subjectifs, égoïstes et de courte vue, et s’engagent dans un dialogue ouvert et responsable qui jette les bases de l’avenir.

13.La FMEJ, tout en se félicitant de sa coordination continue et permanente avec la Fédération Marocaine des Médias et la Fédération Nationale de Journalisme, de l’Information et de la Communication, affiliée à l’Union Marocaine du Travail, appelle les autres instances d’éditeurs et de journalistes à renforcer le dialogue collectif au sein de la profession, à rejeter la division et à œuvrer ensemble pour construire une nouvelle étape.

14.La Fédération annonce qu’elle est en train de préparer l’organisation d’une grande conférence nationale pour discuter de la situation de la profession. Elle espère que toutes les parties prenantes y participeront, et que nous en ferons tous une occasion pour l’élaboration d’une conception commune qui nous unira tous pour l’intérêt général et pour l’avenir.

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