Les cailloux dans les chaussures

par Mustapha Labraimi

Le remaniement gouvernemental est passé il y a environ un trimestre sans que l’on s’aperçoive de ses effets. Si l’ascenseur social a fonctionné pour l’actuel secrétaire d’État auprès de la ministre du Tourisme, il l’a rendu invisible et inaudible ; et même ses trémoussements scapulaires n’apparaissent pas pour transformer les arrivées touristiques en recettes plus consistantes (en développant l’artisanat et l’Economie Solidaire et Sociale, le royaume en a besoin) afin de devenir leader régional dans ce domaine. L’espoir est, pour le moins, qu’il planche sur la question !

La désolation des jeunes n’a pas pour autantconnu de régression avec cette nomination. L’ascenseur social est en panne au royaume ; ni par « les numéros » ni par « les pieds », ni par les « diplômes »(لابالارقامولابالقدمولابالقلام).Lechômage maintient sa pression et sa tendance reste ascendante ; surtout parmi les jeunes, les femmes et les diplômés. Les gens du savoir en économie, y compris la Banque Mondiale, affirment que la pratique de la rente dans un contexte de « capitalisme de connivence » et d’un « marché néolibéral » ne favorise pas la création de l’emploi. C’est là un gros caillou dans la chaussure du gouvernement qui promet de s’en défaire alors que le caillou s’accroit. Ce caillou est structurel. Il nécessite de se « déchausser » et de prendre les mesures nécessaires pour rendre notre économie plus inclusive, au service de notre peuple dans son ensemble.

L’arrivée des nouveaux titulaires du ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts a été marquée par la tendance haussière du prix de la viande, quelle que soit sa couleur et sa provenance. Un caillou dans la chaussure qui vaut plusieurs milliards de dirhams, alloués aux « grosses têtes » dans le cadre de contrats programmes de la filière, sans pour autant que les objectifs soient réalisés.Un échec qui grève la poche de la population, voire qui la prive d’une alimentation en protéines nécessaire au moment où le prix du poisson le rend inabordable sauf pour les « grosses têtes » et autres chevillards spéculateurs et rentiers profitant du « marché néolibéral ». A l’approche du Ramadan et de L’Aïd Kébir, le gouvernement claudique, mais ne fait rien pour garantir des prix abordables.

L’échec des programmes colorés en vert est tel que l’interrogation s’impose : Les concepteurs de ces programmes ne connaissent-ils pas les données fondamentales qui régissent l’agriculture nationale pour les prendre en considérationet agir convenablement afin d’en faire un levier du développement national ou, pour être plus clair, seraient-ils obsédés plus par les profits engrangés que par l’intérêt national ? La claudication, quand elle se perpétue, devient une véritable incapacité, surtout pour un technocrate de la maison !

Un autre caillou se trouve dans la chaussure duMinistre de l’Education nationale, du Préscolaire et des Sports ; sauf que celui-ci provoque la gêne de l’ensemble de la population. Le royaume claudique dans son ensemble par la crise du système éducatif. A ce propos, le remaniement fut (d)étonnant, sauf que le pétard était mouillé. Tout a été dit et presque rien de fait pour que le système éducatif prépare la société du savoir que le peuple marocain ambitionne. La semaine des confiseurs est terminée depuis longtemps !

La santé sous le niveau titulaire est à l’image de ces édifices imposants de l’avenue Abderrahim Bouabid à Rabat ; feu le CHU Ibn Sina où l’on soignait cède sa place à des bâtiments où le commerce de la santé va s’exercer. Les compétences du nouveau ministre sont probantes pour cela. Un choix qui s’éloigne de l’Etat social qui revient plus dans le discours gouvernemental que dans les possibilités offertes pour accéder aux soins.

A suivre ; dans l’espoir que le gouvernement agisse pour ne plus avoir des cailloux dans les chaussures…

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