Et de une… et pas des moindres! Ce jeudi, le président américain a concrétisé une de ses plus importantes promesses de campagne faites au nom de la défense des emplois; à savoir, le retrait des Etats-Unis de l’accord multilatéral dit COP21 signé fin Juin 2015 à Paris au titre de la limitation de la hausse de la température moyenne mondiale, un arrangement qui reste, avant tout, dans l’esprit de Donald Trump, un héritage de la période Obama.
Rappelant, sous les applaudissements et depuis la roseraie de la Maison Blanche, qu’en agissant de la sorte, il remplit son «devoir solennel de protection de l’Amérique et de ses citoyens», Donald Trump, qui considère que l’accord de Paris «punit les Etats-Unis» alors que lui-même a été élu «pour représenter les habitants de Pittsburg et non pas ceux de Paris» a réitéré son entière disposition à négocier un nouvel engagement sur le climat. Le Président américain est soutenu dans sa démarche par le Sénateur Mitch McConnell du Kentucky qui considère qu’en se retirant de ces «objectifs inatteignables», le président américain « protège la classe moyenne et les ouvriers du charbon» et par Paul Ryan, le Président de la Chambre des représentants pour lequel l’accord de Paris reste «une mauvaise affaire».
En revanche, John Kerry, chef de la diplomatie américaine sous l’administration Obama et partisan d’une Amérique forte, juge, pour sa part, qu’en se retirant de cet accord, le nouveau locataire de la Maison Blanche renonce «au leadership de l’Amérique» et prend même le risque d’isoler les Etats-Unis après qu’en y adhérant, ils avaient contribué à «unir le monde». Abondant dans le même sens, le sénateur Ben Cardin, de la commission des affaires étrangères au Congrès, dénonce, de son côté, «un revirement scandaleux au leadership mondial de l’Amérique» alors que, de leur coté, la Chine et l’Union Européenne l’invitent à reconsidérer sa décision eu égard à la nécessité de contrecarrer le réchauffement de la planète étant donné qu’en matière d’émission de gaz à effet de serre les Etats Unis viennent au second rang après la Chine.
Et si Stephane Dujarric, le porte-parole de l’O.N.U. considère que la décision américaine constitue une «grande déception» en ce sens que les Etats-Unis se doivent de conserver «un rôle dirigeant dans les dossiers environnementaux» et que Berlin, Paris et Rome ont, dans une déclaration commune «regretté» la décision américaine au motif que «l’accord ne peut pas être renégocié», il convient de préciser qu’en application des dispositions de l’Article 28 du document y afférent, tout pays qui entend dénoncer les accords de la COP21 ne pourrait le faire que trois années après leur entrée en vigueur – intervenue le 4 Novembre 2016 – et ne s’en libérer qu’après un préavis d’une année. Aussi, à y bien regarder, il est clair que les Etats-Unis ne pourront sortir des accords de la COP 21 qu’en Novembre 2020 c’est-à-dire au moment des prochaines élections présidentielles américaines.
Enfin, le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris ramène aux mémoires un article paru dans «Le Monde diplomatique» dans lequel Noam Chomsky, en dénonçant le fait que, très souvent, Washington se met au-dessus du droit international, avait déclaré que «le mépris de la primauté du droit reste profondément enraciné dans la culture intellectuelle et les pratiques américaines”.
Nabil El Bousaadi