Affaire Skripal: Une reprise de la guerre froide?

Alors que le 4 Mars dernier, un ancien espion russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia avaient été trouvés inanimés à Salizbury, au Sud de l’Angleterre, victimes, selon les autorités anglaises, d’une tentative d’assassinat à l’aide d’un gaz innervant de fabrication russe, le Novitchok, la première ministre britannique, Theresa May a officiellement imputé ce mercredi devant la Chambre des Communes la responsabilité de cette tentative d’empoisonnement à Alexander Petrov et RuslanBoshirov, deux officiers de l’agence du renseignement militaire russe (GRU). Très proche du Chef de l’Etat, ce service secret «très discipliné» et disposant d’une «chaîne de commandement bien établie» est placé sous la direction du ministre de la Défense.

Pour rappel, la première Dame britannique – qui était convaincue, dès le début, que Moscou était derrière cette tentative de meurtre par empoisonnement – avait pris tout un train de mesures en représailles contre la Russie avec principalement l’expulsion de 23 de ses 59 diplomates accrédités au Royaume-Uni ainsi que le gel des contacts bilatéraux de haut niveau.

Boris Johnson, le ministre britannique des Affaires étrangères avait, de son côté,  déclaré que Londres en voulait «au Kremlin de Poutine» et non à la Russie au motif qu’il serait «extrêmement probable qu’il s’agisse de sa décision d’ordonner l’utilisation d’un agent neurotoxique» ; ce qui avait immédiatement fait sortir de ses gonds le porte-parole du Kremlin qui avait déclaré que « toute mention ou référence au président n’est rien d’autre que choquant et impardonnable en termes d’étiquette diplomatique » alors que Poutine avait estimé que de telles accusations étaient « du grand n’importe quoi».

Or, d’après la police britannique qui a reconstitué l’emploi du temps des deux agents russes, ces derniers seraient arrivés le vendredi 2 mars à l’aéroport de Gatwick au sud de Londres avec des passeports aux noms d’Alexander Petrov et Ruslan Boshirov, des noms d’emprunt. Après avoir passé la nuit de vendredi à samedi dans un hôtel à l’est de la capitale britannique, ceux-ci se seraient rendus dans la matinée en reconnaissance à Salisbury avant de retourner le soir même à leur hôtel londonien. S’étant rendu le lendemain dimanche, à Salisbury, ils auraient aspergé à l’aide du poison Novitchock, dissimulé dans un flacon de parfum Nina Ricci, la poignée de la porte du logement de l’ancien agent russe. Ils se dirigèrent ensuite vers l’aéroport d’Heathrow d’où ils embarquèrent à bord d’un vol pour Moscou à 22 h 30 non sans avoir pris soin de jeter le flacon de poison dans un dépôt public. Trois mois plus tard Dawn Sturgess et son compagnon Charlie Rowley eurent le malheur de récupérer le flacon et de le ramener chez eux croyant à tort qu’il contenait bien du parfum « Premier Jour » de Nina Ricci. S’étant aspergé le poignet à l’aide de son contenu, Mme Sturgess est morte le 9 Juillet alors que son compagnon a survécu.

Mais bien que la police britannique qui, d’après Neil Basu, le patron de la branche anti-terroriste de Scotland Yard a mené depuis mars «une des enquêtes les plus complexes et les plus intenses de son histoire» dispose, désormais, de preuves suffisantes pour inculper de manière officielle les deux suspects, Theresa May n’a, toutefois, pas annoncé de nouvelles sanctions à l’encontre de la Russie mais évoqué la nécessité de mettre en place un «nouveau régime européen pour l’utilisation d’armes chimiques» et demandé la réunion du Conseil de Sécurité des Nations-Unies pour pouvoir l’informer de l’avancée de l’enquête diligentée dans le cadre de cette affaire d’empoisonnement.

Cité par l’agence d’information «Ria Novosti», Youri Ouckakov, le conseiller diplomatique du président russe a déclaré que les noms des deux accusés ne lui «disent rien personnellement» et que même Scotland Yard estime que ce sont des noms d’emprunt.

Aussi, pour mettre un terme aux attaques menées contre elles par Londres sur la base de prétextes fallacieux, Moscou aurait l’intention, selon un communiqué daté de ce mercredi et émanant de son ministère des Affaires Etrangères, de soumettre, à La Haye et à New York, le dossier de l’affaire Skripal.

Comment évoluera l’affaire de cet agent double qui a permis un «réchauffement» de la guerre froide ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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