«L’un des grands leaders progressistes politiques du 20ème siècle»
Comme annoncé dans notre précédente édition, le bureau politique du Parti du Progrès et du Socialisme et le bureau exécutif de la Fondation Ali Yata ont organisé, mercredi 30 décembre 2020, une conférence à distance en hommage au regretté Ali Yata, à l’occasion du centenaire de la naissance du « regretté de la patrie et du parti». Rappelons que feu Ali Yata (25 août 1920-13 août 1997), a dirigé, en tant que Secrétaire général, aussi bien le PPS, depuis sa création en 1975, que le Parti de la Libération et du Socialisme (PLS), entre 1968-69, et le Parti Communiste marocain (PCM), depuis 1946 à 1968. Dans notre précédente édition, nous avons également publié l’introduction du débat faite par Azzouz Sanhaji, membre du bureau politique du PPS et modérateur de la conférence-hommage, et l’intervention-cadrage faite par le Secrétaire général du PPS, Mohamed Nabil Benabdallah.Aujourd’hui, nous publions successivement l’intervention de Ismaïl Alaoui, président du Conseil de la présidence du PPS, de Abdelouahed Souhail, membre du BP et président de la Fondation Ali Yata, de Abderrahim Tourani, écrivain et journaliste, et de Aicha Lablak, membre du BP et présidente du Groupement parlementaire du progrès et du socialisme (GPPS) au sein de la Chambre des représentants.
Ismaïl Alaoui
«Un fervent défenseur d’une intégrité territoriale»
La citation de Jean Jaurès indiquant qu’«un peu d’internationalisme éloigne de la patrie; beaucoup d’internationalisme y ramène. Un peu de patriotisme éloigne de l’Internationale; beaucoup de patriotisme y ramène», illustre parfaitement son mode de pensée et de son action politique, a souligné Ismaïl Alaoui, Président du Conseil de la présidence du Parti du progrès et du socialisme (PPS). Autrement dit, feu Ali Yata a toujours tenu de placer les causes de son pays dans le contexte international, en étant sur tous les fronts de son combat politique.
Sa naissance a coïncidé avec deux événements majeurs dans les années vingt ayant ponctué l’histoire, notamment la glorieuse guerre du Rif et le Premier congrès des peuples d’Orient qui s’est déroulé à l’Azerbaïdjan et organisé par l’Internationale communiste.
Après avoir intégré le Parti national en 1939, alors qu’il venait de souffler à peine ses 19 bougies en devant un militant actif dans la cellule dirigée par Bouchta Jamaï, il ralliera par la suit les rangs du Pati communiste du Maroc devenu par la suite parti communiste marocain dont il a pris la responsabilité en tant que Secrétaire général en 1945. En1946, le leader du Parti communiste va présenter son rapport au Comité central du Parti, et ce juste après la tenue de son premier Congrès où il revendiquait la libération de la patrie, l’indépendance économique du pays et la mise en place d’une réforme agraire qui répond aux préoccupations des agriculteurs.
Ses positions politiques progressistes l’ont conduit à connaître l’exil et à faire l’expérience des geôles du colonialisme français en Algérie et plus précisément à la prison Barberousse, puis à Marseille, entre autres, au motif d’atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat français.
En dépit de l’interdiction du Parti de libération et du socialisme (PLS) par le gouvernement de gauche d’Abdellah Ibrahim, Si Ali est resté fermement attaché à la défense des droits des opprimés et des classes laborieuses. Ayant pleinement conscience du rôle crucial des médias dans la confection de l’opinion publique, il a fondé plusieurs supports médiatiques, notamment «Al Moukafih», «Al Kifah El Watani» ou encore les journaux Al Bayane.
Qui plus est, il fut un défenseur acharné des droits des peuples africains à l’émancipation et au progrès sans oublier son soutien ferme au peuple palestinien dans sa lutte de libération contre les forces de l’occupation Israélienne.
Et ce n’est pas tout, le regretté du PPS et de la nation a fait de la défense de notre cause nationale une priorité de son agenda politique en procédant en 1973 à la publication d’un livre intitulé « Le Sahara occidental marocain », dont la présentation a eu lieu au siège de l’Union des écrivains marocains à Rabat tout en dénonçant les puissances impérialistes et colonialistes occidentales, que certains pays frères semblent la bénir sous cape.
Et contrairement à certaines rumeurs non-fondées, faisant étant que les jeunes des provinces du Sud ont été délaissés par les partis du mouvement national, l’histoire témoigne que le Parti a procédé à la publication d’un livre bleu suite à l’insistance de feu Yata contenant toutes leurs revendications, a précisé Ismaïl Alaoui.
Pour l’histoire, le défunt a toujours considéré que la bataille de parachèvement de notre intégrité territoriale est loin d’être terminée, et ce en plaidant fermement pour la libération de Sebta et Mellilia et toutes les iles occupées. Aussi, sa contribution au combat de la construction démocratique au sein du pays n’est plus à démontrer. L’histoire retiendra que Si Ali a été l’un des artisans de la «Koutla démocratique» en 1991. Malheureusement, ce bloc a souffert de plusieurs défaillances, ce qui illustre le manque de confiance de certains dirigeants politiques de la nécessité du renforcement du front intérieur, a martelé le conférencier.
Autant dire, la commémoration du centenaire de la naissance d’Ali Yata, n’est pas un acte fortuit, loin s’en faut. Son parcours militant exemplaire, son dévouement aux véritables causes constituent des leçons devant éclairer le chemin des générations futures.
Abderrahim Tourani
«L’un des grands hommes politiques du 20e siècle»
De son côté, le journaliste et écrivain, Abderrahim Tourani, a présenté son propre témoignage sur le parcours politique et médiatique du défunt, en le qualifiant comme l’un des grands hommes politiques du 20e siècle aussi bien au Maroc qu’a l’échelle du monde arabe. L’intervenant a tenu ainsi de mettre en exergue les qualités humaines de Si Ali, ses habiletés communicationnelles et sa force mobilisatrice des milliers des jeunes lors des meetings populaires organisés durant les années de plomb. Chose devenu rare aujourd’hui, a-t-il regretté.
Tourani a connu le défunt surtout durant les années 1970. Pour lui, le leader historique du PPS fut aussi un homme de médias, journaliste engagé, faisant preuve d’un grand professionnalisme, tout en veillant à diversifier ses sources d’information, a-t-il déclaré. Abondant dans le même ordre d’idées, le conférencier a tenu de préciser que l’image qu’il avait de Ssi Ali a catégoriquement changé après leur rencontre à l’occasion d’une interview. Il le trouvait plutôt un homme humble, animé d’un très fort sens de l’éthique.
Sur le plan de l’action politique, Il faut dire aussi, selon l’intervenant, que Ali Yata constitue, à lui seul, un groupe parlementaire, très dynamique, toujours omniprésent dans les débats de l’institution législative, souvent à l’écoute des attentes des citoyens, ne manégeant aucun effort pour trouver des solutions à leurs problèmes.
Le commun des mortels se demandait où est ce que le défunt puisait son énergie pour assurer une si remarquable présence au Parlement, alors qu’il dirigeait deux journaux quotidiens, un parti et était membre de la direction du syndicat des journalistes (SNPM)… et, plus tard, membre de la direction de la Koutla démocratique…
N’oublions pas que le défunt était unitaire et avait consacré sa vie au rapprochement des partis issus du mouvement national. Il réussira à former le grand bloc progressiste et démocratique qui va permettre un compromis historique avec la monarchie.
Il figurera ainsi, selon l’orateur, parmi les grands du Maroc, à l’instar de Allal El Fassi, Mehdi Ben Barka et d’autres…
Et la voix de Yata a continué à vibrer haut et fort, au Maroc comme auprès du mouvement progressiste mondial, pour réclamer la justice, la démocratie et le progrès. Ilfut ainsi l’un des fondateurs de l’action politique progressiste et un fervent défenseur de la question du Sahara marocain et de l’édification du Grand Maghreb.
Le défunt a marqué sa vie par sa lutte inlassable aux côtés des masses démunies. Son bureau était ouvert aux plaintes des citoyens contre l’injustice et les arbitraires.
K D