Centre Marocain de Conjoncture : Quel Modèle Social ?

contaminé la doctrine des organisations internationales chargées du développement des économies en gestation. Dérégulation des marchés, faiblesse des filets sociaux de sécurité et remise en cause des services publics (santé, éducation, transports..) ont constitué le crédo d’un modèle sensé accélérer le rythme de croissance. Ce fut la chevauchée vers un monde fortement inégalitaire où le fossé à l’intérieur des nations et entre nations s’est fortement aggravé.

 

La crise mondiale actuelle a secoué les certitudes et provoqué des remises en cause salutaires. Elle rappelle à la nécessité d’un nouvel ordre social où l’individu ne serait pas victime de l’individualisme, où la solidarité serait garante de la cohésion sociale et où la protection collective éviterait l’émiettement de la société. Aujourd’hui, sous les coups de boutoir d’une mondialisation effrénée, la société se délite. Frappée par le chômage, des réseaux de soutien qui fonctionnent mal, une précarité grandissante : elle risque l’implosion.

La sortie de crise n’est pas uniquement économique. Elle est aussi sociale. C’est-à-dire des réponses nouvelles, courageuses et adaptées. C’est dans ce contexte qu’Obama a réussi à faire voter son projet de loi sur l’assurance maladie, que G. Brown tente de réhabiliter les services publics et qu’en France, le mouvement social tente de préserver les acquis sociaux.

Recomposer une société en miettes passe par la prééminence du social qui reste le socle de la croissance. Dans ce domaine, l’Etat est fortement sollicité. Il ne peut tolérer les régressions sociales dont le coût est un véritable handicap pour l’avenir.

Au Maroc, la société se bipolarise avec un ventre mou au milieu. Le risque d’une rupture sociale n’est pas à écarter. Certes, l’impact social de la crise a été relativement contenu. Mais les effets en termes de perte d’empois et d’affaissement de l’offre exportable sont réels. Ce nouveau contexte est favorable à des actions plus vigoureuses en jetant les bases d’un véritable modèle social, capable de garantir la cohésion sociale et la stabilité. Les domaines sont plus ou moins délimités à travers la lutte contre la pauvreté, la couverture sociale, les retraites et la réforme de la caisse de compensation. C’est là un processus long et complexe. Sa maîtrise est possible par le dialogue et la concertation entre les parties concernées. Un tel projet est réalisable. D’autant plus qu’il nous concerne individuellement et collectivement. Il contribuera à garantir une plus grande sérénité dans les rapports sociaux, à réduire la précarité psychologique et à rassurer l’avenir. La modernisation sociale est à ce prix. D’autant plus que ses retombées positives sur la compétitivité économique et l’attractivité du pays seront importantes.

 

Top