La dirigeante de Hong Kong salue le scrutin réservé aux «patriotes»

Malgré l’abstention record

La cheffe de l’exécutif de Hong Kong a salué lundi l’élection du conseil législatif, réservé pour la première fois aux candidats « patriotes » loyaux envers Pékin, en dépit du nombre historiquement faible d’électeurs qui sont déplacés.
A peine 30% des Hongkongais ont voté dimanche pour le renouvellement du Conseil législatif de leur ville, organisé selon un nouveau système électoral imposé par Pékin, qui a drastiquement réduit le nombre des sièges pourvus au suffrage universel et réservé le droit d’être candidat aux « patriotes ».

Il s’agit du taux de participation le plus bas depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine par le Royaume-Uni en 1997, et même depuis la première élection directe de membres du Conseil législatif, en 1991.
Mais la cheffe de l’exécutif Carrie Lam a défendu le processus et minimisé la forte abstention.
« Hong Kong est de retour sur la bonne voie, celle d’+un pays, deux systèmes+ », a-t-elle affirmé en conférence de presse.

« Nous ne pouvons pas copier-coller le système ou les règles soi-disant démocratiques des pays occidentaux », a-t-elle ajouté, estimant que les éléments « anti-chinois » étaient désormais exclus et le calme politique rétabli.
Interrogée sur la participation, avec 1,3 million de votants sur 4,5 millions d’électeurs, Mme Lam a répondu: « quelle en est la raison? Je ne peux pas l’analyser. Vous devriez vous tourner vers d’autres leaders d’opinion ».
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Zhao Lijian a expliqué l’abstention par la pandémie « ainsi que des éléments anti-chinois déterminés à détruire Hong Kong et (par) l’ingérence de forces extérieures ».
Mme Lam doit s’envoler lundi pour Pékin pour rencontrer les dirigeants chinois, avec, en toile de fond, la question de savoir si elle briguera en mars un deuxième mandat et si le pouvoir communiste lui apportera son soutien.
Résultat de la réforme électorale: l’assemblée locale est composée de fidèles au gouvernement, semblable aux organes législatifs de Pékin.

« La tension entre les autorités et la population persistera longtemps encore, car les législateurs ne sont pas des médiateurs puisqu’ils doivent se plier à la ligne de Pékin », a commenté à l’AFP Chung Kim-wah de l’Institut de recherche sur l’opinion publique de Hong Kong.
Cette année, pour être autorisé à briguer un siège, chacun des 153 candidats devait donner des gages de « patriotisme » et de loyauté politique envers la Chine.
De ce fait, les militants pour la démocratie ont été empêchés de se présenter ou y ont renoncé, lorsqu’ils ne sont pas en prison ou en fuite à l’étranger.
Plusieurs d’entre eux qui vivent en exil avaient appelé à boycotter les urnes.
Le taux de participation, thermomètre de l’adhésion des Hongkongais au nouveau système électoral, était donc particulièrement attendu.

S’abstenir ou voter blanc ou nul reste légal à Hong Kong. En revanche, encourager ces pratiques constitue depuis cette année une infraction pénale, pour laquelle 10 personnes ont été arrêtées.
Les nouvelles règles ont été imposées par Pékin dans le cadre de la reprise en main de Hong Kong après les gigantesques manifestations pour la démocratie de 2019.
Sous la souveraineté britannique ou chinoise, le territoire n’a jamais connu la pleine démocratie, ce qui a été source de grandes protestations à plusieurs reprises.

Les semaines précédant le vote, le gouvernement avait fait insérer des pages de publicité dans les journaux, distribué des tracts dans les boîtes aux lettres et envoyé massivement des SMS pour inciter les Hongkongais à voter. Les transports publics étaient gratuits dimanche.
La faible participation est « extrêmement embarrassante » pour le gouvernement, a estimé Kenneth Chan, politologue à l’Université baptiste de Hong Kong. « La plupart des électeurs défendant la démocratie ont décidé de s’abstenir, pour exprimer leur désapprobation », a-t-il déclaré à l’AFP.
Le « LegCo », composé de 90 législateurs dont désormais 20 élus au suffrage universel, est l’assemblée chargée de voter les lois dans l’ancienne colonie britannique de 7,5 millions d’habitants, dont le système légal reste distinct de celui de Chine continentale.

Même si la majorité des sièges du Conseil était toujours accordée aux figures acquises à Pékin, une minorité d’opposants y était jadis tolérée. Cela en faisait un lieu de débats souvent très vifs, ce qui ne sera plus le cas.
« Le nouveau Conseil législatif, désormais sous le contrôle entier de patriotes, fonctionnera de façon efficace comme gardien de la sécurité nationale et de l’unité », a écrit Lau Siu-kai, vice-président du principal groupe de réflexion hongkongais favorable à Pékin dans le quotidien d’Etat China Daily.
Des dizaines de figures de l’opposition pro-démocratie – dont un certain nombre avaient été élues aux précédentes élections en 2016 – ont été disqualifiées, sont actuellement en prison en vertu d’une loi draconienne sur la « sécurité nationale » imposée par Pékin en 2020 ou ont fui à l’étranger.

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