Près de trois mois après l’adoption du Pacte de Marrakech sur la migration, où en est-on de la mise en œuvre? Le texte qualifié d’historique en est à l’étape liminaire de mise en œuvre. C’est ce qu’a affirmé Maria Fernanda Espinosa, présidente de l’Assemblée générale de l’ONU, mercredi dernier, lors d’un débat à l’AG de l’ONU consacré à la mise en œuvre de ce pacte signé à Marrakech le 10 décembre et adossé le 19 décembre à New-York.
Lors de l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières à Marrakech, en décembre dernier, plusieurs voix s’étaient déliées, notamment la société civile, pour insister sur le caractère impérieux de la mise en œuvre de ce texte. Au risque d’en faire une lettre morte, comme l’a été pendant des années la «Convention internationale sur la protection de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles» (1990), l’un des premiers instruments juridiques sur la migration à l’échelle mondiale et qui n’a été ratifiée à ce jour par aucun pays européen. Près de trois mois après les discours et signatures, il semblerait que le Pacte soit sur la bonne voix, puisque sa mise en œuvre a été enclenchée.
Comme le rapporte une dépêche de la MAP, au cours d’un débat mercredi à l’AG de l’ONU sur les migrations internationales et le développement, Maria Fernanda Espinosa, présidente de l’AG de l’ONU a annoncé que l’ONU se penche actuellement et de manière effective sur la mise en œuvre du Pacte. A ce titre, l’une des premières actions a été l’adoption de la mise en place du «Forum d’examen des migrations internationales», qui sera responsable de veiller au suivi de la mise en œuvre du Pacte. Deux représentants permanents, notamment celui du Bangladesh et de l’Espagne, ont ainsi été nommés par Espinosa, en tant que co-facilitateurs du processus visant à déterminer les modalités dudit forum.
En outre, la présidente de l’AG de l’ONU a annoncé que certains Etats signataires du Pacte ont déjà entamé le partage de leurs bonnes pratiques pour l’application du Pacte. Toutefois, la présidente de l’AG de l’ONU a appelé les différents Etats à mettre à la disposition des co-facilitateurs «les meilleures données et des informations rigoureuses fondées sur les preuves de la réalité des migrations». Bien plus, elle a appelé les Etats qui trainent encore le pas à s’engager de manière active et constructive dans le processus visant à élaborer les modalités du forum d’examen des migrations internationales, en vue de «mettre en place un mécanisme souple et efficace de suivi et d’apprentissage de l’application du Pacte mondial».
A souligner que le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières a été adopté à Marrakech lors d’une conférence internationale qui s’est tenue les 10 et 11 décembre. Le texte a par ailleurs été endossé le 19 décembre par 152 Etats.12 pays, parmi lesquels des pays africains se sont abstenus et 5 autres déjà connus à l’avance (USA, Hongrie, République Tchèque, Israël, Pologne) ont voté contre, jugeant que ledit pacte porte atteinte à la souveraineté nationale des Etats sur la question.
Danielle Engolo