Le film tente de collecter les témoignages des doyens qui sont encore en vie

«La mémoire musicale amazighe à Casablanca»

Un documentaire retrace l’enracinement de cet art dans la métropole

Par Younes Kraifa – MAP

Le film documentaire « La mémoire musicale amazighe à Casablanca » retrace et réaffirme l’enracinement de cet art dans la capitale économique du Royaume, a affirmé Tahar Darif, membre de l’association “Yennayer ». Dans cet entretien accordé à la MAP à l’occasion de la projection de ce film produit par l’association Yennayer en partenariat avec l’Institut Royal de la culture amazighe (IRCAM), M. Darif a souligné que la ville de Casablanca a constitué toujours un pôle national pour la musique amazighe sous toutes ses formes. Les doyens de la musique amazighe qui se sont établis à Casablanca ont profité de la présence de sociétés de production dans la capitale économique, ce qui leur a permis d’enregistrer et de commercialiser leurs chansons, a rappelé l’acteur associatif, notant que ces artistes ont acquis une notoriété au niveau national, et ont pu tisser des liens avec les Marocains d’Europe et ainsi faire connaître leur musique à l’étranger. Le film tente aussi de documenter cette expérience riche et de donner la parole aux doyens qui sont encore en vie, étant donné que la musique amazighe est un “patrimoine national” que partagent tous les Marocains. Le film documentaire « La mémoire musicale amazighe à Casablanca » a été projeté dans l’espace Maison des jeunes Hay Hassani à l’occasion du lancement des festivités de la semaine amazighe dans le cadre de la célébration de l’avènement du nouvel an amazigh (Yennayer 2972).

Trois questions à Tahar Darif, de l’association «Yennayer»

 Propos recueillis par Younes Kraifa- MAP

Tahar Darif, membre de l’association « Yennayer », productrice du film documentaire « La mémoire musicale amazighe à Casablanca » fait la lumière dans un entretien accordé à la MAP sur la teneur de ce documentaire et les objectifs escomptés de sa réalisation.

1. Comment ce documentaire a-t-il été conçu, et quels sont ses objectifs?

« La mémoire musicale amazighe à Casablanca » est un film documentaire produit par l’association « Yennayer » en partenariat avec l’Institut Royal de la musique amazighe. Il met la lumière, 42 minutes durant, sur les étapes phares de l’histoire de la musique amazighe à Casablanca et ses figures de proue.
Le documentaire commence de la période d’avant le protectorat avec l’école musicale fondée par Feu Rais Sebou, en passant par les années 80 avec le groupe Archach jusqu’aux Rways amazighs tels Hada Ouâkki, Benasser O Khouya, outre l’expérience des artistes amazighs de confession juive.
Le film tente de documenter cette expérience riche, et de donner la parole aux doyens qui sont encore en vie.

Pourquoi d’après vous la ville de Casablanca a eu une place particulière dans l’histoire de la musique amazighe?

La ville de Casablanca a été un point d’attraction des artistes amzighs qui venaient notamment de l’Atlas et du Souss. Les doyens de la musique amazighe, venus s’établir à Casablanca, ont profité de la présence de sociétés de production dans la capitale économique, ce qui leur a permis d’enregistrer et de commercialiser leurs chansons.

Ces artistes ont acquis une notoriété au niveau national, et ont pu tisser des liens avec les Marocains résident en Europe et faire connaître leur musique à l’étranger.

De Casablanca, les artistes amazighs ont contribué à l’enrichissement de la scène artistique casablancaise et nationale. Nombre de troupes musicales marocaines, telles que Nass El Ghiwane et Jil Jilala se sont même inspirées du patrimoine musical amazigh.
Il est ainsi légitime de dire que la ville de Casablanca a toujours été un pôle national permanent de la musique amazigh sous toutes ses formes.

Quelle évaluation faites-vous de l’état actuel de la musique amazighe, et comment peut-on promouvoir cet art?

La musique amazighe vit actuellement une crise avec la disparition des cassettes audio et des CD, la baisse du nombres de concerts et la rareté des occasions où les artistes apparaissent sur les chaines nationales publiques. Ceci a eu un grand impact sur les revenus de ces artistes.

Les autorités publiques sont appelées à soutenir la musique amazighe qui souffre en silence. Cet art est un affluent majeur de l’identité nationale.

Il est impératif de revoir la politique médiatique dans la mesure où une seule chaine amazighe ne suffit pas pour faire connaître tous les artistes amazighs.

Il faut instaurer une discrimination positive pour permettre à ces artistes d’accéder à un large public, et ne pas se limiter à celui implanté dans les régions amazighophones pour préserver cet affluent.

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