En cette période du mois de Ramadan, le poisson demeure une denrée de prédilection du ménage marocain. Une tradition nationale bien ancrée, depuis fort longtemps, d’autant plus que cet aliment aux facultés nutritives avérées, abonde, des décennies durant, tout au long du littoral, étendu sur plus de 3500 kms. La progression halieutique qui s’opère si nettement par rapport au volume de diverses pêcheries, serait vraisemblablement due à la qualité de la ressource, convoitée par nombre de pays de la planète. Ce qui expliquerait sans nul doute, la tentation accentuée dont fait preuve l’Union Européenne qui se précipite à conclure des accords de pêche avec notre pays. La prouesse marocaine, en termes des ressources halieutiques brutes, n’est pas alors le fruit du hasard. Selon les statistiques du département de tutelle, la majeure partie de poissons toutes espèces réunies, est capturée dans les eaux territoriales, notamment dans les provinces du sud et surtout en période de non-reconduction des conventions de pêche avec les instances européennes. Alors qu’à la période où les bateaux espagnols, à titre d’exemple, sillonnent le large marocain, les revenus poissonneux tendent à s’amenuiser de manière notoire. A ce propos, les espèces pélagiques s’illustrent particulièrement avec une augmentation nette dont la performance du poisson bleu, en particulier la sardine et le thon. La hausse du poisson blanc n’est pas non plus à sous-estimer, puisqu’elle marque un peu moins du tiers, plus spécialement le pageot et le merlu. Or, face à tous ces exploits réalisés, en fait, dans le sillage de l’application du plan Halieutis, pourrait-on avancer que la ressource poissonneuse de choix se répercute positivement, en faveur du pouvoir d’achat du consommateur marocain ? Ce n’est pas évident, car, depuis des années, jamais le coût du poisson n’aurait atteint le seuil de hausse actuelle sur le marché intérieur ! Presque la totalité des espèces de poisson sont devenues pratiquement inaccessibles pour les foyers de nombre de couches marocaines et carrément illusoires pour toutes les familles déshéritées. Pourquoi donc cette dichotomie amère ? Au moment où on s’attendait à des baisses de prix du poisson, du fait que la côte marocaine est riche en produits halieutiques, la cherté fait rage, beaucoup plus que l’on ne peut imaginer. L’équation insolite pourrait également s’expliquer par le fait que le marché national est davantage sacrifié au profit de l’export, du moment que les captures européennes se font rares et n’approvisionnent plus suffisamment les marchés locaux respectifs d’une part, et le monopole du poisson par les barons de la mer, en particulier dans les zones sahariennes, d’autre part. On ne saurait exclure cette hypothèse selon laquelle ces bonnets de la pêche marocaine, resserrent encore plus l’étau sur les ressources halieutiques marocaines en abondance, au point de prétexter la pénurie pour mieux monopoliser le produit et en tirer profit au maximum, tout en assénant des coups durs aux caisses de la taxation de l’Etat. Devant cet imbroglio intrigant, a-t-on le droit de priver le consommateur marocain au niveau du marché intérieur d’une denrée alimentaire très appréciée sur la table marocaine? C’est encore une controverse à dénouer dans un contexte marocain en effervescence!
Le poisson flambe
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