Par Abdeslam Seddiki.
C’est parti jusqu’au 30 septembre pour le septième recensement général de la population et de l’habitat (RGPA). Les enquêteurs, formés et préparés à cette tâche, vont frapper à nos portes pour nous poser des questions précises selon une méthodologie bien ficelée par le HCP. Cet événement décennal n’est pas un simple rendez vous de routine. C’est un moment propice pour nous voir droit dans le miroir et disposer des indicateurs frais et exhaustifs d’une portée considérable pour le présent et l’avenir de notre pays. L’opération n’est pas aisée. Elle a nécessité deux années de préparation en mobilisant toute la matière grise du HCP et l’administration en général, avant de passer à la phase opérationnelle. Bien sûr, tout cela coute de l’argent. Mais qu’importe face aux bénéfices escomptés et à l’intérêt de l’opération.
Rappelons que ce recensement diffère des précédents à la fois sur le plan méthodologique et sur le plan technologique. Il s’agit principalement, est-il écrit dans une note du HCP, de :
« – Intégrer l’ensemble des opérations de collecte du recensement par le biais d’un système informatique avec trois composantes principales, à savoir un système d’information géographique mobile, une application informatique mobile de collecte des données statistiques (CAPI) et une plateforme web de suivi et de gestion des travaux ;
-Faire un dénombrement exhaustif des ménages et des individus et recourir à l’échantillonnage pour l’estimation de certaines caractéristiques de la population, permettant d’améliorer la qualité des données du recensement et de réduire le coût de sa réalisation et ce, en utilisant deux questionnaires » : un questionnaire court qui s’adresse à l’ensemble des ménages (10 questions) et un questionnaire long (32 questions) limité aux communes de moins de 2000 ménages et une fraction de 20% des autres communes déterminée d’une manière aléatoire.
Cette méthodologie a un double avantage : tout en facilitant le déroulement de l’opération, elle ne sacrifie pas à l’efficacité et à la pertinence des résultats obtenus qui serviront para la suite comme base de sondage à la réalisation des enquêtes nationales auprès des ménages.
Quant à la population concernée par le recensement, elle englobe toutes les personnes résidentes dans le Royaume quelle que soit leur nationalité et leur situation de séjour, y compris les nomades et les sans-abris, les personnes vivant collectivement pour des raisons de travail ou autres (casernes militaires, établissements pénitentiaires, maisons de bienfaisance, hôpitaux, chantiers, etc.). Sont exclus du recensement les Marocains du monde, les étrangers de passage non-résidents au Maroc et les membres du corps diplomatique.
Cependant, il y a lieu de souligner un certain nombre de difficultés relatives au recensement des nomades et des personnes sans abri, des migrants et des réfugiés. Pour la première catégorie, le HCP dispose d’une cartographie qui permet d’identifier les communes concernées par la population nomade et les sites potentiels de leur localisation possible durant la période du recensement, en coordination avec les autorités locales. Pour les sans-abris, en revanche, la question demeure posée. Pour les migrants et réfugiés, on a formé spécialement des personnes appartenant à cette catégorie en vue de participer au recensement.
L’opération s’est fixée des objectifs clairs qui consistent à : déterminer la population légale au niveau de toutes les unités administratives du Royaume ; recueillir les caractéristiques démographiques et socio-économiques de la population ainsi que les conditions d’habitat des ménages ; déterminer le parc de logement et ses caractéristiques ; établir une base de sondage nécessaire à la réalisation des enquêtes nationales auprès des ménages.
L’intérêt des informations collectées se manifeste à plusieurs niveaux :
– Contribution à l’évaluation et au suivi des politiques publiques et à la prévision des besoins futurs de la population dans plusieurs domaines tels que l’éducation, la santé, l’emploi, la migration, le logement, l’environnement, et ce à l’échelle nationale et locale. L’information recueillie est susceptible d’aider les pouvoirs publics à planifier les infrastructures publiques comme les écoles, les hôpitaux, les routes et les services sociaux.
-Répartition des ressources : le recensement aide, en principe, à une distribution équitable des ressources et des financements publics en fonction de la population de chaque région ou commune.
-Recherche et analyse statistique : Les chercheurs et les économistes utilisent les données du recensement pour analyser des phénomènes sociaux, économiques et démographiques, ce qui peut contribuer à une meilleure connaissance des structures socioéconomiques du pays.
-Disposition d’un « échantillon maitre, en vue de réaliser, de manière scientifique, toutes les enquêtes auprès des ménages, qu’elles soient menées par des institutions publiques ou privées. En fournissant le nombre d’habitants dans toutes leurs catégories, le recensement permet également le calcul des indicateurs sociaux, démographiques, économiques et environnementaux. Par ailleurs, il fournit les données nécessaires à la réalisation des projections démographiques. » (HCP)
-Suivi des changements démographiques : le recensement permet de suivre l’évolution de la population au fil du temps, comme les taux de natalité, de mortalité, de migration, et d’autres indicateurs importants.
-Planification électorale : les données sur la population sont utilisées pour redessiner les circonscriptions électorales et assurer une représentation équitable au sein des institutions démocratiques.
En définitive, le recensement est un outil précieux pour le développement économique et social, permettant aux gouvernements et aux autres acteurs de mieux répondre aux besoins de la population.
C’est pour contribuer à la réussite de ce chantier national, que tous les citoyens sont appelés à y participer en répondant avec sincérité au questionnaire. Aucune crainte à nourrir sur la transparence de l’opération et le respect de la « confidentialité ». Le HCP, est tenu, de par la loi, à protéger les informations individuelles de tout un chacun. Ainsi, la loi n° 001.71 du 16 juin 1971 relative au recensement de la population et de l’habitat au Royaume du Maroc stipule que :
«Les renseignements individuels figurant sur les questionnaires du Recensement et ayant trait à la vie personnelle et familiale, et d’une manière générale aux faits et aux comportements d’ordre privé, ne pourront faire l’objet d’aucune communication de la part des services qui en seront les dépositaires.
Ces renseignements ne pourront de plus, en aucun cas, être utilisés à des fins de poursuites judiciaires, de contrôle fiscal ou de répression économique »
En tout état de cause, cette opération nationale est marquée comme c’est le cas des grands événements nationaux par l’implication personnelle de la Plus Haute Autorité du pays. SM le Roi dans une lettre adressée au Chef du Gouvernement le 20 juin 2024 écrivait : Le RGPH est « … Une opération qui, par la multitude et l’importance des données et des indicateurs qu’elle génère, constitue une aide précieuse à la concrétisation de notre projet de société et au bon déploiement de notre modèle de développement, bâtis sur les principes de démocratie politique, d’efficacité économique, de développement humain et de cohésion sociale et territoriale… ». Et SM de s’adresser directement aux citoyens « …Pour la pleine réussite de l’opération de recensement général, Nous exhortons Nos fidèles citoyens, à faire preuve, comme à l’accoutumée, d’une totale coopération et d’une participation active à cet exercice d’intérêt général en fournissant des informations fiables et précises ».
De son côté, Le Haut Commissaire au Plan, lors d’un point de presse organisé le jeudi dernier, a tenu à donner toutes les explications possibles aux questions et interrogations des journalistes dont certaines continuent de circuler sur les réseaux sociaux. De même, sur le site du HCP, on trouve toutes les informations utiles sur le sujet.
En dépit de toutes ces garanties, on trouvera toujours des individus professionnels de la pêche en eaux troubles qui n’ont d’autre souci que de semer la zizanie en se focalisant sur des questions marginales tout en occultant l’essentiel. Ce qui n’arrêtera pas, dans tous les cas, le train d’avancer.