Saoudi El Amalki
Notre pays a pu s’adjuger une place au soleil, selon une source de renommée, spécialisée en sondage sectoriel. En fait, cette consécration concerne les Nations qui ont performé dans les grands travaux, en matière d’infrastructures de haute facture. Il est bien vrai que la nôtre s’est hissée, durant ces deux dernières décennies par l’édification des projets structurants de grande envergure, en termes de réseaux routier et autoroutier, de ports, d’aéroports, d’énergies renouvelables, de ponts… Sur ce plan, il n’y a rien à dire, le Maroc s’est érigé en leader de premier ordre et se procure un rang honorable, parmi les plus huppés dans ce sens…
Cependant, d’après la même source, il est classé 163ème en développement humain. Il n’y a que quatre ou cinq pays du globe qui ferment la marche derrière. Cela veut dire, en naïveté et sans verser dans les analyses scientifiques pour le prouver, que notre pays a bel et bien caracolé dans l’édifice du Béton et craqué dans celui de l’Homme. Une dichotomie qu’on ne saurait tenter d’éluder, mais ne cesse de tirer le pays vers le bas, en dépit de l’effort titanesque qu’il déploie à grande échelle. Certes, la politique des grands chantiers permet de fortifier les piédestaux de l’essor économique pour vivifier la production et créer plus de postes d’emploi. Une approche abandonnée, juste après l’indépendance, malgré les appels insistants des forces vives…
Or, il s’est avéré, au fil du temps, que cette prouesse infrastructurelle s’est, hélas, faite au détriment de l’élément humain qui, en principe, devra tirer profit de toutes ses retombées. Bien au contraire, elle n’a profité qu’aux barons de la fortune souvent illicite et aux chasseurs de la rente. En plus de cet échec cuisant au niveau de l’équilibre à pourvoir au niveau de la dualité des grands travaux et du développement humain, notre pays n’a guère réussi non plus dans deux paradigmes fondamentaux en vue de prétendre assurer cet équilibre égaré…
Tout d’abord, on évoquera la faillite politique qu’il essuie, depuis qu’on s’ingénie à s’ingérer dans la cuisine interne des partis, agresser leur autonomie et partant, défigurer la vie partisane. Cette situation hybride a, ipso facto, généré la non confiance des citoyens, la désaffection par rapport aux élections et surtout le retardement du processus démocratique. Ensuite, on soulèvera, non sans émoi, l’affaissement des valeurs dans la société, à cause de la déroute de notre système éducatif, la dérive de l’administration et de la justice, la carence de l’offre sanitaire pour combler les besoins en soins, la panne de la petite et moyenne entreprise…
Faute de ces banqueroutes qui sévissent de plus en plus, les conduites de la triche, de l’incivisme, du négativisme, du nihilisme, du désespoir, infestent les rapports entre individus et handicapent l’émancipation des générations futures. Après avoir mis le paquet sur les grands travaux qui suscitent, l’admiration des organismes étrangers, notre pays a tout intérêt à s’attaquer résolument à ses lacunes sociales et redonner à ses valeurs d’antan, tout l’éclat, en annihilant les disparités et assurant la répartition équitable de ses richesses…