Les femmes parlementaires arabes revendiquent la parité

«Garantir l’égalité des sexes dans la région arabe et réduire les écarts à l’horizon 2030». Tel est l’objectif des membres du réseau des parlementaires arabes pour l’égalité, «Raedat», qui se sont réunis à Rabat les 9 et 10 février pour faire pression sur les pouvoirs publics afin de les inciter à adopter des stratégies destinées à améliorer l’accès des femmes aux postes décisionnels, notamment dans le domaine politique.

Car en dépit des avancées réalisées, la participation des femmes dans la sphère politique demeure faible. En 2015, la moyenne des femmes dans les parlements des différents pays arabes ne dépassait pas 19%, comme l’a indiqué Mohamed Naciri, directeur régional pour les Etats arabes d’ONU Femmes lors de l’ouverture de ce forum. Rupert Joy, ambassadeur de l’Union européenne au Maroc, relativise en affirmant que même des pays européens ne dérogent pas à ce constat.

Au Maroc, plusieurs mécanismes ont été mis en place pour améliorer la représentation des femmes au sein du parlement.

La ministre de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, Bassima Hakkaoui, a rappelé notamment la mise en place en 2011 de la liste nationale qui réserve aux femmes 60 sièges sur un total de 395, alors qu’elle leur avait consacré à peine 30 sièges en 2007. Néanmoins, ces initiatives visant à améliorer la représentativité des femmes au sein du parlement se heurtent à des obstacles. Preuve en l’absentéisme de nombreux parlementaires lors du vote en juin 2015 de la loi organique 34.15 qui modifie la loi relative à l’élection des membres des conseils des collectivités territoriales. En effet, 149 députés avaient approuvé ce texte contre 79 qui se sont abstenus de voter. Pourtant, «la faible représentativité des femmes dans les différents domaines impacte le développement et la démocratie des pays», a déploré Rupert Joy. En effet, les études réalisées dans ce sens ont montré que l’intégration des femmes aux processus de prise de décision a un effet nettement positif sur les domaines de l’éducation, des infrastructures et de la santé. En Inde, les recherches ont prouvé que la qualité des projets d’infrastructure menés par des conseils publics dirigés par des femmes dépassait de 62 % celle des projets conduits par les structures dirigées par des hommes. Dans des pays comme la Croatie, le Maroc, le Rwanda et l’Afrique du Sud, la hausse du nombre de femmes parlementaires s’est traduite par une vague de réformes législatives importantes liées notamment à la lutte contre la discrimination et la violence domestique, au renforcement de code de la famille, aux droits de succession et au soutien et à la protection de l’enfance. Mieux encore, l’analyse des accords de paix récemment conclus montre que la participation des femmes locales dans les pourparlers de paix a augmenté d’environ 24 % la probabilité de mettre fin à la violence en moins d’un an.

H.B.

Top