Manouvres militaires communes entre Washington, Séoul et Tokyo

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Au moment où le monde entier s’interroge sur l’éventualité du déploiement de quelques milliers de soldats nord-coréens en Russie afin de soutenir les efforts de guerre de Moscou en Ukraine, Pyongyang, qui affirme qu’elle « ne changera jamais sa ligne de conduite consistant à renforcer ses forces nucléaires », a, pour la première fois cette année, procédé au lancement, ce jeudi, à la « grande satisfaction » du leader nord-coréen Kim Jong-un, de son dernier missile balistique intercontinental, ICBM, Hwasong-19, que l’agence de presse nord-coréenne KCNA  s’est empressée de présenter comme étant le « missile stratégique le plus puissant au monde ».

Ce nouveau fleuron de la flotte de missiles nord-coréens qui a, en effet, volé beaucoup plus haut et beaucoup plus loin que ses prédécesseurs, comme l’ont reconnu les forces armées de Séoul et de Tokyo, qui l’ont suivi en temps réel, serait, par conséquent, capable d’atteindre des cibles aux Etats-Unis.

Les tensions étant graduellement montées dans la région, ces deux dernières années, du fait notamment de l’accélération des programmes nucléaires et balistiques de la Corée du Nord, les chefs des diplomaties américaine, japonaise et sud-coréenne qui ont condamné le lancement, par Pyongyang, du dernier-né de ses missiles balistiques intercontinentaux, qui, cette fois-ci, a fini sa course en mer au large du Japon, ont exhorté Pyongyang à cesser ses activités déstabilisatrices et à renouer le dialogue avec ses voisins car c’est la seule voie qui mènerait vers une paix durable dans la région.

Mais en étant soucieuses, toutefois, de contrer les menaces militaires que fait peser la Corée du Nord sur la région et sur le monde, les forces armées des Etats-Unis, du Japon et de la Corée du Sud, ont commencé, ce dimanche, des exercices conjoints, avec, pour la quatrième fois cette année, le déploiement, au-dessus de la péninsule coréenne, du bombardier stratégique américain B-1B.

D’après le communiqué de l’Etat-Major interarmées de la Corée du Sud, ces manœuvres tripartites qui visent à contenir les menaces nucléaires croissantes de la Corée du Nord et qui sont les sixièmes exercices du genre entre les trois Nations, depuis 2016, se sont déroulées au-dessus des eaux situées à l’est de l’île méridionale sud-coréenne de Jeju où se chevauchent les zones d’identification de défense aérienne du Japon, qui a utilisé ses avions de chasse F-2, et de la Corée du Sud qui s’est appuyée, de son côté, sur ses chasseurs F-15K et KF-16, pour escorter le bombardier stratégique américain B-1B capable, selon l’agence de presse sud-coréenne YONHAP, de larguer de nombreuses bombes. 

Cette démonstration de force, qui entre dans le cadre de la « coopération sécuritaire croissante entre les trois pays », va leur permettre de renforcer leur « coordination pour dissuader et répondre conjointement aux menaces nord-coréennes » mais, aussi, comme l’a signalé un responsable du ministère japonais de la Défense ayant requis l’anonymat, de « s’entraîner au suivi d’un objet et au partage d’informations », et même de confirmer non seulement leur grande aptitude à « frapper rapidement » et avec une grande « précision » leurs cibles mais, également, leur « engagement » en faveur d’une « dissuasion élargie intégrée ». Les manœuvres militaires lancées par Washington, Séoul et Tokyo vont-elles parvenir à dissuader le trublion Kim Jong-un et à le pousser à faire profil bas ? Pas certain mais attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Top