Festival International Cinéma et Migration d’Agadir
Saoudi El Amalki
Il y a donc vingt ans, naissait un Festival qui se revendique une thématique propre même au lieu de naissance, parmi d’autres régions du royaume. Durant deux décennies de suite, ce Festival prend forme et s’érige en activité du septième art incontournable. Cette année encore, il souffle sa vingtième chandelle, en apothéose, puisqu’il s’est entouré du monde de cinéphiles de l’univers du cinéma dédié à la cause migratoire. Le Festival International du Cinéma et Migration d’Agadir (FICMA) est alors de retour, avec une séance d’ouverture pédantesque à la Médina d’Agadir. Tout auréolé de s’être enfin adjugée le statut d’utilité publique, cette association Initiative, organisatrice du rendez-vous traditionnel du septième art, a préparé pour la circonstance, une constellation de films dont cinq en avant première, une panoplie de rencontre-débats, une gerbe d’hommages en considération des sommités marquantes du grand écran… Cet événement thématique auquel prendra part une pléiade aussi une pléiade de mordus de l’art cinématographique, de critiques d’art et de convives dr tous bords, fera vibrer la salle du Sahara, magistralement réaménagé pour la ville, au bonheur des festivaliers et le grand public qui viendra admirer ce programme de rêve minutieusement pour ses convenances, En fait, le Festival d’Agadir se hisse parmi les trois festivals de renommé mondiale où tout au moins africaine. Celui de Marrakech dont il n’a pas cessé de jouir de tous les égards en termes de moyens, se caracole au zénith du pays à ce propos. Puis, s’adjoint sans doute, celui de Khouribga qui se consacre au cinéma africain depuis sa création en 1977 et occupe non sans panache la 8e place au palmarès de l’Afrique, derrière son homologue de la cité ocre qui s’octroie le 6e rang africain. Enfin, le Festival d’Agadir, fidèle à sa mathématique à grand impact migratoire, trône parmi les plus performants dans les annales du cinéma à thèmes, un peu partout dans le monde, tout spécialement des pays d’accueil de diaspora. Depuis 2003, date de création de cet édifice du cinéma dans la capitale du Souss, il n’a pas eu de cesse de fasciner par son originalité, sa résilience et son affluence, sauf que certains décideurs du pays continuent à dédaigner ce somptueux répertoire aussi bien à l’échelon national où il compte de fervents adeptes qui prennent d’assaut ses saisissantes éditions qu’africain où des festivals entretiennent des rapports d’échange et de coopération. Son parcours marqué de contrainte et de pénurie en matière de logistique et de fonds, est âpre et laborieux pour une poignée de militants qui s’y mettent corps et âme pour assurer sa pérennité et sa notoriété, à travers les ans de son existence, il y a deux décades sans répit.
Un grand bravo pour les initiateurs de cette tradition de cinéma thématique de qualité si attractive et resplendissante !
Impressions et réflexions sur le Festival :
Driss Moubarik : président de l’association Initiative
« Comme à son accoutumée, notre festival s’est cumulé une expérience de plus en plus avérée quantitativement et qualitativement, ce qui nous pousse à redoubler d’effort pour être constamment au diapason des attentes des festivaliers et des grandes masses qui se rendent aux spectacles et menus que nous leur proposons vague année. Cette année, tel que d’habitude, nous leur programmons une série de courts et longs métrages à thèmes de migration sous leur diverses formes, une panorama d’ultimes productions nationales, des rencontres avec les académiciens et les chercheurs et critiques d’art, ainsi que des ateliers et des hommages en reconnaissance d’une pléiade d’expressions nationales aux différents affluents culturels… »
Aziz El Omari : directeur du Festival
« En dépit de toutes les embûches que nous avons rencontrées pendant les préparatifs du Festival, nous avons pu les surmonter grâce à l’apport de nombre de partenaires et amis du festival, tout spécialement l’Autorité locale, à sa tête le Wali, la région, ville et bien d’autres sponsors. Le Festival d’Agadir s’est frayé tout ce chemin, en vue de constituer ensemble un vrai public de cinéma, en passe de connaître les vicissitudes du phénomène migratoire, à travers les projections que lui dédions et les débats et discussions qui accompagnent ces films, leurs réalisateurs et producteurs. Cette année encore, on a fait appel à un contingent de cinéastes qui animeront toute la période du festival ».
Yasmine Bouchfar : directrice de programmation
« En tant que directrice de la programmation, des relations publiques et de la communication au Festival International Cinéma et Migration d’Agadir, j’ai l’honneur de participer à une édition particulièrement spéciale, avec des films qui apportent une perspective nouvelle et inédite au Maroc. Cette année, le festival présente en avant-première africaine des œuvres puissantes et en tout premier au Maroc après leurs premières mondiales. Parmi elles : L’histoire de Souleymane de Boris Lojkine (France), une œuvre récemment sortie en salle juste le 9 octobre 2024 après son obtention du prix de jury et prix meilleur acteur à un certain regard au Festival de Cannes. Il y a aussi Bird of Heaven de Mourad Bencheikh (Tunisie), Xoftex de Noaz Deshe (Allemagne, France), qui viennent juste de sortir mais pas encore en salle, Ghost Trail de Jonathan Millet (France, Syrie), projetée en première mondiale au prestigieux Festival de Cannes. Ces films explorent avec profondeur et humanité les thèmes de la migration, des espoirs et des défis des individus en quête d’une vie meilleure. Le festival se distingue en proposant ces récits encore jamais vus en Afrique, mettant en lumière des histoires captivantes, sincères et parfois méconnues. Ces œuvres marquent un moment fort pour Agadir, qui devient un lieu de premier plan pour la découverte cinématographique et le dialogue inter culturel. En réunissant des artistes et des spectateurs autour de ces récits, le festival joue un rôle crucial dans la sensibilisation et la valorisation des réalités migratoires, tout en renforçant le lien entre les cultures. »
Zahra El Manchoudi : vice-président de la ville, chargée des affaires culturelles
« C’est l’un des meilleurs Festivals du pays en tout cas, le plus grand Festival thématique de la capitale du Souss. Il draine chaque année, un immense public et donne sans doute, à la ville un rayonnement des plus prestigieux, de par son authenticité, son audience et surtout son impact sur l’ensemble de la région voire le pays. C’est année encore et dans le sillage de sa continuité, il s’ouvre sur les quartiers de la ville, notamment la localité de Bensergao, pour entamer une démarche de proximité et de ce fait, approcher l’art de l’image aux plus éloignés des patelins de la ville et non pas en particulier le centre-ville. C’est là une bonne chose pour les citoyens et c’est tout au grand mérite de l’association Initiative qui met les mains et les pieds pour que cette tradition tant appréciée se perpétue dans la durée. On ne peut alors que saluer vivement cet effort et la persévérance dont fait elle fait preuve, en appelant les secteurs et les partenaires de soutenir cette activité culturelle d’envergure qui cherche à animer tous les coins de la ville et non pas uniquement le centre. C’est une action empreinte d’audace et d’abnégation qu’il va falloir appuyer »
Adil Fadili : réalisateur, scénariste et producteur marocain
Président du jury court métrage
« j’entends beaucoup parler du festival de la ville d’Agadir et j’aurai le plaisir et l’honneur de présider le jury des films court métrage. A coup sûr, la thématique qui s’articule du flux migratoire, donne à cette activité toute cette distinction auprès du public. Une occasion de voir s’exhiber les talents et d’admirer jeunes et chevronnés cinéastes sur le grand écran en toute fierté. En fait, je suis très curieux d’être parmi témoin des prestations et de participer aux débats qui s’enclenchent pendant cette période que nous partagerons avec tous les festivaliers de tous les horizons »
Moumen Smihi : réalisateur de cinéma Président du jury des films long métrage
Quelles sont vos impressions sur le festival cinéma et migrations d’Agadir ?
C’est un festival qui a une renommée internationale maintenant, pas seulement du fait de sa durée, mais surtout parce que ayant creusé un créneau thématique, celui de la migration, qui au fil de ces dernières années est devenu un problème majeur de l’humanité d’aujourd’hui. Son traitement par le cinéma est fondamental parce qu’il y a des images et des sons de ce réel qui invitent à la responsabilité de tous.
Depuis sa création, le festival a gardé sa traditionnelle thématique, qu’en pensez-vous ?
Cela même est sa force. Tous les festivals du monde maintenant présentent à chacune de leur session un ou deux films sur ce thème. Agadir en a fait sa matière première, c’est une approche de recherche scientifique en même temps qu’esthétique.
En quoi le cinéma à thèmes contribue-t-il à l’épanouissement du cinéma en général ?
Il n’y a pas en réalité de cinéma sans thème, le divertissement pur est un thème, qui plus est riche en mythologies populaires, donc riche en thèmes. Mais si on veut centrer sur un « cinéma à thèmes » qui renverrait au cinéma d’art, au cinéma d’auteur, on peut affirmer alors que ce cinéma là, invitant à la réflexion, à la responsabilité, cherche à faire du cinéma l’un des grands arts, apportant au cinéma l’une des composantes des grands arts, qui est la pensée scientifique aux côtés du sentiment esthétique.