Le théâtre national est en deuil. Le réalisateur, artiste, homme de théâtre et militant, Yahya Boudlal a rendu l’âme jeudi 11 juillet à l’âge de 69 ans.
Une perte immense et une triste nouvelle pour le paysage artistique et théâtral national avec la perte de l’une de ses figures emblématiques. C’est dans la région de l’Oriental, que l’artiste avait aimé et vénéré durant son vivant, que l’étoile du défunt a brillé de mille feux. Toujours présent sur devant de la scène, jusqu’au dernier souffle, le réalisateur était l’un des fondeurs de la fameuse troupe du «théâtre ouvrier» à la ville Oujda.
La troupe a été connue comme une des grandes écoles du théâtre sur la scène nationale. Par ailleurs, cette aventure dans laquelle le défunt avait participé a franchi les frontières géographiques nationales pour embrasser d’autres cieux et rafler plusieurs prix notamment dans les pays arabes. En outre, aux côtés de son ami artiste et collègue, Mohamed Meskine, la troupe a connu son essor et son triomphe dans les années 70 du siècle dernier, et qui a donné naissance à d’autres troupes théâtrales meublant le champ artistique national.
Elles sont nombreuses les pièces de théâtre qui ont été réalisées par le regretté dont entre autres «le Royaume des poètes», «le festival des fous», «la patience d’Ayoub». À vrai dire, par le bais du théâtre et à travers les planches, Yahya Boudlal transmettait ses lettres de noblesses et sa vision du monde.
Ses travaux théâtraux sont connus par la profondeur philosophique et la sensibilité artistique s’adressant à l’âme et la raison humaine. L’homme avait cette finesse, ce don artistique de faire bouger toutes les sensations à la fois latentes et patentes. Artiste doué, le côté visuel, pour ne pas oublier, était présent dans ses pièces.
Car il avait cette sensibilité à l’image artistique et à la gestuelle poétique sur scène qui donne à voir des spectacles regorgeant de signes et de significations et porteurs d’un message théâtrale humain et universel. Avec son départ définitif, la scène artistique et culturelle perd un de ses piliers et de ses fils prodigues.
Mohamed Nait Youssef