Les délais de paiement posent toujours problématiques au Maroc. La dernière enquête de la COFACE le confirme. Les délais de paiement sont longs et dépassent 90 jours. Malgré une certaine amélioration dans certains secteurs d’activités notamment la construction, la distribution, de l’agroalimentaire et de l’Energie et aussi des entreprises publiques, la hausse des retards entre 90 et 120 jours s’élargie pour un bon nombre d’entreprises et muent vers des impayés. Les recours des entreprises varient leurs tailles.
La majorité d’entre elles optent pour la négociation à l’amiable. D’autres optent pour l’arrêt des livraisons et d’autres n’appliquent pas de pénalités en cas de retard. L’enquête rappelle toutefois que la loi 49-15 n’est encore pas appliquée depuis 2016. En attendant la médiation joue pleinement pour le moment.
C’est la quatrième édition de l’enquête de la COFACE Maroc qui interroge les entreprises sur leur expérience durant les six derniers mois et leurs anticipations sur les 6 prochains mois à venir. Le premier constat révélé est que les délais de paiement sont toujours longs. Particulièrement, le crédit interentreprises au Maroc est marqué par des délais de paiement ultra-longs ainsi 84% des entreprises indiquent des délais moyens dépassant les 60 jours et dépassent même les 90 jours pour plus de 60% de cet échantillon. La part des entreprises observant des délais de paiement de 60 à 90 jours a augmenté de 4,3 points de pourcentage et celle des entreprises observant des délais de paiement de 90 à 120 jours a augmenté de 5,8 points de pourcentage.
Néanmoins, en 2019, Près de la moitié des entreprises ont constaté des délais de paiement maximaux supérieurs à 180 jours. Pire encore, près de la moitié des entreprises fait face à des retards de plus de 3 mois depuis 2017. Ainsi, 49,4 % de l’échantillon indiquent avoir connu des retards de paiements moyens excédant trois mois (90 jours), 8% des entreprises, ces retards excèdent même six mois (180 jours) et les retards courts (inférieurs à 30 jours) ont augmenté de 2,5 points de pourcentage contre une hausse des retards entre 90 et 120 jours (+5,8 points de pourcentage).
Pour les retards qui devient des impayés, l’enquête de la coface annonce que le quart des entreprises déclare un niveau d’impayés supérieur à 20% de leur chiffre d’affaires, ce qui pourrait être expliqué par les longs retards de paiement. Les TPE & PME sont majoritaires à déclarer des impayés supérieurs à 20% du CA et la moitié des TPE fait face à des impayés représentant plus de 15% de leur CA. La majorité des Grandes Entreprises (34%) enregistrent des impayés de moins de 2% de leur chiffre d’affaire tandis que 14% d’entre elles ont des impayés de plus de 20% de leur CA.
Parmi les mesures engagées en cas de retard de paiement, on cite le recours à l’accord à l’amiable en cas de retard de paiement. Plus de 31% des fournisseurs estiment que l’arrêt des livraisons s’avère la mesure la plus efficace en cas de retard et plus de 80% des entreprises n’appliquent pas de pénalités en cas de retard. Autre moyen, il s’agit de la médiation via la plateforme de médiation entre entreprises privées, adhérentes ou non, en matière de délais de paiement (CGEM) et les comités régionaux des délais de paiement (ministère de l’intérieur).
Prudence et optimisme
Près de la moitié (49,1%) des entreprises anticipent que les délais de paiement resteront stables dans les six prochains mois, tandis qu’un tiers (33, %) prévoient qu’ils s’allongeront. Partant, 47% des entreprises augurent d’une conjoncture relativement stable. Seuls 13% des entreprises se montrent optimistes sur les perspectives économiques marocaines reflétant les 18% d’entreprises interrogées espérant une diminution des délais de paiement sur la période. 48 % d’entre eux estiment une détérioration pour le prochain semestre et 41% s’attendent à une stabilisation. Pour conclure, la coface indique que 80% des entreprises sont confrontées à des défauts de paiement et 40% des faillites d’entreprises sont liées à des impayés.
Fairouz EL Mouden