On ne peut que s’accorder à dire que l’industrie touristique au Maroc se trouve dans de mauvais draps. Bien naturellement, les décideurs du secteur continuent à chantonner «hors de l’essaim», par leur rassurance à la pacotille. Alors que la réalité de la chose touristique est bien là, criante à l’œil nu !
Les destinations les plus prisées du royaume, notamment, Agadir, Tanger, Fès…trouvent toutes les peines du monde à se ressaisir. Au demeurant, la vision 2020, fruit d’un entrain volontariste de toute une nation, est sérieusement hypothéquée par les aléas de la crise multiforme. C’est, en somme, la raison pour laquelle, les acteurs du domaine, aussi bien les institutionnels que les
professionnels, en parfaite synergie, sont amenés à disséquer, repenser et reproduire la refonte de cette assise économique nationale.
Il y a fort longtemps, on n’a pas cessé de jeter le pavé dans la marre d’un département, mis en otage des Tours Opérators étrangers (TO). Comme le malheur ne venait pas tout seul, on s’est acharné à imposer d’une manière irréfléchie la maudite formule connue sous le nom « All Inclusive », dans la plupart des structures hôtelières commercialisées. Dès lors, considérant l’espace touristique national comme des ghettos destinés à «la séquestration» des touristes, à longueur de journées, ces promoteurs des voyages intensifient leur emprise sur le produit marocain, limité aux plaisirs de la gastronomie et de la détente, vendu aux clients bien à l’avance.
Au fil du temps, les visiteurs, bracelets à la main, se sentent enclavés entre les sites de l’hôtel première et seconde zone : chambre, restaurant, piscine, bar, plage attenante (dans le cas de destination balnéaire), exactement comme si Agadir ou encore Marrakech
étaient en pleine Caraïbes.
Avec l’incorporation excessive du procédé «Tout Compris», seuls les complexes hôteliers pris en mains directement par les TO parviennent, tant bien que mal, à s’en sortir, alors que les autres «All Incluvistes» n’arrivent point à joindre les deux bouts. En outre, si l’hôtellerie en pâtit cruellement, il y a lieu d’en dire autant au niveau de la restauration raffinée, de l’excursionisme intérieur, de l’artisanat typique… qui s’en trouvent douloureusement affectés, du fait de l’enclavement volontaire des touristes au sein des hôtels/enclos.
Ces derniers sont également privés de prendre contact avec les cultures, le patrimoine et les traditions d’un pays, reconnu aussi par la splendeur de sa nature, la pureté et la clémence de son climat, la chaleur de l’hospitalité, l’originalité et le charme de son infrastructure…
Or, devant une dérive qui ronge l’un des piliers névralgiques de l’économie nationale, l’Etat a bel et bien le droit de regard sur les intérêts suprêmes de la nation afin d’intervenir et rectifier les tirs. Dans le cas d’espèce, il est mondialement connu que cette formule négative n’est valable que dans des régions isolées de la planète. Le Maroc n’en est nullement une ! Bien au contraire, notre pays, de par son élan développemental édifiant, son tempérament sociétal agissant et son registre de havre de tolérance, est un berceau tout indiqué à s’ouvrir constamment sur l’autre. Le Tout Compris, conçu justement pour des zones esseulées et enfermées, est incompatible avec une destination émergente telle que la nôtre.
Saoudi El Amalki