Depuis déjà quelques années, les grands travaux constituent le souci majeur du pays. Partout dans les diverses régions, on érige un site grandissime à même de générer des retombées notoires à plus de registre. Ce ne sont pas les exemples qui manquent dans ce sens, à mesure que les réalisations avancent à pas de géant.
Cependant, on citera, encore une fois non sans amertume, le fait que certains chantiers tardent à voir le jour, en dépit de leur insistance et de leur urgence, à plus d’un titre.
Cela devient une réalité lugubre, les routes marocaines sont devenues les plus meurtrières au monde. Malgré les efforts déployés pour contrecarrer le fléau, les accidents ne font que multiplier les carnages. Chaque année, l’hécatombe routière ensevelit plus de 4000 citoyens, à cause de l’excès de vitesse, de l’ébriété folle, de la vétusté du réseau routier…Ni la mise en vigueur de la stratégie inhérente à l’insécurité, ni l’entrée en lice du code de la route et du permis à point, n’ont pu juguler cette calamité.
Les statistiques catastrophiques parlent d’elles-mêmes : selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la mortalité due aux accidents est deux fois plus élevée que la totalité des morts au Maroc. La tragédie du col de Tichka, il y a quelques temps, ne fait confirmer l’insouciance dont font preuve certains décideurs à l’égard des régions frappées par la précarité et l’enclavement.
Depuis longtemps, on avait parlé d’un grand projet de tunnel dont le coût s’élèverait à plus de 10 milliards de dirhams. Cette réalisation dont les études seraient mises en œuvre, constituerait un vecteur d’envergure en termes de développement touristique et surtout de sécurité routière.
Toutefois, jusqu’à présent, l’accomplissement de ce rêve met beaucoup de temps, même si la nécessité s’intensifie d’un jour à l’autre. Non seulement l’attractivité en est affectée, en dépit de la somptuosité des sites naturels dont regorgent ces régions du sud-est marocain (palmeraie, kasbah, gorge, bivouac, dune…). Mais, pareillement les vies humaines qui succombent à des cadences vertigineuses. La construction de ce tunnel s’avère, en effet, une priorité incontestable. Certes, l’exécution de cette performance demande un budget colossal, en cette période de crise financière. D’autant plus que le pays s’est engagé dans d’autres grands travaux. Cependant, il ne fait pas de doute que les fonds ne feraient jamais défaut si la volonté réelle existait pour une telle entreprise. L’essor du Maroc « inutile » passerait indiscutablement par la mise en place de projets à même de permettre, tout d’abord, l’émergence d’un sentiment de justice et d’équité, chez les populations abandonnées, ensuite, l’éclosion des infrastructures de développement dans ces zones enclavées.
En fait, ces régions du sud-est du pays, à savoir Ouarzazate, Tinghir, Zagora, Errachidia, renferment des potentialités énormes qu’il faudrait valoriser. La liaison de ces régions émergentes par un éventail routier sécurisant, avec notamment l’incorporation du tunnel sur le col de Tichka, serait un déclic des plus réconfortants.
Saoudi El Amalki