Avec le single «Lazem Alina Nsebro»
Sorti le 14 février 2020, le single du chanteur marocain Zouhair Bahaoui, intitulé «Lazem Alina Nsebro» a déjà dépassé la barre des 20.000.000 de vues sur Youtube, occupant directement la 12e position du Top 20 mondial de la plateforme de vidéos américaine.
Ce succès est dû non seulement au talent du natif de la ville de Tétouan, mais aussi à la réalisation du clip engagé. Le nouveau récital offert par Amir Rouani nous plonge au sein d’une histoire émouvante.
Il retrace la thématique de la mortalité maternelle à l’accouchement, qui selon les statistiques de l’organisation internationale de la santé, ne touche pas moins de 830 femmes qui meurent chaque jour dans le monde du fait de complications liées à la grossesse.
Le clip «Lazem Alina Nsebro», tourné à Casablanca, met en avant une réalité difficile et éprouvante. Au lieu des vidéos bling bling d’usage, le jeune réalisateur marocain a encore une fois choisi un sujet délicat mais réel. Il fait partie du quotidien et concerne une souffrance qui ne s’écoute pas assez.
Contacté par Al Bayane, Amir Rouani nous a expliqué la genèse de l’idée et la raison pour laquelle contrairement aux autres réalisateurs, il choisit toujours de mettre en avant une histoire unique en s’attaquant à un terrain encore inhabité.
Pour commencer, comment cette collaboration a vu le jour entre vous et Zouhair Bahaoui et d’où vient l’idée du clip “Lazem Alina Nsebro” ?
La collaboration avec Zouhair s’est passée d’une façon très fluide. On a déjà eu l’occasion de travailler ensemble auparavant et on a gardé contact depuis. On s’appelle assez souvent et il y a de cela quelques mois Bahaoui m’avait appelé concernant une nouvelle chanson à lui qu’il venait de finaliser. On a pris rendez-vous et quand j’ai écouté lazem 3lina nsabro pour la première fois j’ai eu les larmes aux yeux tellement ses paroles m’ont profondément touché. Après j’avais besoin d’un peu de temps pour trouver la bonne idée vu que je voulais sortir un peu de ma zone de confort et raconter une histoire qui va avec le sens de ses mots.
Deux semaines plus tard, j’ai contacté Zouhair pour lui dire que le scénario était prêt. C’était très facile de travailler avec lui car on se fait confiance.
Pourquoi avoir choisi de s’attaquer à une histoire aussi triste et un sujet aussi délicat, quand on sait que la majorité des clips pour les chanteurs de la Pop se veulent plus «joyeux»?
Je suis obsédé de nouveauté. Après le succès de mes clips avec Saad Lamjarred ou encore Asmaa Lamnawar, beaucoup de réalisateurs ont commencé à faire la même chose et à un certain moment il fallait passer à autre chose car l’art n’a pas qu’un seul visage, il peut prendre plusieurs formes et c’est une des raisons pour laquelle on a choisi de présenter une histoire avec un clip cinématique avec de la narration.
D’un autre côté, je trouve qu’on ne parle pas assez de la mortalité maternelle à l’accouchement chez la femme marocaine, un sujet qui représente un challenge pour n’importe quel réalisateur. Il est vrai que la chanson marocaine a toujours été présentée d’une façon joyeuse, mais mon objectif est de relever des défis difficiles et surtout de sensibiliser les Marocains en leur offrant un contenu réel qui fait partie de leurs quotidiens.
Vous avez récemment perdu votre père dont vous étiez très proche. Cette tragique disparition a-t-elle en quelque sorte impactée votre approche créative?
J’ai perdu mon père une semaine avant le début du tournage. J’ai du tout arrêté pendant un moment car c’était un nouveau sentiment pour moi. Pour la première fois dans ma vie je ressens ce que sait que de perdre quelqu’un de très proche. Les moments passés en famille m’ont beaucoup inspiré et j’ai décidé deux semaines après de commencer le tournage du clip.
Oussama Zidouhia